vendredi 29 avril 2011

PLOUTOS OU LE MAL IVOIRIEN

PLOUTOS OU LE MAL IVOIRIEN

1) DE CARYBDE A SCYLLA

Nguesse Joachim BANGASSARO COULIBALY dans son ouvrage Le mal ivoirien Cas symptomatique du mal africain (Paris, L’harmattan 2009) s’est intéressé aux racines du mal. Il pense que les racines du mal ivoirien concernent d’abord les traditions ataviques et les croyances magico-religieuses, tabous, totems, régimes fonciers…Il pense ensuite que les racines du mal sont d’ordre psychologique, d’ordre mental(l’auteur parle de la mentalité et de l’état d’esprit des individus sur le processus de développement. Enfin les racines du mal sont d’ordre historique. Ici, il cite l’esclavage, les méfaits de la colonisation, les séquelles du parti unique. Il ajoute aussi les racines socio-économique nationales et internationales. Le pays, dit-il a payé un lourd tribut de l’extraversion de son économie, de l’exiguïté de son marché et des aléas du commerce mondial. (p.25)

En remettant le modèle ivoirien en questions, à partir de ses crises, de ses ajustements, et de ses recompositions, le Prof. Memel Fôté, nous fait réfléchir sur l’instabilité que notre pays vient de connaître avec le coup d’Etat de Monsieur Alassane Dramane Ouattara le 11 Avril 2001. Paar opposition à la stabilité, l’instabilité peut et doit être entendue en plusieurs sens. Quand elle atteint un ou quelques éléments de la structure, c’est un changement partiel ou superficiel qui se produit. L’instabilité touche-t-elle au contraire l’ensemble de la structure, le changement devient global. Lorsqu’elle concerne à la fois la structure et le sol sur lequel celle-ci repose, le changement est radical.(Harris Memel-Fôté, « de la stabilité au changement. Les représentations de la crise politique et la réalité des changements in Le modèle ivoirien en questions. Crises, ajustements, recompositions Karthala- Orstom1997), p.610). La crise politique actuelle, c’est un président, démocratiquement élu et qui a été proclamé tel par le Conseil constitutionnel d’un pays souverain, le PROF ; Yao N’dré, Son Excellence, Monsieur Lauren Koudou Gbagbo, par 51% des suffrages exprimés), qui est renversé, après 11 ans de guerre par son éternel rival, Monsieur Allassane Dramane Ouattara. (49%). Ce conflit militaro-politique s’est achevé le 11 Avril dernier grâce à la félonie de la France et d’une coalition mondiale avec les Etats-Unis en tête. Les Institutions de la République ont été foulées au pied. Notre souveraineté nationale et internationale a été violée. Les symboles de la nation (Président de la République, son épouse, certains de ses ministres, des proches collaborateurs,…) pour parler de personnes…des biens de l’Etat(la Maison de la Télévision, la Radio), l’Université d’Abobo-Adjamé ont été profanés. Tout a basculé dans un chaos sans nom, une barbarie indescriptible. Cette instabilité se ressent encore dans nos rues, où des personnes en arme, sans culture démocratique, sans culture tout court des analphabètes de surcroit qui ne connaissent que le langage du fusil occupent les rues, opèrent des contrôles de polices, ne peuvent même pas régler la circulation des véhicules…et passent leur temps à requêter les ivoiriens. Ces fripouilles d’un autre siècle, habillés de façon hybride, moitié dozos, moitié treillis, sont des véritables parias, qui sont venus ajouter à notre misère. Et c’est cela les forces républicaines d’ADO. Dire qu’on va payer toutes ces personnes avec notre argent, ces personnes qui ont tué, égorgé, violé, et qu’à présent on nous demande de nourrir, parce qu’ils assurent notre sécurité, je veux rire. Gardiens de jour et voleurs de nuit, blanc bonnet, bonnet blanc, vous voulez que j’aille à la réconciliation avec ça. Depuis 1990, ils ont pris des voitures, des personnes, ils sont maintenant dans des maisons qu’ils n’ont pas construites, et maintenant ils veulent être fonctionnaires, à la place de ceux et celles qui ont fait des études pour cela, c’est vraiment tomber de Charybde et Scylla.

Des honnêtes citoyens ont perdu la vie, des biens (véhicules, argent…) et la liberté. Des hommes en arme ont surgi du Nord du pays, des mercenaires des guerres du Libéria et de la Sierra Leone, mais aussi d’autres Africains travaillant pour le compte des Nations-Unies ont gazé, violé, assassiné de pauvres ivoiriens dans leur sommeil, mais aussi en pleine journée. Le ciel ivoirien était pris en otage par la Licorne avec ses Pumas qui n’arrêtaient pas de bombarder, jour et nuit les positions de notre armée nationale, et de détruire tout l’arsenal militaire d’une Côte d’ivoire sous-développée, frappée depuis dix ans par un embargo injuste et injustifié. Au sol, les dozos et autres racailles prisonniers fraîchement sortis de toutes les prisons du pays, rebaptisés forces républicaines, peinaient à gagner la partie, tellement ils faisaient peine à voir. Ils étaient aidés par tous les Judas Iscariote de l’armée et de la scène politique, des civils qui hébergeaient des rebelles, corrompus par l’argent ; faciles gyrovagues, qui ne voient que leur intérêt et leur ventre. Mais quelle est la racine de tous ces maux ? Qu’est-ce que a amené les Ivoiriens à une telle dérive ?

2) LE PORC : LE NOUVEL EMBLEME DE LA COTE D’IVOIRE

Gilles Châtelet, dans son petit ouvrage Vivre et penser comme des porcs. De l’incitation à l’ennui dans les démocraties-marchés (Paris ,Gallimard 1998) nous en donne une réponse. La racine des problèmes des Ivoiriens est leur vie selon la chair. Faisons référence à St Paul dans sa Lettre aux Galates 5, 19-21 : « On sait bien tout ce que produit la chair : fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiments d’envie, orgies, ripailles et choses semblables – et je vous préviens, comme je l’ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là n’hériteront pas du Royaume de Dieu. » Le péché de tous les Ivoiriens c’est l’amour de l’argent. Pour de l’argent l’Ivoirien a nourri dans son cœur de très mauvais desseins, des meurtres, des adultères, de la débauche, a commis des vols, a détourné des deniers publics, a fait de fax témoignages, a diffamé son prochain. S’est laissé acheter sa conscience, s’est prostituée. De l’éléphant qui était le symbole des Ivoiriens - le Loxodonta africana, plus grand que l’éléphant d’Asie, il a la peau grise…ses défenses, incurvées vers le haut, dont très fortes (Robert Delort, les éléphants piliers du monde (Paris, Gallimard 1990), p. 22 – l’Ivoirien a choisi aujourd’hui le porc(ou cochon), cette bête singulière, au groin subtil, plus raffiné en matière de toucher et d’odorat. Dès que vous rencontrez un enfant ou une mère d’un certain âge au carrefour d’une route, le geste qu’il (elle) fait, c’est de porter sa main à sa bouche. Lui (elle) veut manger. Il s’agit de la goinfrerie sucrée et d’une tartufferie à l’ivoirienne (p. 13). Finalement, nous sommes tous devenus, les intellectuels et les religieux compris, des goujats.

Avec l’ère du Président Alassane Dramane Ouattara, nous sommes redevenus une colonie française. Alors que la France elle-même vole très bas. Elle n’est plus « orgueilleuse. Elle accepte enfin un destin adapté à ses moyens – celui de sous-préfecture démocratique du Nouvel Ordre mondial, qui sait s’agenouiller devant une opinion dont la fabrication lui échappe de plus en plus et abandonne cette idée jacobine que la démocratie ne vaut que par l’excellence des destins qu’elle vise idéalement pour tous, et ne saurait rester les yeux rivés à la moyenne des égoïsmes et des lâchetés de chacun. »(p. 20). En France, tout comme en Côte d’Ivoire, la peste nationale-raciste a refait surface (p. 21). Et les ivoiriens avec la Télévision de Côte d’Ivoire (T.C.I.) et la Nouvelle Radio du Rassemblement sont devenues un audimat servile et provincial, une populace compradore, un quarteron de titrologues (p. 21).

La Côte d’Ivoire est en train de plonger dans le néolibéralisme et dans cette voie elle va retrouver ses vieux démons, son cynisme mercantile permanent. Notre nouveau Président Alassane Dramane Ouattara sait lui-même échanger ce cynisme mercantile permanent contre des larmes de crocodile d’occasion.(p. 21). Il est la superstar qui sait que sourire, tousser ou claquer des doigts suffisent pour faire pleurnicher des millions d’Ivoiriens. Tel est Alasco ou Alla-i-so, l’Homo éco-communicans des démocraties-marchés (p. 22) Après ce bref coma que la Côte d’Ivoire vient de subir, après cette mort salutaire, il est temps que la Côte d’Ivoire ressuscite. Et cette résurrection réclame une philosophie de combat. Il est encore temps pour l’intelligentsia ivoirienne de se ressaisir, de délaisser les Trissotins et surtout de mettre un terme à la crétinisation soft à l’anglo-saxonne, sa rortyfication, de sursauter et de refuser un destin de bétail cognitif.(p. 22) A présent, je voudrais décrire l’ivoirien, selon les caractéristiques que nous donne Christian Laval dans son ouvrage intitulé L’homme économique. Essai sur les racines du néolibéralisme (Paris, Gallimard 2007).

Avec le Président Alassane Dramane Ouattara, la Côte d’Ivoire devient une superpuissance économique et le marché, le modèle unique des rapports humains. (p. 9). Ses discours de campagne ont révélé que l’aspiration au bien-être est la seule destinée humaine concevable. L’Ivoirien lui-même est présenté comme l’inlassable chercheur de son avantage personnel maximal dans toutes les circonstances de son existence et il n’y a pas de domaine de cette existence qui ne puisse être le terrain d’une visée maximisatrice d’une satisfaction individuelle. Avec ce brillant technocrate du F.M.I., le marché est devenu le grand signifiant absolu, source de tous les bienfaits et mode de résolution de tous les maux publics et privés (p. 10) Les Ivoiriens retrouvent leur régime normatif du moi intéressé comme fondement paradoxal de la société.

Dans ce système néolibéral, les propriétaires des richesses veulent être aussi les maîtres des raisons et des fins de vivre, rien là de bien nouveau, mais, les biens sont devenus les fins majeures des sujets humains et les uniques desseins du monde, en développant et les liens humains et les uniques desseins du monde, en développement et les liens humains eux-mêmes tendent à devenir des biens commerciaux. Le mal ivoirien, c’est ce bonheur humain maximal où, pour parler comme Gilles Châtelet, dans son ouvrage pré-cité, la Main invisible du marché qui ne prend pas de gants pour affamer et broyer sans bruit, invincible parce que faisant pression partant et nulle part, mais qui pourtant, comme Dieu a besoin des hommes, avait besoin d’une voix. Elle était toute désignée. La Contre-Réforme néolibérale, mercenaire, ceux d’une alchimie sociale capable de transformer en force politique ce qui finit toujours par exsuder des classes moyennes : crainte, envie et conformisme (pp. 31-32). Ainsi, l’homme est transformé en produit consommable. Voilà la traduction en termes d’aujourd’hui : « ressources humaines », « capital humain ».

Rappelons-nous qu’à l’âge d’or du P.D.C.I., sous la houlette du Premier Ministre d’alors Daniel Kablan Duncan, ce néolibéral, nous parlait d’une croissance à deux chiffres, alors que le panier de la ménagère se vidait de plus belle. Nous étions drogués dans cette fiction de la société comme machine à produire et comme marché. Nous pensions avec l’avènement du Président Gbagbo être libéré de cet intégrisme et de ces dogmes trsè solidement installés au cœur de notre système de représentation (Parle-t-on en Côte d’Ivoire de Gombo, de Fais, nous Fais, sois concret…) Cette fiction n’est pas un simple produit de l’imagination. Elle détermine nos manières d’agir. (Dans nos familles, par exemple, celui qui fixe la date des funérailles est celui qui a le plus d’argent.) Elle fait corps avec des normes et des lois et elle s’inscrit de plus en plus dans la réalité vécue. Finalement elle est le principe même des pouvoirs régulateurs qui s’exercent sur nos comportements. Pour parler comme Christian Laval, nous sommes pris dans la cage de fer de l’économie moderne (p. 14). Nous sommes enfermés mais nous nous pensons de plus en plus libres. Nous devenons, souvent à notre corps défendant, cet homme économique, cet homme qui vit selon la chair, ce proc qui est en pleine putréfaction ontologique. (Gilles Châtelet, o.c., p. 40). Nous sommes tous des ventriloques (p. 41). Notre société ne promet pas seulement la jouissance matérielle qui libère de la nécessité, elle promet aussi une certaine liberté individuelle.

Moisés Naïm, dans son livre noir de l’économie mondiale, contrebandiers, trafiquants et faussaires (Paris, Bernard Grasset 2007) quand il situe la responsabilité de l’Etat de Côte d’Ivoire au plan planétaire écrit ceci : «  La crise mondialisée est en train de transformer le système international, défaisant les règles amenant de nouveaux acteurs et reconfigurant les pouvoirs dans la politique et l’économie mondiales. » (p. 14) Nous sommes dans un monde globalisé où le profit peut être une motivation aussi puissante que Dieu (p. 15) des réseaux de trafiquants apatrides sont en train de changer le monde autant que les terroristes (p. 15) Le R.H.D.P. et ses leaders font partie de cette entité internationale, par essence apatride et pratiquement insaisissable (p. 17). L’argent sale est devenu une part fondamentale de l’économie mondiale. (p. 28). Et les réseaux de blanchiment d’argent se sont incrustés dans les structures du système financier. Ces bandits au col blanc ont mis sur pieds des sociétés-écran, des circuits vertigineux d’intermédiaires, en mélangeant des opérations légales et illégales.

La Côte d’Ivoire depuis 1990 est devenue un marché parfait pour les trafiquants d’armes et un centre de transbordement de tout ce que l’on veut. (p. 44). Dans ce pays, les rebelles du M.P.C.I. d’Allassane Ouattara se sont associés avec des trafiquants d’armes pour sortir de l’or contre la drogue, des armes et d’autres marchandises. (p. 45) Notre pays a sa spécialité. Les vrais-faux certificats d’usage final sont appréciés dans le commerce des armes de contrebande, par exemple. Des certificats d’usage final sont appréciés dans le commerce des armes de contrebande, par exemple. Des certificats qui garantissent, que la marchandise est destinée à un acheteur légitime sont faux parce que les armes vont ailleurs et vrais parce que le document et la signature sont authentiques, achetés contre une petite commission. La Côte d’Ivoire s’est fait une spécialité de ce genre de documents. (p. 45). Commet alors passer de cet état de nature à l’esprit ou pour parler comme jacques Bouveresse quelle est voix de l’âme et les chemins de l’esprit (Paris, Seuil 2001) ?

3) L’ACCUEIL DE L’ESPRIT

Nous empruntons au Père Pierre-Marie Soubeyrand, le titre de cette troisième partie : l’accueil de l’esprit (Béatitudes/ Lion de Juda 2004). Notre auteur nous invite à accueil l’Esprit en nous et en toutes choses, car l’Esprit nous bouscule et nous devons nous adapter à sa pastorale. (p. 5). Nous vivons, en effet une démocratisation de la sainteté (p. 6).

Une fois de plus, nous voulons faire appel à St Paul dans son épître aux Galates(5, 22). Dans le chapitre précédent, nous avons partie de l’argent et des œuvres de la chair. Ici, aux œuvres de la chair, nous voulons opposer, à la suite de St Paul, l’amour, l’unique fruit de l’Esprit. Et St Paul énumère les signes du règne de l’amour : la joie et la paix. Ensuite, les manifestations de cet amour sont la patience, la bonté et la bienveillance. Enfin les conditions de sa naissance et de son épanouissement sont la foi, la douceur et la maîtrise de soi. La foi est en effet, la racine de l’amour ; quant à la douceur, c’est l’attitude des humbles qui se laissent conduire par leur Père céleste : elle caractérise le Christ. Mais qu’est-ce que vivre selon l’Esprit. Qu’est-ce que l’Esprit ?

L’Esprit ne désigne rien de ce qui est réel, d’objectif, observable et vérifiable. Devenu introuvable, vague et désuet, l’Esprit est la convention obligée de la modernité et n’a pas d’être. Ce qui est, ce qui mesure l’Etre et révoque l’imaginaire subjectif, c’est la chose ou l’élément ou l’ensemble de la matière dont les sciences prouvent et éprouvent l’indubitable véritable. Mais pourquoi voulons-nous que l’homo ivoirianus vive aujourd’hui selon l’Esprit. C’est tout simplement parce que le capitalisme est en train de s’autodétruire (Paris, la Découverte 2005).

Selon Patrick Artus et Marie-Paul Virard, en Côte d’Ivoire, comme dans le reste du monde, le capitalisme est sans projet. Il ne fait rien d’utile avec ses milliards, n’investit guère et ne prépare pas assez l’avenir. L’argent coule à flots aujourd’hui dans l’économie mondiale, mais il n’est que trop rarement utilisé à bon escient, spécialement en Europe continentale, pour favoriser l’adaptation des économies, investir dans les ordinateurs, les usines, les infrastructures, la recherche et le développement, et aliment plutôt la voracité des investisseurs, dans une course aux rendements financiers à court terme. (p. 6). Cette évolution est totalement autodestructrice, affirment nos auteurs.

Pour que la Côte d’ivoire ressuscite, l’homo ivoirianus, doit être un ivoirien nouveau (Images communications éditions 2009). Pour Ahoua Don Melo, l’ivoirien nouveau est la somme de tous les changements proposés dans le programme de campagne du Président Laurent Koudou Gbagbo. (p. 22). Il est ensuite un citoyen africain qui considère l’Afrique comme son village continental et qui œuvre pour son intégration. (p. 68). Il est enfin une personne débarrassée du complexe d’infériorité dans tous les domaines. L’homo ivoirianus, c’est un appel à la réhabilitation par le travail, par le progrès, par le progrès du peuple noir. (p. 93)

Pour que la Côte d’ivoire ressusucite, Nguesse Joachim BANGASSARO COULIBALY dans son ouvrage Le mal ivoirien Cas symptomatique du mal africain (Paris, L’harmattan 2009) pense que l’homo ivoirianus doit, avant tout, jouir d’une excellente santé. Vivant dans un apys d’abondance et de prospérité, il ne connaît ni la faim, ni la malnutrition. Soucieux de son bien-être et de celui de sa famille, il vit dans une atmosphère dénuée de pollution et de déchets toxiques. Son habitat est propre et son environnement toujours bien entretenu. L’insalubrité et les nuisances ont pratiquement disparu de son biotope. Il n’est, ni un fumeur invétéré, ni un alcoolique, ni un accro. Il mène une hygiène de vie exemplaire qui lui épargne les mauvais stress et certains syndromes et maladies.

Dans son milieu social, il est hautement apprécié de tous, pour ses qualités humaines. Honnête et intègre, il ne cherche jamais à tricher. En fait depuis son jeune âge, il a toujours été assidu et sérieux au travail. Il a le goût du travail bien fait et même de l’excellence. Courageux, il ne rechigne jamais à la tâche et reste un modèle de probité pour sa fratrie, ses amis et ses collègues. Etant très communicatif, il est naturellement porté à entretenir de bonnes relations sociales. Eminemment serviable, il est toujours prêt à aider autrui. Poli et humble, il est très respectueux et témoigne d’une très grande considération pour les vieux et la hiérarchie.

Dans sa vie professionnelle, son comportement est, on ne peut plus correct. Incorruptible, il ne pratique ni favoritisme, ni népotisme. Traitant tout le monde sur le même pied d’égalité, il ne tolère ni tribalisme, ni exclusivisme. Il a un sens aigu du devoir et de l’intérêt public. Son dévouement à la cause de la patrie est édifiant. (p. 292).

Notre auteur vient de nous peindre ou de nous prescrire son ordonnance ascétique de l’homo ivoirianus. C’est la vie ordinaire de tout homme qu’il vient de peindre, mais avouons-le, ce n’est pas là le problème. Pour notre part, nous dirons qu’il manque quelque chose qui est comme un vecteur dans tout ce que nous faisons déjà. Cette chose, c’est l’Esprit. Au plan de la gestion des affaires personnelles, l’homo ivoirianus y met-il l’Esprit ? Comment faire abstraction de tout fatalisme paralysant et de toute superstition saugrenue, tout en nous efforçant de rationaliser toutes nos activités, sans y mettre l’Esprit. Qua vaut cette rentabilité économique et financière de tous ces projets sans l’Esprit ? Or, Dieu lui-même nous a mis en garde. L’enrichissement est considéré comme diabolique. L’idéal chrétien n’est pas l’homme riche et prospère, c’est le corps du supplicié, c’est le pauvre qui donne l’occasion de montrer une générosité agréable à Dieu. S’éloigner du monde, pratiquer un certain ascétisme, se refuser aux intérêts terrestres, voilà la conduite valorisée. L’évangile de Mathieu (6,24) avertissait que l’on ne pouvait servir deux maîtres, Dieu et Mammon, le vrai Dieu et le faux dieu de l’argent. Seule exception, le trésor de l’Eglise. José Guebo disait dans un recueil de poèmes que l’or n’a jamais été un métal (Abidjan, Vallesse éditions 2009). L’or est métal /Mais à la mesure de tes mains/Enfin/Ouvertes/ A ma flamme/ L’astre est sens/ Mais au rythme/ De tes yeux/ Enfin/ Eclos/ A mon signe. (p.35)

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