vendredi 29 avril 2011

PLOUTOS OU LE MAL IVOIRIEN

PLOUTOS OU LE MAL IVOIRIEN

1) DE CARYBDE A SCYLLA

Nguesse Joachim BANGASSARO COULIBALY dans son ouvrage Le mal ivoirien Cas symptomatique du mal africain (Paris, L’harmattan 2009) s’est intéressé aux racines du mal. Il pense que les racines du mal ivoirien concernent d’abord les traditions ataviques et les croyances magico-religieuses, tabous, totems, régimes fonciers…Il pense ensuite que les racines du mal sont d’ordre psychologique, d’ordre mental(l’auteur parle de la mentalité et de l’état d’esprit des individus sur le processus de développement. Enfin les racines du mal sont d’ordre historique. Ici, il cite l’esclavage, les méfaits de la colonisation, les séquelles du parti unique. Il ajoute aussi les racines socio-économique nationales et internationales. Le pays, dit-il a payé un lourd tribut de l’extraversion de son économie, de l’exiguïté de son marché et des aléas du commerce mondial. (p.25)

En remettant le modèle ivoirien en questions, à partir de ses crises, de ses ajustements, et de ses recompositions, le Prof. Memel Fôté, nous fait réfléchir sur l’instabilité que notre pays vient de connaître avec le coup d’Etat de Monsieur Alassane Dramane Ouattara le 11 Avril 2001. Paar opposition à la stabilité, l’instabilité peut et doit être entendue en plusieurs sens. Quand elle atteint un ou quelques éléments de la structure, c’est un changement partiel ou superficiel qui se produit. L’instabilité touche-t-elle au contraire l’ensemble de la structure, le changement devient global. Lorsqu’elle concerne à la fois la structure et le sol sur lequel celle-ci repose, le changement est radical.(Harris Memel-Fôté, « de la stabilité au changement. Les représentations de la crise politique et la réalité des changements in Le modèle ivoirien en questions. Crises, ajustements, recompositions Karthala- Orstom1997), p.610). La crise politique actuelle, c’est un président, démocratiquement élu et qui a été proclamé tel par le Conseil constitutionnel d’un pays souverain, le PROF ; Yao N’dré, Son Excellence, Monsieur Lauren Koudou Gbagbo, par 51% des suffrages exprimés), qui est renversé, après 11 ans de guerre par son éternel rival, Monsieur Allassane Dramane Ouattara. (49%). Ce conflit militaro-politique s’est achevé le 11 Avril dernier grâce à la félonie de la France et d’une coalition mondiale avec les Etats-Unis en tête. Les Institutions de la République ont été foulées au pied. Notre souveraineté nationale et internationale a été violée. Les symboles de la nation (Président de la République, son épouse, certains de ses ministres, des proches collaborateurs,…) pour parler de personnes…des biens de l’Etat(la Maison de la Télévision, la Radio), l’Université d’Abobo-Adjamé ont été profanés. Tout a basculé dans un chaos sans nom, une barbarie indescriptible. Cette instabilité se ressent encore dans nos rues, où des personnes en arme, sans culture démocratique, sans culture tout court des analphabètes de surcroit qui ne connaissent que le langage du fusil occupent les rues, opèrent des contrôles de polices, ne peuvent même pas régler la circulation des véhicules…et passent leur temps à requêter les ivoiriens. Ces fripouilles d’un autre siècle, habillés de façon hybride, moitié dozos, moitié treillis, sont des véritables parias, qui sont venus ajouter à notre misère. Et c’est cela les forces républicaines d’ADO. Dire qu’on va payer toutes ces personnes avec notre argent, ces personnes qui ont tué, égorgé, violé, et qu’à présent on nous demande de nourrir, parce qu’ils assurent notre sécurité, je veux rire. Gardiens de jour et voleurs de nuit, blanc bonnet, bonnet blanc, vous voulez que j’aille à la réconciliation avec ça. Depuis 1990, ils ont pris des voitures, des personnes, ils sont maintenant dans des maisons qu’ils n’ont pas construites, et maintenant ils veulent être fonctionnaires, à la place de ceux et celles qui ont fait des études pour cela, c’est vraiment tomber de Charybde et Scylla.

Des honnêtes citoyens ont perdu la vie, des biens (véhicules, argent…) et la liberté. Des hommes en arme ont surgi du Nord du pays, des mercenaires des guerres du Libéria et de la Sierra Leone, mais aussi d’autres Africains travaillant pour le compte des Nations-Unies ont gazé, violé, assassiné de pauvres ivoiriens dans leur sommeil, mais aussi en pleine journée. Le ciel ivoirien était pris en otage par la Licorne avec ses Pumas qui n’arrêtaient pas de bombarder, jour et nuit les positions de notre armée nationale, et de détruire tout l’arsenal militaire d’une Côte d’ivoire sous-développée, frappée depuis dix ans par un embargo injuste et injustifié. Au sol, les dozos et autres racailles prisonniers fraîchement sortis de toutes les prisons du pays, rebaptisés forces républicaines, peinaient à gagner la partie, tellement ils faisaient peine à voir. Ils étaient aidés par tous les Judas Iscariote de l’armée et de la scène politique, des civils qui hébergeaient des rebelles, corrompus par l’argent ; faciles gyrovagues, qui ne voient que leur intérêt et leur ventre. Mais quelle est la racine de tous ces maux ? Qu’est-ce que a amené les Ivoiriens à une telle dérive ?

2) LE PORC : LE NOUVEL EMBLEME DE LA COTE D’IVOIRE

Gilles Châtelet, dans son petit ouvrage Vivre et penser comme des porcs. De l’incitation à l’ennui dans les démocraties-marchés (Paris ,Gallimard 1998) nous en donne une réponse. La racine des problèmes des Ivoiriens est leur vie selon la chair. Faisons référence à St Paul dans sa Lettre aux Galates 5, 19-21 : « On sait bien tout ce que produit la chair : fornication, impureté, débauche, idolâtrie, magie, haines, discorde, jalousie, emportements, disputes, dissensions, scissions, sentiments d’envie, orgies, ripailles et choses semblables – et je vous préviens, comme je l’ai déjà fait, que ceux qui commettent ces fautes-là n’hériteront pas du Royaume de Dieu. » Le péché de tous les Ivoiriens c’est l’amour de l’argent. Pour de l’argent l’Ivoirien a nourri dans son cœur de très mauvais desseins, des meurtres, des adultères, de la débauche, a commis des vols, a détourné des deniers publics, a fait de fax témoignages, a diffamé son prochain. S’est laissé acheter sa conscience, s’est prostituée. De l’éléphant qui était le symbole des Ivoiriens - le Loxodonta africana, plus grand que l’éléphant d’Asie, il a la peau grise…ses défenses, incurvées vers le haut, dont très fortes (Robert Delort, les éléphants piliers du monde (Paris, Gallimard 1990), p. 22 – l’Ivoirien a choisi aujourd’hui le porc(ou cochon), cette bête singulière, au groin subtil, plus raffiné en matière de toucher et d’odorat. Dès que vous rencontrez un enfant ou une mère d’un certain âge au carrefour d’une route, le geste qu’il (elle) fait, c’est de porter sa main à sa bouche. Lui (elle) veut manger. Il s’agit de la goinfrerie sucrée et d’une tartufferie à l’ivoirienne (p. 13). Finalement, nous sommes tous devenus, les intellectuels et les religieux compris, des goujats.

Avec l’ère du Président Alassane Dramane Ouattara, nous sommes redevenus une colonie française. Alors que la France elle-même vole très bas. Elle n’est plus « orgueilleuse. Elle accepte enfin un destin adapté à ses moyens – celui de sous-préfecture démocratique du Nouvel Ordre mondial, qui sait s’agenouiller devant une opinion dont la fabrication lui échappe de plus en plus et abandonne cette idée jacobine que la démocratie ne vaut que par l’excellence des destins qu’elle vise idéalement pour tous, et ne saurait rester les yeux rivés à la moyenne des égoïsmes et des lâchetés de chacun. »(p. 20). En France, tout comme en Côte d’Ivoire, la peste nationale-raciste a refait surface (p. 21). Et les ivoiriens avec la Télévision de Côte d’Ivoire (T.C.I.) et la Nouvelle Radio du Rassemblement sont devenues un audimat servile et provincial, une populace compradore, un quarteron de titrologues (p. 21).

La Côte d’Ivoire est en train de plonger dans le néolibéralisme et dans cette voie elle va retrouver ses vieux démons, son cynisme mercantile permanent. Notre nouveau Président Alassane Dramane Ouattara sait lui-même échanger ce cynisme mercantile permanent contre des larmes de crocodile d’occasion.(p. 21). Il est la superstar qui sait que sourire, tousser ou claquer des doigts suffisent pour faire pleurnicher des millions d’Ivoiriens. Tel est Alasco ou Alla-i-so, l’Homo éco-communicans des démocraties-marchés (p. 22) Après ce bref coma que la Côte d’Ivoire vient de subir, après cette mort salutaire, il est temps que la Côte d’Ivoire ressuscite. Et cette résurrection réclame une philosophie de combat. Il est encore temps pour l’intelligentsia ivoirienne de se ressaisir, de délaisser les Trissotins et surtout de mettre un terme à la crétinisation soft à l’anglo-saxonne, sa rortyfication, de sursauter et de refuser un destin de bétail cognitif.(p. 22) A présent, je voudrais décrire l’ivoirien, selon les caractéristiques que nous donne Christian Laval dans son ouvrage intitulé L’homme économique. Essai sur les racines du néolibéralisme (Paris, Gallimard 2007).

Avec le Président Alassane Dramane Ouattara, la Côte d’Ivoire devient une superpuissance économique et le marché, le modèle unique des rapports humains. (p. 9). Ses discours de campagne ont révélé que l’aspiration au bien-être est la seule destinée humaine concevable. L’Ivoirien lui-même est présenté comme l’inlassable chercheur de son avantage personnel maximal dans toutes les circonstances de son existence et il n’y a pas de domaine de cette existence qui ne puisse être le terrain d’une visée maximisatrice d’une satisfaction individuelle. Avec ce brillant technocrate du F.M.I., le marché est devenu le grand signifiant absolu, source de tous les bienfaits et mode de résolution de tous les maux publics et privés (p. 10) Les Ivoiriens retrouvent leur régime normatif du moi intéressé comme fondement paradoxal de la société.

Dans ce système néolibéral, les propriétaires des richesses veulent être aussi les maîtres des raisons et des fins de vivre, rien là de bien nouveau, mais, les biens sont devenus les fins majeures des sujets humains et les uniques desseins du monde, en développant et les liens humains et les uniques desseins du monde, en développement et les liens humains eux-mêmes tendent à devenir des biens commerciaux. Le mal ivoirien, c’est ce bonheur humain maximal où, pour parler comme Gilles Châtelet, dans son ouvrage pré-cité, la Main invisible du marché qui ne prend pas de gants pour affamer et broyer sans bruit, invincible parce que faisant pression partant et nulle part, mais qui pourtant, comme Dieu a besoin des hommes, avait besoin d’une voix. Elle était toute désignée. La Contre-Réforme néolibérale, mercenaire, ceux d’une alchimie sociale capable de transformer en force politique ce qui finit toujours par exsuder des classes moyennes : crainte, envie et conformisme (pp. 31-32). Ainsi, l’homme est transformé en produit consommable. Voilà la traduction en termes d’aujourd’hui : « ressources humaines », « capital humain ».

Rappelons-nous qu’à l’âge d’or du P.D.C.I., sous la houlette du Premier Ministre d’alors Daniel Kablan Duncan, ce néolibéral, nous parlait d’une croissance à deux chiffres, alors que le panier de la ménagère se vidait de plus belle. Nous étions drogués dans cette fiction de la société comme machine à produire et comme marché. Nous pensions avec l’avènement du Président Gbagbo être libéré de cet intégrisme et de ces dogmes trsè solidement installés au cœur de notre système de représentation (Parle-t-on en Côte d’Ivoire de Gombo, de Fais, nous Fais, sois concret…) Cette fiction n’est pas un simple produit de l’imagination. Elle détermine nos manières d’agir. (Dans nos familles, par exemple, celui qui fixe la date des funérailles est celui qui a le plus d’argent.) Elle fait corps avec des normes et des lois et elle s’inscrit de plus en plus dans la réalité vécue. Finalement elle est le principe même des pouvoirs régulateurs qui s’exercent sur nos comportements. Pour parler comme Christian Laval, nous sommes pris dans la cage de fer de l’économie moderne (p. 14). Nous sommes enfermés mais nous nous pensons de plus en plus libres. Nous devenons, souvent à notre corps défendant, cet homme économique, cet homme qui vit selon la chair, ce proc qui est en pleine putréfaction ontologique. (Gilles Châtelet, o.c., p. 40). Nous sommes tous des ventriloques (p. 41). Notre société ne promet pas seulement la jouissance matérielle qui libère de la nécessité, elle promet aussi une certaine liberté individuelle.

Moisés Naïm, dans son livre noir de l’économie mondiale, contrebandiers, trafiquants et faussaires (Paris, Bernard Grasset 2007) quand il situe la responsabilité de l’Etat de Côte d’Ivoire au plan planétaire écrit ceci : «  La crise mondialisée est en train de transformer le système international, défaisant les règles amenant de nouveaux acteurs et reconfigurant les pouvoirs dans la politique et l’économie mondiales. » (p. 14) Nous sommes dans un monde globalisé où le profit peut être une motivation aussi puissante que Dieu (p. 15) des réseaux de trafiquants apatrides sont en train de changer le monde autant que les terroristes (p. 15) Le R.H.D.P. et ses leaders font partie de cette entité internationale, par essence apatride et pratiquement insaisissable (p. 17). L’argent sale est devenu une part fondamentale de l’économie mondiale. (p. 28). Et les réseaux de blanchiment d’argent se sont incrustés dans les structures du système financier. Ces bandits au col blanc ont mis sur pieds des sociétés-écran, des circuits vertigineux d’intermédiaires, en mélangeant des opérations légales et illégales.

La Côte d’Ivoire depuis 1990 est devenue un marché parfait pour les trafiquants d’armes et un centre de transbordement de tout ce que l’on veut. (p. 44). Dans ce pays, les rebelles du M.P.C.I. d’Allassane Ouattara se sont associés avec des trafiquants d’armes pour sortir de l’or contre la drogue, des armes et d’autres marchandises. (p. 45) Notre pays a sa spécialité. Les vrais-faux certificats d’usage final sont appréciés dans le commerce des armes de contrebande, par exemple. Des certificats d’usage final sont appréciés dans le commerce des armes de contrebande, par exemple. Des certificats qui garantissent, que la marchandise est destinée à un acheteur légitime sont faux parce que les armes vont ailleurs et vrais parce que le document et la signature sont authentiques, achetés contre une petite commission. La Côte d’Ivoire s’est fait une spécialité de ce genre de documents. (p. 45). Commet alors passer de cet état de nature à l’esprit ou pour parler comme jacques Bouveresse quelle est voix de l’âme et les chemins de l’esprit (Paris, Seuil 2001) ?

3) L’ACCUEIL DE L’ESPRIT

Nous empruntons au Père Pierre-Marie Soubeyrand, le titre de cette troisième partie : l’accueil de l’esprit (Béatitudes/ Lion de Juda 2004). Notre auteur nous invite à accueil l’Esprit en nous et en toutes choses, car l’Esprit nous bouscule et nous devons nous adapter à sa pastorale. (p. 5). Nous vivons, en effet une démocratisation de la sainteté (p. 6).

Une fois de plus, nous voulons faire appel à St Paul dans son épître aux Galates(5, 22). Dans le chapitre précédent, nous avons partie de l’argent et des œuvres de la chair. Ici, aux œuvres de la chair, nous voulons opposer, à la suite de St Paul, l’amour, l’unique fruit de l’Esprit. Et St Paul énumère les signes du règne de l’amour : la joie et la paix. Ensuite, les manifestations de cet amour sont la patience, la bonté et la bienveillance. Enfin les conditions de sa naissance et de son épanouissement sont la foi, la douceur et la maîtrise de soi. La foi est en effet, la racine de l’amour ; quant à la douceur, c’est l’attitude des humbles qui se laissent conduire par leur Père céleste : elle caractérise le Christ. Mais qu’est-ce que vivre selon l’Esprit. Qu’est-ce que l’Esprit ?

L’Esprit ne désigne rien de ce qui est réel, d’objectif, observable et vérifiable. Devenu introuvable, vague et désuet, l’Esprit est la convention obligée de la modernité et n’a pas d’être. Ce qui est, ce qui mesure l’Etre et révoque l’imaginaire subjectif, c’est la chose ou l’élément ou l’ensemble de la matière dont les sciences prouvent et éprouvent l’indubitable véritable. Mais pourquoi voulons-nous que l’homo ivoirianus vive aujourd’hui selon l’Esprit. C’est tout simplement parce que le capitalisme est en train de s’autodétruire (Paris, la Découverte 2005).

Selon Patrick Artus et Marie-Paul Virard, en Côte d’Ivoire, comme dans le reste du monde, le capitalisme est sans projet. Il ne fait rien d’utile avec ses milliards, n’investit guère et ne prépare pas assez l’avenir. L’argent coule à flots aujourd’hui dans l’économie mondiale, mais il n’est que trop rarement utilisé à bon escient, spécialement en Europe continentale, pour favoriser l’adaptation des économies, investir dans les ordinateurs, les usines, les infrastructures, la recherche et le développement, et aliment plutôt la voracité des investisseurs, dans une course aux rendements financiers à court terme. (p. 6). Cette évolution est totalement autodestructrice, affirment nos auteurs.

Pour que la Côte d’ivoire ressuscite, l’homo ivoirianus, doit être un ivoirien nouveau (Images communications éditions 2009). Pour Ahoua Don Melo, l’ivoirien nouveau est la somme de tous les changements proposés dans le programme de campagne du Président Laurent Koudou Gbagbo. (p. 22). Il est ensuite un citoyen africain qui considère l’Afrique comme son village continental et qui œuvre pour son intégration. (p. 68). Il est enfin une personne débarrassée du complexe d’infériorité dans tous les domaines. L’homo ivoirianus, c’est un appel à la réhabilitation par le travail, par le progrès, par le progrès du peuple noir. (p. 93)

Pour que la Côte d’ivoire ressusucite, Nguesse Joachim BANGASSARO COULIBALY dans son ouvrage Le mal ivoirien Cas symptomatique du mal africain (Paris, L’harmattan 2009) pense que l’homo ivoirianus doit, avant tout, jouir d’une excellente santé. Vivant dans un apys d’abondance et de prospérité, il ne connaît ni la faim, ni la malnutrition. Soucieux de son bien-être et de celui de sa famille, il vit dans une atmosphère dénuée de pollution et de déchets toxiques. Son habitat est propre et son environnement toujours bien entretenu. L’insalubrité et les nuisances ont pratiquement disparu de son biotope. Il n’est, ni un fumeur invétéré, ni un alcoolique, ni un accro. Il mène une hygiène de vie exemplaire qui lui épargne les mauvais stress et certains syndromes et maladies.

Dans son milieu social, il est hautement apprécié de tous, pour ses qualités humaines. Honnête et intègre, il ne cherche jamais à tricher. En fait depuis son jeune âge, il a toujours été assidu et sérieux au travail. Il a le goût du travail bien fait et même de l’excellence. Courageux, il ne rechigne jamais à la tâche et reste un modèle de probité pour sa fratrie, ses amis et ses collègues. Etant très communicatif, il est naturellement porté à entretenir de bonnes relations sociales. Eminemment serviable, il est toujours prêt à aider autrui. Poli et humble, il est très respectueux et témoigne d’une très grande considération pour les vieux et la hiérarchie.

Dans sa vie professionnelle, son comportement est, on ne peut plus correct. Incorruptible, il ne pratique ni favoritisme, ni népotisme. Traitant tout le monde sur le même pied d’égalité, il ne tolère ni tribalisme, ni exclusivisme. Il a un sens aigu du devoir et de l’intérêt public. Son dévouement à la cause de la patrie est édifiant. (p. 292).

Notre auteur vient de nous peindre ou de nous prescrire son ordonnance ascétique de l’homo ivoirianus. C’est la vie ordinaire de tout homme qu’il vient de peindre, mais avouons-le, ce n’est pas là le problème. Pour notre part, nous dirons qu’il manque quelque chose qui est comme un vecteur dans tout ce que nous faisons déjà. Cette chose, c’est l’Esprit. Au plan de la gestion des affaires personnelles, l’homo ivoirianus y met-il l’Esprit ? Comment faire abstraction de tout fatalisme paralysant et de toute superstition saugrenue, tout en nous efforçant de rationaliser toutes nos activités, sans y mettre l’Esprit. Qua vaut cette rentabilité économique et financière de tous ces projets sans l’Esprit ? Or, Dieu lui-même nous a mis en garde. L’enrichissement est considéré comme diabolique. L’idéal chrétien n’est pas l’homme riche et prospère, c’est le corps du supplicié, c’est le pauvre qui donne l’occasion de montrer une générosité agréable à Dieu. S’éloigner du monde, pratiquer un certain ascétisme, se refuser aux intérêts terrestres, voilà la conduite valorisée. L’évangile de Mathieu (6,24) avertissait que l’on ne pouvait servir deux maîtres, Dieu et Mammon, le vrai Dieu et le faux dieu de l’argent. Seule exception, le trésor de l’Eglise. José Guebo disait dans un recueil de poèmes que l’or n’a jamais été un métal (Abidjan, Vallesse éditions 2009). L’or est métal /Mais à la mesure de tes mains/Enfin/Ouvertes/ A ma flamme/ L’astre est sens/ Mais au rythme/ De tes yeux/ Enfin/ Eclos/ A mon signe. (p.35)

lundi 18 avril 2011

DEMONCRATIE

DEMONCRATIE

Manuel Valls dans un livre récent Pouvoir en a une définition qui pourrait aider le gouvernement Alassane Dramane Ouattara. Il écrit : « Accéder au pouvoir ce n’est pas simplement accéder à des postes, distribuer des places ou récompenser des amis. C’est fondamentalement se donner les moyens d’agir sur le monde au service de tous. Sans volonté déterminée d’accéder au pouvoir, un projet restera une figure de style. Et inversement, toute volonté d’accéder au pouvoir sans véritable projet ne peut que générer la déception ou la désillusion. »( Manuel VALLS.- Pouvoir (Paris, Stock 2010), p. 15). Vu sous cet angle, la notion de pouvoir nous a paru complexe. Aussi avons-nous eu envie de le revisiter. Plus complexe encore, nous a paru le concept de démoncratie.

La démoncratie est un concept nouveau, créé par la jonction de deux mots : le démon(demos) et le pouvoir(cratos). Je vais rapidement définir le pouvoir et ensuite m’attacher à dire un mot sur le démon. En terminant, je dirai comment ce nouveau concept s’applique à la situation nouvelle de la Côte d’Ivoire, depuis le début de la crise ivoirienne en 2002.

1) LE POUVOIR

Par pouvoir, j’entends « (la) relation asymétrique par laquelle un acteur social (un individu, un groupe, une classe sociale, une institution) obtient d’autres acteurs des comportements qu’ils n’auraient pas obtenus spontanément. Elle suppose la coercition. »( Lexique de science politique. Vie et institutions politiques(Paris, Dalloz 2006), p. 415) Le pouvoir politique concerne précisément les relations coercitives s’exerçant au nom des affaires collectives (celles qui concernent la société dans son ensemble). Il s’appuie le plus souvent sur une conception du bien commun. Il suppose l’existence d’une forme de gouvernement et s’exerce dans le cadre d’un territoire et sur une population donnée. Dans une perspective institutionnelle, la notion est utilisée pour désigner, d’une manière générale, les individus et les groupes qui contrôlent les institutions politiques (c’est-à-dire de l’appareil de l’Etat). Cette conception suppose de porter attention à l’activité des élites politiques et administratives. Max Weber définit le pouvoir comme « toute chance de faire triompher au sein d’une relation sociale sa propre volonté ; peu importe sur quoi repose cette chance»( Max WEBER.- Economie et société : l’organisation et les puissances de la société dans leur rapport de l’économie (Pocket 2003)). Il propose ainsi une approche relationnelle et non substantialiste du pouvoir : le pouvoir est une relation ; il n’est pas une substance, une chose que l’on possède. Enfin, malgré l’asymétrie, celui qui est pris dans la relation de pouvoir garde souvent une marge de manœuvre, d’adaptation et de négociation. Les relations de pouvoir peuvent être observées à tous les niveaux de la société. Elles caractérisent non seulement les liens entre gouvernants et gouvernés, mais elles se retrouvent aussi, de façon diffuse, dans l’ensemble des relations sociales. Tout pouvoir n’est donc pas politique. Le pouvoir des parents sur les enfants, par exemple, renvoie à une combinaison, inégale selon les familles, de force, de dépendance matérielle et de relations affectives. Il s’exerce dans le cadre d’une cellule privée. C’est également le cas du pouvoir du patron sur les employés, du maître sur l’élève, ou encore du médecin sur ses patients. Les relations de pouvoir nouent généralement des acteurs sociaux qui ont des intérêts divergents dans la société.

Max Weber, particulièrement attentif aux phénomènes de domination (Herrschaft) ne dit pas grand-chose sur les moyens du pouvoir (macht) et ce qui garantit la réussite de la relation de pouvoir. A l’inverse de la domination, le pouvoir ne suppose pas forcément la légitimité(ou la recherche de la légitimité) et peut fort bien se résumer à l’exercice de la force brute. Il suppose des moyens permettant la capacité durable à produire des résultats. Il repose sur des ressources telles que la force physique, la capacité à distribuer des avantages matériels ou la force de persuasion. La première notion étant explicitée, venons-en à la seconde.

2. LE DEMON

Je parlerai du démon que dans les Saintes Ecritures en suivant Frederick LEAHY. (Frederick LEAHY.- Satan, vaincu et chassé (France, Europress 2010)). La guerre que nous venons de connaître en Côte d’Ivoire ne peut se comprendre véritablement si l’on ne tient pas compte de l’existence de puissances spirituelles opposées à la fois à l’homme et à Dieu. Disons rapidement que le démon déchu, une puissance des ténèbres qui cherche à détruire les œuvres de Dieu. Les anges déchus composent l’armée du Démon. Les Démons ne cessent de s’opposer à Dieu et s’efforcent de déjouer l’accomplissement de sa volonté. Le Démon est un ennemi pernicieux et l’Ecriture nous exhorte souvent à nous montrer vigilants et prêts à affronter ses attaques. Ephésiens 6,16 parle de ses traits enflammés, et Pierre nous appelle à la sobriété et à la vigilance car notre adversaire le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme… » (1Pierre 5, 8-9). « Résistez au diable, et il fuir lion de vous », dit Jacques (4,7) ; « Ne donnez pas accès au diable », écrit Paul (Ephésiens 4,27), et il met Timothée en garde contre les pièges du diable » (1 Tim 3,7) Le combat contre les puissances des ténèbres atteint une intensité qui exige « toutes les armes de Dieu » (Ephésiens 6,11-17). Le Démon a un pouvoir pour affliger à la fois le corps et l’esprit des hommes, pour créer entre eux des divisions (Job 1,14-17) et diriger contre eux les forces de la nature, dans les limites permises par Dieu. Dans son impiété, le système mondial actuel se laisse souvent diriger par un surnaturalisme maléfique, que nous appelons démoncratie.

3. LA DEMONCRATIE EN COTE D’IVOIRE

Le terme de démoncratie, je ne l’ai pas inventé mais il est l’objet de cette politique endiablée qui s’est mis en marche depuis la nuit du 18 Septembre 2002, pour mettre Alassane Dramane Ouattara au pouvoir. Sous la dénomination du MPCI, des rebelles ont pris des armes achetés par leur mentor, pour mettre en péril le Président Gbagbo. 9 ans durant, ils n’ont cessé de tuer, d’égorger, de faire des sacrifices humains, de brûler des personnes qui s’opposaient à cette machination. Que faut-il pour arrêter la folie meurtrière d’Alassane Ouattara ? Avec un chef délétère et très bon acteur devant les caméras, des soutiens puissants et des supporters sectaires, la solution ne vient que de la résistance, dont l’histoire nous vante les mérites qui font les grandes puissances d’aujourd’hui. Car à quoi sert-il de vivre enchaîné depuis 500 ans et se laisser mourir des malheurs qu’engendre le triomphe de l’injustice ?

La résistance de l’Afrique, à travers Laurent Gbagbo, a démontré que les alliés de Ouattara ne veulent pas dialoguer. Et comme en temps de dictature, les défenseurs de la démoncratie sont prêts à tuer pour l’imposer à ces Africains à qui l’on prend tout mais on ne laisse rien, si oui, la mort. La libération de l’Afrique du joug impérialiste français passe indéniablement par une rupture nette des relations avec cette France coupable à tous les niveaux dans le dossier ivoirien. La résistance de l’Afrique de Laurent Gbagbo a malheureusement occasionné de nombreuses pertes en vie humaines et une nouvelle fois, comme pour sceller le pacte quasi mystique que nous imposent les colons, l’humiliation sous sa forme la plus médiatique et donc la plus cruelle.

Les grands médias, que contrôle un oligopole d’hommes et de femmes d’affaires peu scrupuleux quand il s’agit d’enrichissement, agissent en ventouses mentales pour assouvir l’appétit vorace de la bête impérialiste. L’histoire a toujours élevé au rang de héros ceux qui ont fait partie de la résistance, et en tyrans ceux qui ont fait preuve de toujours plus de violence. La Côte d’Ivoire n’en échappe pas, et le tyran a fait ses preuves avant même de s’asseoir enfin sur le fauteuil présidentiel pour lequel il a tant tué(Balla Kéita, Guéi Robert, Tagro Désiré…)

Les tueries de Blolequin, celle de Duékoué ou encore celles souvent évoquées de la terre kidnappée du Nord, sont-elles la faute de Gbagbo ? Faut-il accuser celui qui a dit Non à la guerre ou celui qui a imposé la guerre ? La seule faute de Gbagbo est d’être fidèle à lui-même, vrai, authentique jusqu’au bout. Ouattara le gentleman avait beaucoup de squelettes dans le placard, a-t-l jamais été inquiété par le fameux TPI, tribunal des vaincus, depuis 2002 ? Quand l’absurde poussé à l’extrême arrive à coûter la vie à des milliers de personnes, l’on a peur de devenir fou soi-même tellement c’est fou…

Ces innombrables morts qui jonchent les caniveaux de Côte d’Ivoire sont la seule faute de ceux qui consentent à appuyer sur la gâchette pour ôter la vie d’innocentes personnes qui pourtant - on les a vu par milliers voire des millions sur le regrettée RTI – ont manifesté leur désir de paix et de dialogue. A l’heure où l’espoir d’un dénouement rapide et pacifique faisait vivre le pays, l’on était loin de se rendre compte de l’extrême violence qui sévirait ensuite. L’on parlait déjà depuis des années de la violence sans nom dont étaient capables les rebelles acquis à Ouattara, (des escadrons de la mort, ils ont été rebaptisés par I.B. lui-même Commando invisible), mais l’on avait espéré, en vain qu’une étincelle de compassion les saisirait. Il n’en est rien.

Chaque jour, l’on apprend de nouveaux décès, de personnes connues et d’anonymes, avec un discours manipulateur qui malheureusement entraine avec lui les adeptes sectaires de Sieur Ouattara. On a dit des rebelles que ce sont des drogués et que, pire encore, ce sont des personnes dotées de toutes leurs facultés mentales qui posent des actes aussi abominables, égorgements, viols, pillages, braquages, exécutions sommaires, etc… c’est à se demander ce qui justifie une telle barbarie, quel programme politique, quel candidat mérite qu’on lui accorde autant d’âmes ? Dans une Afrique qui est civilisée de culture – et non grâce aux colons « bien-intentionnés » qui déjà avilissaient et massacraient les indigènes africains – ce qui se passe en Côte d’Ivoire est tout simplement irréel d’absurdité.

La démoncratie, c’est aussi Mammon ou le Veau d’or, le culte endiablé de la matière ou de l’argent dont Moisés Naím s’est fait un écho dans Le livre noir de l’économie mondiale. Contrebandiers, trafiquants et faussaires (Paris, Bernard Grasset 2005). La démoncratie est le crime mondialisé qui « est en train de transformer le système international, défaisant les règles et reconfigurant les pouvoirs dans la politique et l’économie mondiale. Le Démon prince de l’air, ce sont ces faussaires, contrebandiers, apatrides, qui peuvent se prévaloir de plusieurs nationalités à la foi et ces « réseaux de trafiquants apatrides sont en train de changer le monde»(p.15). Ils appartiennent à « une nouvelle sorte d’entité internationale, par essence apatride et pratiquement insaisissable. »(p.17) L’argent sale est une part fondamentale de cette démoncratie. N’étant plus l’apanage des exotiques offshore telles que les îles Caïmans ou l’île de Man, les réseaux de blanchiment d’argent se sont incrustés dans les infrastructures du système financier. La vitesse, l’interconnexion et le nombre considérable des transactions bancaires leur ont permis de jongler en experts avec les comptes, en créant des sociétés écrans, des circuits vertigineux d’intermédiaires, en mélangeant des opérations légales et illégales.

En Côte d’Ivoire le MPCI d’Allassane Dramane Ouattara a créé un marché parfait pour les trafiquants d’armes et des centres de transbordement de tout ce que l’on veut. Les rebelles se sont transformés en hommes d’affaire. En Afrique de l’Ouest, depuis 2002, le début de la crise militaro-politique en Côte d’Ivoire, mais surtout de 2009 à 2010, les Rebelles, proches de Ouattara ont monnayé d’importantes quantités d’or extraites des mines d’or du Nord. Plusieurs tonnes ont été acheminées au Ghana voisin sous couvert des véhicules de l’ONU. Puis envoyés, par petites quantités, à Anvers(Belgique) pour y être transformés. A l’état de poudre, cet or a été négocié à plus de 15 euros le kilo. La démoncratie, c’est aussi le mensonge éhonté de la presse internationale : le Démon est appelé aussi le Prince du Mensonge. La démoncratie, finalement c’est le cortège des morts. Le temps m’oblige à aller vite à la conclusion.

Je vais terminer ce chapitre en signalant en passant la spécialité de la Côte d’ivoire, reconnue par la démoncratie mondiale car les pays faibles ont leur spécialité. « Les vrais-faux certificats d’usage final sont appréciés dans le commerce des armes de contrebande, par exemple. Des certificats qui garantissent que la marchandise est destinée à un acheteur légitime sont faux parce que les armes vont ailleurs et vrais parce que le document et la signature sont authentiques, achetés contre une commission. »(p.45). La Côte, entre autres brebis galeuses, s’est fait une spécialité dans ce genre de documents. (p. 45) ; finalement, la démoncratie c’est la chute du Président Gbagbo, c’est-à-dire, le sabotage de son effort démocratique, le détournement de la loi du Conseil Constitutionnel et l’installation au pouvoir, d’un usurpateur digne de la race des Victor Bout. Allassane Ouattara veut faire de la Côte d’ivoire, un Etat voyou et son armée appelée Forces Rebelles de Côte d’Ivoire ont déstabilisé tous les quartiers d’Abidjan et de toutes les villes de Côte d’Ivoire…par ce qu’il appelle la pacification. Allassane travaille pour le profit et non pour l’avancée de la démocratie, c’est donc un démoncrate. Un démoncrate peut-il regretté un jour ses péchés ? Je lis sa confession : « Jeune économiste au Fonds Monétaire international, j’étais en mission au Burundi, je crois que c’était en 1972, quand a éclaté le conflit dans ce pays. Nous étions logés à la Banque centrale du Burundi. Le matin, nous voyions passer les camions bennes remplis de cadavres. Les ambassades belge et française assuraient notre protection. C’était donc le début du conflit au Burundi. D’ailleurs quelque temps après, le Fonds Monétaire m’a proposé en 1973, d’y être le représentant de notre institution. Je n’ai pas accepté. J’ai encore en mémoire ces douloureux événements. Pour tous ceux qui me connaissent, je rappelle souvent ces tristes événements, car ce sont malheureusement des innocents qui ont péri. » (Cissé Ibrahim Bacongo.- Alassane Ouattara, une vie singulière. Légende et épopée NEI/CEDA 2007, p. 234).

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jeudi 14 avril 2011

MESSIO-MEUSSIO ou ZIDOGBABOUO

MESSIO-MEUSSIO ou ZIDOGBABOUO

Aujourd’hui, je voudrais faire une petite pause pour prier pour les morts de cette barbarie inutile de ces derniers temps : je ne voudrais pas les trier, ils ont tous du prix aux yeux de Dieu. Je le ferai par les paroles et la voix d’un artiste célèbre du pays Bété, Amédée Pierre, à qui René Babi a rendu hommage dans un bestseller, Amédée Pierre, le Dopé National, grand maître de la parole (Paris, l’Harmattan 2010). Parmi tous ces morts, il y a de fortes personnalités comme Désiré Tagro, Voho Sahi, …d’autres que la rumeur ont donné pour morts (Maître Hamza, Jean-Jacques Béchio, Mamadou Ben Soumahoro) et que je ne peux confirmer à présent. D’autres anonymes d’hécatombe comme ceux de Duékoué et du village du footballeur Drogba Didier…Je m’incline respectueusement devant vos corps et je vous offre au Seigneur, dans une eucharistie digne et majestueuse. Certainement, vous parlerez d’une seule voix devant Dieu, pour que notre jeune nation retrouve rapidement sa splendeur d’antan. Vous n’êtes pas tous Bétés, mais pour vous, je chanterai par la voix d’Amédée Pierre, la chanson Moussio-Moussio, cette belle mélodie soutenue par un rythme reposant, mais terriblement poignant pour l’âme sensible.

1) LA CHANSON EN BETE

Meussio meussio,

Léyérégbolou, yê meussio(bis) gnia

Léyérégbolou yê meussio-lé

Gou-ô da-ho na winé-ho

Léyérê gbolou, léyéré gbolou

Léyéré gbolou yê meussio

Fê ! Fê Fêkahouan moa n’sabha-lé

Gou-ô da-ho meu-lê na sa-ho

N’lê gou goualé édji

N’nè néyi ato ziané lê

Gou goualé dé gnamon namia-lê

Bha zidogbabouo lebha-ho

Zidogbabouo, Zidogbabouo

Zidogbabouo lebha-ho

Nou-ho noubheu-ho

Alé n’y ê noubheu-ho

A meu gou ô zidogbablé meu zré-lé

Alé n’y ê noubheu-ho

A meu gou ô zidogbablé meu zré-lé

Alé n’yê noubheu-ho(gnia)

Gnia-ho na gou-ho

Ato-ho nagou-ho

Alé n’y ê noubheu ho

Zidogbablé né yiogboté

Mé na gou sassa né-ho

Sassa né-ho sassa né-ho

Mé na gou sassa né-ho »

2) LA TRADUCTION EN LANGUE FRANÇAISE

« Il brûle ! Il brûle !

Mon trésor s’est consumé !

On a mis le feu au tronc d’arbre

Qui renfermait notre richesse ;

On a tué ma fille, ma richesse potentielle.

Se tournant vers sa femme, il lui dit :

Toi, mère de l’enfant, ne pleure pas.

Ce n’est pas à toi que je m’adresse (dans mes pleurs),

Je m’adresse aux fumistes et aux sorciers

Je m’adresse à ceux qui ont tué mon enfant,

Oui, c’est à eux que je m’adresse et non à toi,

Quand l’idée m’était venue de faire un enfant,

Je pensais perpétuer le nom de mon père…

Quand l’idée m’était venue de faire un enfant,

Je pensais perpétuer le nom de ma mère…

Pour une femme qui accouche,

Il ya toujours des dangers à l’accouchement :

Les soldats de la mort sont présents, qui attendent :

En cas de dérapage, ils emportent la parturiente

J’ai compris. J’ai compris…Oui, j’ai compris

Le jour où mon enfant allait au pays des Morts,

Oui, ce jour là

J’ai compris que la jalousie existait,

Maman, et mon enfant ?

J’ai compris…

Papa, et mon enfant ?

J’ai compris…

Mon enfant, le voilà est en train de parcourir

Les carrefours du pays des Morts.

Les carrefours du pays des Morts,

C’est ce que mon enfant est en train de parcourir »

(Sous-entendu : ne sachant de quel côté aller pour retrouver nos ancêtres, semble dire le père, en soupirant, broyé par la douleur).

3. LA PHILOSOPHIE DE LA MUSIQUE

La place particulière qu’occupe la musique dans les différents arbres de la philosophie, depuis l’Antiquité donne à cet art, une place à part, privilégiée qu’il est par bien des philosophes dont certains furent également des compositeurs, comme Rousseau ou Nietzsche, et d’autres, comme Jankélévitch. Nous partirons de la question que pose Roberto Casti, lors du colloque sur Musique, rationalité, langage : l’harmonie a du monde au matériau : « La musique est-elle un langage en un sens plus générique ? » Il répond que la musique possède une syntaxe en un sens technique et a un contenu sémantique. Dire que la musique possède une sémantique, c’est-à-dire qu’elle a la capacité de représenter (p. 128). Dans la chanson d’Amédée Pierre, la musique représente une entité réelle : la mort.

Miono Lobo une belle jeune fille a été chassée du village par jalousie avec son mari. Ils se réfugièrent dans la forêt et peu de temps après elle tomba enceinte et mit au monde un enfant mâle. De retour au village, l’enfant fut tué par une amie d’enfance. C’est alors qu’intervint le mari qui fit cette lamentation.

Cette lamentation, ce n’est pas seulement les pleurs d’une mère ou d’un père qui perd son fils unique ; ce sont aussi les pleurs de chacun de nous, les pleurs de l’Afrique qui pleure aujourd’hui ses vaillants guerriers.

mercredi 13 avril 2011

PARRHESIE

PARRHESIE

Kim Kollins et Bienheureuse Elena Guerra, dans leur ouvrage commun dans le buisson ardent, l’urgence de la prière d’adoration et d’intercession (Béatitudes 2004) nous interpellent en ces termes : « Votre cœur est réellement un nouveau Cénacle où l’Esprit Saint est le plus doux des hôtes et le plus fidèle de tous les amis. » En effet, ajoutent-elles, le monde a besoin de revenir à Dieu, et il ne le pourra que par la prière. Là est bien le premier engagement du baptisé, adorer, louer, intercéder, rendre grâce. Et de toutes les prières, l’Eucharistie est le pilier central. Notre époque, ici, en Côte d’Ivoire, vit une culture de mort.

Depuis près d’une semaine, nous avons vécu un western, digne des grands studios hollywoodiens. Des hélicoptères Puma dans notre ciel, crachant des bombes de feu, de jour comme de nuit. Des répliques de mortier(les supposés armes lourdes de Gbagbo) au sol qui cherchaient à les abattre. Des chars au sol et des rebelles, attaquant une armée gouvernementale, non aguerrie, fuyant et abandonnant armes, minutions, et treillis aux civils aux mains nus…Toute cette mise en scène pour arriver à la capture du héros du film : un Président démocratiquement élu, qui est contraint de se rendre parce que sa maman est prise en otage par les rebelles. Nouvelle pacification de la Côte d’Ivoire par les Etats-Unis d’Amérique dont la France constitue ici, le bras séculier et l’ONU l’armada juridique.

Cette pacification a commencé par des pillages de toutes sortes, des exactions, un véritable génocide contre les nombreuses populations civiles (Dioulas et baoulés excepté). Ces exactions et exécutions sommaires commisses par des rebelles, agissant pour le compte de M. Alassane Dramane Ouattara, sur la base des critères ethniques, religieuses et politiques. Il s’agit ici, bel et bien d’une épuration ethnico-religieuse. Ces exactions se déroulent, à l’heure où j’écris ces lignes, dans les quartiers de Yopougon Km 17, Yopougon-Sicogi, Riviera 2 et le camp Commando de Koumassi. Dans ces quartiers, munis de listes de personnes à neutraliser par tous les moyens, les nouveaux Interahamwe, véritables bandes armées, habillées et armées par Sarkozy, agressent, tuent, pillent et violent les populations profondément traumatisées. Ils ciblent des personnes et les égorgent et peu après les brûlent tandis que d’autres ivoiriens (Dioulas) applaudissent. La machine à tuer est en marche. Mais pourquoi, le Président Ouattara, notre 5è Président, selon l’histoire, s’en prend-il aux Ivoiriens ?

Pour le comprendre, méditions les réflexions de M. Cissé Ibrahim Bacongo, dans son ouvrage Alassane Dramane Ouattara, une vie singulière, légende et épopée (NEI/CEI 2007). Après le tableau ahurissant et proche de l’apocalypse qu’il dresse de la société ivoirienne, notre auteur décrit Alassane comme le Sauveur qui vient délivrer les Ivoiriens. Le bravetchè arrive…mais il est rejeté par les Ivoiriens. « Ils sont méchan-an-an-ants ! Que les hommes sont méchan-an-an-an-ants ! Qu’est-ce qu’il leur a fait ? » Depuis lors, la rancune est devenue le programme de gouvernement de M. Ouattara, le fondement symbolique ou idéologique de son système politique, une hypothèse de la perversion. Cette hypothèse de la perversion comme principe dont le dispositif idéologique de la rancune tire son efficacité. Mais qu’est-ce que la rancune ?

La rancune, c’est le ressentiment qu’on garde d’une offense. Elle s’appréhende comme l’intention de ne pas relever le frère tombé (dans la faute ou dans la maladie) et de l’abandonner aux portes de la communauté. Elle se matérialise par l’avalement de la salive. Dans ses discours, M. Ouattara parle sur deux registres : il y a ce qu’il affirme du bout des lèvres, et il y a ce qu’il fait concrètement (cf. mon analyse du dernier discours de M. Ouattara). D’une part, Ouattara veut se venger de tous ceux qui l’ont traité de « petit Mossi », de « Mossi Dramane » et de l’autre, il appelle à la réconciliation et au pardon. C’est dans ce contexte que notre nouveau Nabuchodonosor a fait arrêter Laurent, Simone et Michel et les a conduit au sous-sol du Golf-Hôtel, avant de les conduire dans le Nord du pays (Source Onusienne). Ils ont rejoint Henri-Aimé et Henriette (pères de l’Ivoirité). Mais ce qui m’étonne, par-dessus tout, ce sont nos politiciens et nos généraux, autres mangeurs et grilleurs d’arachide ou autres rats. Ceux qui ont été achetés par ADO et ceux qui veulent manger dans tout, les Koffi Gombo de tous acabit, qui sont en train d’adorer en ce moment le Veau d’or, après l’avoir insulté et humilié. Leur problème, c’est leur ventre : ils veulent manger. Mais la question est que « manger », quelle que soit la chose ingérée, sans qu’auparavant ne soit évacuée la mauvaise salive, produite par l’offense, c’est alimenter la rancune, entretenir les ressentiments, nourrir les haines, exacerber les frustrations et accroître les désirs de vengeance. De même, inviter les autres au banquet, au festin de Balthazar, en ruminant des pensées travaillées par la rancune ou le pardon astucieux, participe d’une politique de manœuvres, de compromissions, de répressions morales, qui ont besoin de stabilité et de la paix pour se perpétuer. En ce moment, Abidjan comme, Sodome et Gomorrhe, plonge dans le chaos.

J’ai voulu interroger Zirignon Grobli sur le chaos et l’ordre. L’éclosion de l’humain (Paris, L’harmattan 2003), je n’ai pas obtenu ce que je cherchais. Mais je puis affirmer que la France a installé le chaos en Côte d’ Ivoire et les Etats-Unis, la jungle. En bombardant le centre Hospitalier Universitaire de Cocody, la Maison de la Télévision, le Palais Présidentiel au Plateau et la résidence de Cocody et autres camps abritant des civils, incendiant des commissariats, l’Université d’Abobo-Adjamé. Ainsi l’ordre nouveau des Dozos et autres drogués de rebelles font la loi, sous le regard bienveillant des Com’zon, véreux et condescendants devant les pillages et les exactions de tous genres. L’ordre nouveau d’Alassane Dramane Ouattara est établi, et avec lui, la paix des cimetières. Alassane Dramane Ouattara adore le concept de pacification. Je fais le lui ouvrir dans un plateau du Prof. Koné Tanella Boni.

Notre collègue écrit : « La pacification, mot utilisé, comme l’on sait, au temps de la colonisation, était porteur de violence, inouïe comme le mot « charnier » l’est aujourd’hui. Il s’agissait de pacifier des espaces en imposant une langue, une religion, toute une culture représentée par la Loi, une administration qui, dans l’imaginaire du colonisé, pouvait se peindre avec quelques attributs comme le casque ou l’habit typique du colon. Ici et maintenant, ce mot revient à la mode. On l’emploie pour désigner une opération de maintien de l’ordre dans telle région, dans telle ville. En clair, on pacifie en utilisant des armes, en matraquant, en tuant. On fait taire définitivement les voix qui pourraient encore prononcer un seul mot, être discordantes. On les réduit au silence. » (Colloque Paix Violence et Démocratie en Afrique. Actes du Colloque d’Abidjan 2002, p. 306). La Côte d’Ivoire, sous l’ère Alassane Ouattara connaît sa nième pacification (après le Sanwi et le Guébié, et celle de la Cité Universitaire de Yopougon.). L’ordre des forces Républicaines est instauré par des Dozos et autres incultes armés de kalachnikovs. Le mot « ordre » n’est nullement associé, dans ce vocabulaire martial, à la beauté, comme dans quelque poème baudelairien. L’ordre est pacification, c’est-à-dire violence, non-respect des droits humains – dont le droit à la vie et à la dignité humaine. Les Forces Républicaines aujourd’hui à Abidjan, sont en conflit permanent avec les populations. Elles sont appelés « gardiennes de la paix ». Mais nous pouvons nous demander quel type de paix est ici gardé, si ce n’est pas la paix des cimetières, le calme plat, dans un lieu inviolable. Qui doit-on traduire devant les tribunaux, Jésus ou Barabbas ? Comment peut-il y avoir la paix civile à Abidjan et dans le reste du pays quand les com’zones qui occupent les commissariats, sont corrompus et se conduisent comme des bandits de grands chemins ? Ici la loi du silence est de mise. Comment passer de la mort ambiante à la paix du cœur ? Comment sauver la parole enfouie dans le cœur de chaque être humain ? Par la prière. Retournons donc à la prière.

Je pense que tout ce que je viens de dire et d’écrire est une prière, car comme le dit d’une façon étonnante Origène, « Celui qui unit la prière aux engagements nécessaires et les engagements à la prière, celui-là prie vraiment. Ainsi seulement pouvons-nous mettre en pratique, le précepte ‘Priez toujours’(1Th5,17), si nous considérons toute l’existence chrétienne comme une grande prière, dont ce que nous avons coutume d’appeler la prière n’est qu’une partie. » (Origène.- De la prière, exhortation au martyr (J. Gadalda & Fils 1932), 12,2.

Dans ce texte, nous avons voulu parler de la prière, en le vivant. Le faisant, je ne vous parle pas de la prière comme spontanéité émotive, ni comme de l’ésotérisme. Pour moi, la prière est un décentrement de la personne pour laisser le « moi » du Christ déployer sa vie en nous. En somme la prière est un mouvement d’ouverture à la communion avec Dieu dans l’espace de l’alliance avec lui. Aujourd’hui, nous avons des difficultés pour prier, parce que nous sommes ébranlés dans notre foi. La prière, est toujours oratio fidei, c’est-à-dire, non seulement prière qui doit être faite avec foi, mais qui découle de la foi ; la prière est la capacité expressive de la foi, elle est la modalité de l’éloquence. Le milieu ecclésial n’est plus reconnu comme une école qui introduit à l’art de la « vie en Christ » : l’Eglise est devenue toujours davantage ministre de paroles éthiques, sociales, politiques, économiques, et semble avoir égaré l’usage de son message propre…Mais alors qu’est-ce que la prière veut dire véritablement ?

La prière n’est pas recherche de Dieu mais réponse de Dieu. Plus encore, nous ne prions pas la Tri-unité de Dieu, mais nous prions bien plutôt en elle, impliqués dans la communion de vie et d’amour qu’est la relation divine elle-même. Prier devient dès lors, faire l’expérience spirituelle de ce Dieu qui n’est pas infiniment lointain, mais qui est au-delà en étant au centre de notre vie. Prier, c’est accueillir une Présence découverte, désirée, invoquée, une Présence parfois immense, écrasante. En partant de l’écoute, à travers la découverte d’une Présence, nous nous ouvrons, par la prière, au dialogue, à la communion avec le Seigneur.

C’est de là que naît notre parrhésie dans la prière : elle est confiance, audace, liberté à se tenir devant Dieu, à lui parler avec franchise, en attendant sa réponse, qui est toujours en même temps un jugement prononcé sur notre vie. Ainsi nous est donnée la makrothymia de Dieu, la capacité de porter un regard ample, un sentiment vaste, une pensée large sur toute chose, sur chaque créature, même la plus misérable, même celle qui est le plus marquée par le péché et le plus blessée dans sa ressemblance avec Dieu.

Celui qui prie devient dioratique : il devient capable de voir « au-delà », de voir en profondeur ; il reconnaît que tout est grâce, que tout est don de Dieu, et –en Dieu – il assume les entrailles de miséricorde de Dieu, même face au mal et au péché qui contredisent l’agapè. Mais comment prier ?

Le Talmud enseigne que toute bénédiction dans laquelle le Nom divin n’est pas mentionné est nulle, et toute bénédiction qui n’évoque pas la royauté de Dieu est invalide (bBerakhot 40b). Aujourd’hui les chrétiens savent parler de Dieu, mais savent-ils aussi, comme les générations chrétiennes passées, parler à Dieu ?

Pour conclure, disons qu’en ce moment crucial de la vie de la Côte d’Ivoire, la prière elle-même devient une épreuve, et plus on prie, plus se déchaînent les ennemis, ces forces irrationnelles et hostiles à Dieu qui habitent les profondeurs non encore évangélisées du cœur. Il faut alors s’exercer à la persévérance, prier sans se lasser, attendre les temps de Dieu, et si l’on ne parvient plus à prier, continuer à offrir, quoiqu’il en soit, avec l’aridité de notre cœur, la présence de notre corps, sans voix et rebelle à la fatigue de la prière. Evitons donc de faire automatiquement de l’action une prière, et surtout, ne séparons pas la prière et l’action, la vie de foi et la pratique du monde, en délégant la vie de foi et la pratique du monde, en déléguant la prière aux moines ou aux solitaires contemplatifs.

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mardi 12 avril 2011

VICTOIRE A LA PYRRHUS

VICTOIRE A LA PYRRHUS

Mon cher camarade, Laurent (et ma chère camarade Simone) !

Encore une fois, te voilà retourné en prison, ensemble. Cette lettre que je t’ écris, en cette heure très grave de la vie de notre jeune nation, tu ne la recevras peut-être jamais, et tu ne la liras peut-être jamais. N’étant ni un de tes militants, ni un jeune patriote mais, un homme de Dieu, qui t’a beaucoup lu et qui a épousé ton combat, je n’ai que ma prière, à t’offrir, et j’ai décidé de veiller avec toi, ce soir, de ton jeudi saint, à Gethsémani, avant ton martyr demain, en souvenir de ton ancêtre, le Diacre St Laurent.

Ce soir, mon cher Laurent, tu as été arrêté comme un malfaiteur, torturé, humilié, ridiculisé, trahi par les nombreux Judas de ton entourage immédiat et renié par les nombreux Pierre. Des zélotes ont essayé de te défendre, ils ont été, pour les uns égorgés, pour d’autres brûlés vifs ou fusillés et on t’accuse d’être Hitler, toi la victime, tu es devenu le bourreau. Gethsémani a sonné pour toi, au jardin du Golf Hôtel, ce soir tu es seul…mais avec la terre entière et Dieu est à tes côtés. Demain tu seras conduit à Pilate et il se lavera les mains…Tu seras condamné et on te préférera Barabbas. Tu as marché dignement vers la mort pour te livrer à eux. Personne ne t’a arrêté. Tu n’as pas cherché à fuir, comme on l’avait annoncé, en Mauritanie, en Angola, ou en Afrique du Sud ou même aux Etats-Unis.

Cette victoire à la Pyrrhus, la France l’a eue, avec peine et sueur : le doute a commencé à la gagner : ses hélicoptères tombaient les uns après les autres, et des Soldats français étaient tués à la régulière, au combat. La France qui a nié avoir participé au combat, brandit actuellement, son trophée. Mais elle a utilisé la même propagande qu’en Irak, inventant mensonges après mensonges : pseudo-bombardement de l’Ambassade du Japon, puis montage d’images pour l’exfiltration du diplomate japonais, pseudo-bombardement de la résidence de l’Ambassadeur de France, puis démenti, enfin, bombardement du Golf Hôtel, pour se faire elle-même hara-kiri. Tout cela, à l’arme lourde. Et le coupable, c’est Gbagbo. Comme autrefois, Saddam Hussein, pour les armes de destruction massive qui sont devenus selon Hans Blix des Armes introuvables (Fayard 2004).

Aujourd’hui, les Ivoiriens ont le droit de savoir, qu’ils ont été manipulés de bout en bout, dans cette crise par les Etats-Unis d’Amérique, ce sont eux, le Père de la Rébellion en Côte d’Ivoire. Par la France interposée, ils ont financé cette rébellion, et entretenu le flou dans cette guerre depuis le début. A présent que tous les masques sont en train de tomber, à propos de la crise actuelle en Côte d’Ivoire, commencée depuis le 18 Septembre 2002, qu’il me soit permis de relire l’essai du Prof. Mamadou Koulibaly, la guerre de la France contre la Côte d’Ivoire en l’intitulant autrement : la guerre des Etats-Unis contre la Côte d’Ivoire. Le gangster international d’Etat, selon Max Allan Collins, American Ganster se nomme Etats-Unis d’Amérique. Ensuite, il faudrait écrire comment les Etats-Unis ont organisé la rébellion en Côte d’Ivoire. Tout ceci s’explique par un mot magique, la communauté internationale derrière laquelle se cachent les Etats-Unis. Par communauté internationale, j’entends, « les acteurs intervenant sur la scène internationale »(Sous le Dir. D’Olivier Nay, Lexique de science politique. Vie et institutions politique, Paris, Dalloz 2008, p. 78) Il s’agit d’un terme imprécis, entré dans le langage commun, auquel recourent les dirigeants politiques et les journalistes.

Selon les contextes et les locuteurs, la communauté internationale renvoie à l’ensemble des Etats membres des Nations Unies, tantôt à la diversité des acteurs publics et privés présents sur la scène internationale. Dans d’autres contextes, il désigne simplement les membres du G8, ou bien, et c’est encore plus vague – l’ensemble des pays développés. A d’autres moments, il permet d’évoquer, de manière plus restrictive encore, le Conseil de sécurité de l’ONU, voire les seuls membres permanents.

Autant dire que l’emploi de ce mot « joker » revêt un certain intérêt diplomatique – notamment dans les négociations – car son caractère très approximatif permet de concilier les points de vue divergents et d’atteindre ainsi plus facilement des positions de compromis. Néanmoins, si cette inconsistance conceptuelle joue bien comme un atout politique, elle rélève en revanche du vide épistémologique et heuristique. A ce titre, cette expression ne saurait être mobilisée au plan scientifique.

D’une manière générale, la notion apparaît éminemment idéologique, car elle postule l’existence d’une entité homogène, solidaire, unie par les mêmes intérêts, les mêmes valeurs et recourant aux mêmes pratiques. Or la politique internationale se caractérise bien au contraire par de nombreux clivages (Nord/Sud, Sud/Sud, Etats de Droit/régimes autoritaires, etc…), d’importantes disparités et une grande hétérogénéité des acteurs qui disposent chacun de répertoires d’action, de représentations et d’intérêts spécifiques, mettant ainsi en œuvre des diplomaties très différentes.

Dans cette communauté internationale, je voudrais m’intéresser au cas particulier des Etats-Unis. Cette guerre que veulent nous imposer les Etats-Unis, est liée au pétrole. Car selon Michel Bugnon-Mordant, le golfe de Guinée attire, lui aussi, les stratèges américains. (Etats-Unis, la manipulation planétaire, Lausanne, Favre, 2003, p. 260). Le but de cette guerre est clair : 25% des importations américaines de pétrole devront provenir de cette région en 2015, contre 15% en 2001. La Côte d’Ivoire, la Guinée, mais aussi le Nigéria, le Gabon et l’Angola sont donc dans la ligne de mire d’une prochaine mainmise de Washington sur la région car le Président Gbagbo ne se montre pas suffisamment coopératif. Le coup d’Etat de Septembre 2002 a été mis au point, selon notre auteur, par une influence étrangère (Etats-Unis, Grande Bretagne, France) (p.260). Il s’agit, selon notre auteur, d’un atout décisif aux pétroliers américains, face à une concurrence rude. Ainsi les Ivoiriens sont en danger devant ce péril potentiel grave que constituent, les Etats-Unis d’Amérique.

C’est le même argument que développent Jean-Pierre Favennec et Philippe Copinschi quand ils écrivent les nouveaux enjeux pétroliers en Afrique. Selon eux, l’Afrique est un fournisseur des Etats-Unis en matière de pétrole et un acteur clé (Politique africaine n°89, la Côte d’ivoire en guerre. Dynamiques du dedans, dynamiques du dehors, Karthala, 2003, p. 131). Pour nos auteurs, c’est dans les années 1960 et 1970 que la région du Golfe de Guinée a intégré le paysage pétrolier mondial. Certes, les réserves y restent limitées à l’échelle globale : avec 3,1% des réserves mondiales et 5,3% de la production, l’Afrique subsaharienne n’est pas un continent majeur pour les réserves et la production de pétrole et de gaz. Mais, depuis la fin des années 1980, le Golfe de Guinée est devenu l’une des destinations favorites des investisseurs pétroliers internationaux et la production y est en forte croissance : le pétrole – bien qu’en offshore – est relativement facile à produire et il est de bonne qualité. La région est en outre bien située par rapport aux marchés consommateurs d’Europe et des Etats Unis.

La mise en exploitation d’un gisement de pétrole et de gaz naturel permettra dorénavant de réduire considérablement le coût de l’énergie en Côte d’Ivoire dès 1995. La production d’énergie connaîtra une croissance de 7,51% en 1995 après une hausse de 4,5% en 1994. La Côte d’Ivoire a assuré aujourd’hui son autonomie énergétique et alimente la sous-région en énergie électrique, en pétrole raffiné et en gaz butane. La production nationale en pétrole permet de réduire significativement les importations de pétrole brut et réalise une économie d’environ 12 milliards par an. Concernant la production des hydrocarbures, les importantes découvertes de gisements pétroliers et gaziers permettent à la Côte d’Ivoire de produire environ 40.000 barils par jour pour le pétrole et 3 millions de mètres cubes par jour pour le gaz. L’extraction du gaz des gisements Panthère et Lion, et l’exploitation des différents champs pétroliers et gaziers tels que Espoir, Bélier, Fox-trot, permettent d’augmenter substantiellement la production d’énergie électrique à partir des centrales thermiques à gaz et de baisser à terme les coûts de production de l’énergie électrique. Comment le pétrole ivoirien déchaîne les passions américaines et européennes ?

Les Etats-Unis, aux dires de Bugnon-Mordant, apparaissent de plus en plus comme un facteur de désordre international, entretenant, là où ils peuvent, l’incertitude et le conflit. (p. 7). Ils sont militaristes, oppressifs et faussement libéraux. (p. 7). La volonté de dominer la planète est inscrite dans le patrimoine génétique américain. (p. 8). Dans ce djihad américain, les élections du 28 Novembre 2010, en Côte d’Ivoire, sont une véritable aubaine pour le Président Obama. La suite, vous la savez.

Je vais devoir m’arrêter, à présent, pour prier, et confier à Dieu, le Président Gbagbo et son épouse. Il y avait un film qui avait pour titre, The Dead Man Walking. On l’avait traduit en français, par « la dernière marche ». Je trouvais la traduction mauvaise et ai proposé : « la dernière marche de celui qui va mourir ». Gbagbo est en train de marcher vers sa mort. Je me réjouis déjà, car il est déjà en train de ressusciter en nous, dans nos cœurs, dans nos vies. Il a eu une vie réussie, au sens où le définit Luc Ferry. C’est un moment nietzschéen : une vie réussie, comme vie la plus « intense » !

Père AKE Patrice Jean

Curé de St jacques des 2 Plateaux Abidjan

dimanche 10 avril 2011

LE DISCOURS DU PRESIDENT ALASSANE OUATTARA

LE DISCOURS DU PRESIDENT ALASSANE OUATTARA

Monsieur le Président,

Je prends la liberté de vous écrire cette lettre, pour vous dire combien j’ai été séduit par votre discours, antidaté, après la guerre qui se poursuit encore au moment où je suis en train d’écrire. Vous comprenez que le philosophe que je suis, ne peut mener cette calme activité de l’esprit que dans un climat de paix et de quiétude. J’avais l’intention, à la suite de Pierre Fontanier, d’analyser les figures du discours, mais j’ai vite déchanté car Marie-France Cyr m’a obligé de vous dire la vérité sur le mensonge. A la fin Schopenhauer, dans l’Essai sur le libre arbitre m’a invité à ne pas faire de choix, à la manière de l’âne de Buridan, entre ce que vous présentez aux Ivoiriens dans un plateau (le blocus du Président Gbagbo dans un périmètre de sa résidence) et dans un autre plateau (les différentes mesures que vous avez prises pour que la Côte d’Ivoire retrouve une vie normale).

Souffrez, Monsieur le Président, que je sois pour vous un cajoleur, aux dires du Prof. Joseph Nyasani, in Confounding features of Africa car la flagornerie affecte le cajoleur et le cajolé de la même façon et dans une proportion inverse. Je serai alors cette personne, qui d’une manière générale, lorsqu’elle parle, ne peut pas faire mieux que de voler bas dans la pensée, une personne en faillite de décence ordinaire, une personne, ordinairement heureuse et résignée à vendre son destin et son âme, au Président que vous êtes. Vous le méritez, car vous l’affirmez avec insistance,  : « Vous avez porté votre choix sur ma modeste personne », « (Le) Panel,…les conclusions de ses travaux qui réaffirment mon élection à la Présidence de la République », « le Conseil de Sécurité des Nations Unies reconnaît également mon élection », « Du Sud, du Nord, de l’Est, de l’Ouest, du Centre, que vous soyez chrétiens, musulmans ou de toute autre confession, que vous ayez voté pour moi ou pas… » « Je renouvelle encore aujourd’hui mon serment d’être le Président de tous les Ivoiriens, d’être le protecteur de toutes les populations vivant dans notre beau pays.. » En fin, la dernière « Je vous ai promis un grand pays en cinq ans. » Après cette litanie, je voudrais vous dire, sauf votre respect, Monsieur le Président, que vous êtes, un politicien, au sens noble du terme, c’est-à-dire un menteur. Le politique, pour, Les Maîtres de vérité dans la Grèce archaïque, n’est pas une catégorie, ni un domaine, comme pourrait l’être l’éthique ou l’ontologie. Le politique avec ses rituels de fondation, ses dieux, son autonomie articulés à tant de pratiques, n’existe pas. Volatilisé, sans traces, inutile et inconnu, le politique, au sens devenu vulgaire, et même très vulgaire, est couvet de mépris.

Monsieur le Président, je voudrais m’attarder, sur l’ambiguïté de vos paroles. Marcel Détienne l’affirme, la politique, c’est le monde de l’ambiguïté, une pratique qui exige une âme douée de pénétration et d’audace, et naturellement apte au commerce des hommes. Elle exige les qualités intellectuelles qui définissent le prudent, car elle se déploie dans le même milieu des affaires humaines, milieu où rien n’est stable, milieu mouvant, double et ambigu. Excellence, vous êtes un technicien du logos, un instrument et un moyen d’agir sur les Ivoiriens. Vous apparaissez comme quelqu’un qui logifie l’ambigu et qui fait de cette logique l’instrument propre à fasciner l’adversaire, capable de faire triompher le plus petit sur le plus grand. La fin de la politique est la persuasion (peitho), la tromperie(apatè). Au cœur d’une Côte d’Ivoire fondamentalement ambiguë, vos techniques mentales vous ont permis de maîtriser les Ivoiriens par la puissance même de l’ambigu. Vous êtes, Monsieur le Président pleinement un homme de la doxa. Platon a raison de vous tenir pour un maître d’illusion qui présente aux Ivoiriens à la place du vrai des fictions, des simulacres et des idoles que vous les faites prendre pour la réalité. Pour vous, en effet, l’art suprême est de dire des pseuda …etmoisin homoia. Sur ce plan de pensée, il n’y a donc à aucun moment place pour l’alètheia. Alors la véritable question que je vous pose, à la suite de Ahoué Djié est celle-ci : « Et si Alassane Ouattara n’avait pas gagné les élections ? » (Harmattan Avril 2011)

Monsieur le Président, vous souffrez, sauf votre respect du syndrome de Pinocchio. J’explique, l’idée même du syndrome de Pinocchio, a été lancée à l’Assemblée Nationale de Montréal, au Canada, par un député qui tentait d’exprimer sa pensée tout en contournant un tabou absolu dans la langue de bois des élus où le mot menteur, ses synonymes et dérivés sont interdits. Votre discours manque de crédibilité sur quelques points que je voudrais rapidement relever : d’abord, vous parlez d’un blocus qui a été établi autour du périmètre de la résidence présidentielle du Président Gbagbo. Il n’en est rien. Ensuite, vous affirmez que vous vous êtes entretenu ce matin avec le Général Kassaraté, Commandant Supérieur de la Gendarmerie Nationale et le Général Brindon, Directeur général de la Police Nationale. Ici, également, je me permets de vous dire tout simplement, qu’à défaut de vérifier cette information, je tiens à vous dire mon étonnement. Une question que je voudrais vous posez : « Avez-vous confirmé ces deux Généraux dans leurs fonctions, puisque les FDS sont devenus des ex-FDS ? » Si oui, alors « reconnaissez-vous l’autorité qui les a nommés ? » Ce que je ne crois pas. Car, votre discours le disqualifie complètement par des allusions.

L’allusion consiste à faire sentir le rapport d’une chose qu’on dit avec une autre qu’on ne dit pas, et dont ce rapport même réveille l’idée. Un exemple : « Monsieur Laurent Gbagbo et son clan ». Le mot clan ici, suggère que Monsieur Gbagbo n’est pas un démocrate, mais un chef de clan. A un autre endroit, vous employez « Forces Républicaines », suivies de « Forces Armées Nationales » et « des Forces Armées des Forces Nouvelles ». Ici, je m’étonne également : Est-ce que les Forces Armées des Forces Nouvelles ne font pas partie des Forces Armées Nationales ? Peut-être avez-vous voulu parlez des Forces de Défense et de Sécurité, que vous avez qualifié de ex-Forces de Défense et de Sécurité. Un lapsus qui en dit long. Je m’étonne aussi chaque fois de ces rebaptêmes. Nous sommes partis, des MPCI, des MPIGO et des MJP pour devenir des Forces Nouvelles, là où les autres disaient tout simplement Rebelles. Aujourd’hui ces Forces Nouvelles sont devenues Forces Républicaines de Côte d’Ivoire. L’enjeu de cette dénomination serait la République. Qu’est-ce donc que la République ? L’idée de République au sens où l’entend Juliette Grange est un engagement risqué en faveur de la liberté de la part de ses défenseurs au XIXè siècle ; elle semble devenue un poncif, une banalité, un repoussoir. Je ferme la parenthèse. Monsieur le Président, revenons à nos Généraux. Sachant néanmoins que vous leur vouez une haine exécrable, à ces Généraux et au clan Gbagbo, je doute fort que vous ayez communiqué avec eux. Car la communication est coupée avec eux depuis longtemps. A moins que quelqu’un d’autre l’ait fait à votre place. Alors j’éviterai d’employer les « Je, Moi, Mes, Ma, Mon » qui sont trop présents dans votre discours (j’ai compté, vous avez employé 35 Fois), pour les « Notre, Nous, Nos »(15fois). Nous vous l’avons reproché lors de votre mémorable débat télévisé, vous montrez une trop grande propension à vous mettre en valeur là où vous gagnerez à vous effacer, un peu. Mais peut-être est-ce là aussi le propre du menteur, mentir pour se mettre en valeur ? On dit de certaines personnes qu’elles rabaissent les autres pour mieux s’élever. C’est le cas du mensonge de faire-valoir qui sert à rehausser l’image de soi tout en dénigrant l’autre. Par exemple, en parlant du Président Gbagbo « A cause du refus du Président sortant Monsieur Laurent Gbagbo et de son clan… » « Le Président sortant a continué de multiplier les actes de défiance et de violations graves des droits de l’homme, en massacrant, à l’arme lourde, des populations civiles ». tandis que vous, vous êtes, « Le Président de tous les Ivoiriens », « le Protecteur de toutes les populations vivant dans notre beau pays » et surtout le Président reconnu par tous (CEDEAO, Union Africaine, Panel de haut Niveau, Conseil de Sécurité des Nations Unies, les Ivoiriens du Sud, du Nord, de l’Est, de l’Ouest, du Centre, des chrétiens, des musulmans ou de toute autre confession », « les Forces Républicaines » tandis que Gbagbo est le Président des gens de l’Ouest seulement et des ex-Forces de défenses et de sécurité » et n’est pas reconnu à l’étranger.

Sans le mensonge, disait Anatole France, la vérité périrait de désespoir et d’ennui. Il y a des personnes qui passent leur temps à exagérer pour épater la galerie, qui divise par deux ou trois tous les exploits : « J’ai instruit le Gouvernement », « Je me suis entretenu avec les Généraux… », « j’ai demandé au Président de la CIE et de la SODECI », « J’ai saisi le Gouverneur de la BCEAO… », «  J’ai demandé que les sanctions de l’Union Européenne » , « J’ai également instruis le Ministre des Mines et de l’Energie » Merci Monsieur l’Hyper-président ! Mais une dernière injonction ne comporte pas de « Je » mais « un blocus a été établi »…Est-ce une incapacité, l’aveu d’une impuissance ou une délégation des compétences de l’Hyper-président aux « Forces Impartiales » ? Je voudrais revenir encore une fois aux Généraux.

Quand vous parlez d’eux en les nommant, est-ce que cela fait partie de votre plan d’embrouille, où vous essayez de déstabiliser l’ennemi en essayant d’acheter les consciences, d’affirmer des mensonges…Vous essayez cette combinaison de ruse, de surprise et de démoralisation. Une guerre psychologique, en somme, faite de rumeurs, d’intoxication. Vous voulez semer la discorde chez l’ennemi ; subvertir et corrompre chez l’adversaire Gbagbo, tous ceux qui peuvent l’être, particulièrement chez les Généraux. Beaucoup ont mordu à l’hameçon, mais pas tous…

Aussi, le professeur et romancier Jean Gervais, dans les Mensonges de Simone n’a-t-il pas prétendu qu’il est inévitable que les politiciens mentent, car ils ne pourraient pas demeurer au pouvoir s’ils disaient la vérité. Il ajoute que nous sommes responsables de leurs mensonges puisque nous préférons nous faire bercer d’illusions plutôt que d’entendre des vérités déprimantes. Par exemple : « je vous ai promis un grand pays en cinq ans. Un pays de paix et de prospérité. Ensemble nous le réaliserons. Faites-moi confiance. »

Accorderez-vous votre confiance à un politicien qui admet qu’il a été élu par la communauté internationale et qu’il a bourré les urnes pour gagner les élections ? Habituellement, nous votons pour ceux qui nous proposent des solutions, même si celles-ci sont inefficaces ou ne règlent rien à long terme. Le mensonge serait au fondement même de la politique. Le bienfait qu’il procure – donner espoir – permet de l’accepter. De plus, dans tous les Etats du Monde, la sécurité nationale passe au-dessus de l’obligation morale de dire la vérité. En temps de guerre surtout, les mensonges constituent une arme contre l’adversaire. (De) La propagande, selon Noam Chomsky, est cette campagne massive de bourrage de crâne, dont les Etats-Unis sont devenus des orfèvres et qui peut faire pâlir Goebbels de jalousie. Je n’ai malheureusement plus confiance en la classe politique ivoirienne, particulièrement en vous, Monsieur le Président. J’ai peur de vous. L’enfant à qui l’on ment se sent trahi. Celui en qui il mettait toute sa confiance se révèle être un menteur, un imposteur, un tricheur. Ce constat peut laisser des blessures permanentes : l’enfant peut commencer à se replier sur lui-même et en venir à douter de ses perceptions.

A la place du mot paix que vous employez une ou deux fois dans votre discours, vous privilégiez le mot « pacification ». Je reviens à votre texte : Premier moment « C’est dans ce contexte, que les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, créés par ordonnance du 17 Mars 2011 et composées des Forces Armées Nationales et des Forces Armées des Forces Nouvelles ont entrepris, conformément à leur mission, d’intervenir pour protéger les populations civiles, pacifier le pays… ». Deuxième moment : « dans le cadre de cette action, l’intérieur du pays a été pacifié ». Troisième moment : « depuis leur entrée dans la ville d’Abidjan, le jeudi dernier, les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire ont été rejointes par leurs frères d’armes des ex-forces de Défense et de sécurité, pour entreprendre la pacification de la ville et le retour à l’Etat de droit dans notre pays ». Y a-t-l une différence entre pays et pacification ?

Pacifier, vient de pax, pacificare et veut dire rétablir la paix et le calme. Cette pacification a une part liée à la violence et des modèles de pacification s’offrent à nos yeux, Monsieur le Président : la pacification du Sanwi en 1962 et celle du Canton Guébié en 1970 qui aurait fait 4000 victimes. Pacifier, comme vous le savez, Monsieur le Président, c’est choisir le parti de la violence.

Je vais conclure : S’il m’était donné de choisir, d’un côté entre « maintenir le Président Gbagbo dans un périmètre de sécurité » et de l’autre, toutes les mesures prises par vous, « pour maintenir le maintien de l’ordre et la sécurité des biens, des personnes et de leurs déplacements », « l’acheminement des médicaments vers les hôpitaux et les centres de santé », « la réouverture de la BCEAO et de ses agences en Côte d’Ivoire, en vue d’assurer une reprises des opérations dans toutes les banques et permettre le règlement des salaires et des arriérés de salaires dans les plus brefs délais », « la mise en route de notre raffinerie, la SIR et d’assurer dans l’intervalle un approvisionnement régulier du marché en gaz et en carburant », l’âne de Buridan est appelé à choisir. Mais connaissez-vous l’âne de Buridan et le choix qu’il a été amené à faire ?

Buridan est ce scolastique qui est né à Béthune vers 1300, et qui est mort après 1358. Il est à l’origine d’un argument selon lequel un âne, d’autres versions parlent d’un homme, « entre deux mets placés à pareille distance/Tous deux d’égal attrait, l’homme libre balance/Mourant de faim avant de mordre à l’un des deux ». Aristote, lui-même exprime déjà cette pensée, lorsqu’il dit, dans le De caelo, « Il en est comme d’un homme ayant très faim et très soif, mais se trouvant à une distance égale d’un aliment et d’une boisson : nécessairement il reste immobile. Monsieur le Président, Buridan vous prévient que le peuple ivoirien préférera mourir de faim et de soif, plutôt que de vous choisir. Il est surtout dans la quête du sens. Est-ce parce qu’il est un âne ou parce qu’il veut vous montrer qu’il est devenu majeur et que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu  »

Dans ses Méditations pour les temps difficiles, Paul Brunton nous dit : « Etant pris dans le désordre bruyant du monde, maintenez le calme intérieur. Face à la laideur, songez à la beauté. Lorsque quelqu’un se montre bestial ou brutal en votre présence, faites preuve de raffinement spirituel et de bienveillance à son égard. Mais, par-dessus tout, quand le monde alentour vous semble enténébré et sans espoir, rappelez-vous que rien ni personne n’a le pouvoir d’éteindre la lumière du Soi supérieur, qu’elle ne tardera pas à luire de nouveau en votre vie, aussi sûrement que le printemps succède à l’hiver. »

DR AKE PATRICE JEAN

pakejean@yahoo.fr

mercredi 6 avril 2011

UNE LECTURE DE LA RESOLUTION 1975 (2011) du Conseil de Sécurité des Nations Unis en 3 Remarques

UNE LECTURE DE LA RESOLUTION 1975(2011) du CONSEIL DE SECURITE DES NATIONS UNIES EN TROIS REMARQUES

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La résolution 1975(2011), adoptée par le Conseil de sécurité à sa 6508è séance, le 30 mars 2011, est l’argument juridique principal qu’ont utilisé l’ONUCI et la force Licorne pour bombarder la Côte d’Ivoire dans la nuit du 4 Avril au 5 Avril 2011. Neuf véhicules blindés(légers, porte-roquettes, transport de troupes, quatre canons anti-aériens, vingt pick-up) ont été détruits. Et la France de se réjouir par la voix d’Alain Fillon : « La France peut être aujourd’hui fière d’avoir participé à la défense et à l’expression de la démocratie en Côte d’Ivoire ». Mais qu’est-ce qui autorisent la France et les Etats-Unis à agir ainsi, au mépris du droit international ? L’argument avancé est celui de « neutraliser les armes lourdes contre les populations civiles ». Et ces frappes résultent d’une demande urgente du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon au Président Sarkozy. La Mafiafrique a pris le relais de la Françafrique.

1) PREMIERE REMARQUE

D’abord, je voudrais faire remarquer à l’armée de la coalition internationale (dont la Licorne et l’ONUCI sont les bras séculiers) et qui combat depuis toujours aux côtés des rebelles, que le camp d’Agban gendarmerie, n’est pas une zone de guerre, mais un camp convivial où vivent paisiblement enfants, jeunes, femmes et époux, et où des infrastructures sociales (écoles, centres de santé, et habitations de famille) se trouvent. L’église catholique Ste Géneviève et la mosquée se trouvent à cent mètres l’une de l’autre et le presbytère des prêtres jouxte l’église. Déjà en 2002, ce camp a payé un lourd tribut de la guerre en Côte d’Ivoire. Les commandants de ce camp ont été égorgés en plein sommeil…9 ans après, d’autres gangsters au col blanc prennent pour cible des enfants (une fillette de 15 ans, membre de la chorale des enfants a été fauchée en pleine journée alors qu’elle tentait de se mettre à l’abri), des maisons(le bâtiment C a été complètement détruit), des véhicules calcinés… Biens et Personnes ont été pris pour cible par des avions Puma déchaînés, qui lâchaient sans répit de centaines de balles et des roquettes. Ces armes ont été lancées de loin, vers un camp, complètement coupé d’eau et d’électricité depuis plusieurs jours. Les personnes qui tentaient de sortir des maisons pour s’acheter de quoi manger étaient abattues par des snippers embusqués. Il y a un autre objectif poursuivi par cette opération de guérilla. Cette guérilla, en tant que tactique militaire, avait pour but de harceler l’armée régulière mais est surtout une expédition punitive contre la gendarmerie qui a toujours manifesté ouvertement sa loyauté vis-à-vis de la République.

2ième REMARQUE

Une deuxième remarque s’impose à moi ; c’est que cette crise ivoirienne est une façon pour l’Européen de traiter le noir, son Autre avec mépris. Les ivoiriens sont traités aujourd’hui encore comme des bêtes, des gens pauvres, des bestiaux bref comme des indigènes et des primitifs. Nous assistons, sous nos yeux, à une recolonisation de la France de la Côte d’Ivoire, et cette entreprise est vue par la classe politique française comme une œuvre salvatrice. Les ivoiriens sont donc des sous-hommes, et la France argue comme preuve les différents charniers découverts (Duékoué, Guitrozon, Abobo, Anonkoakouté). Ce sont des ivoiriens qui ont brûlé et massacré d’autres ivoiriens, qui les ont étranglés et incendié leurs habitations. Au nom de la civilisation occidentale, la Licorne, va se servir d’hommes sans foi ni loi, la Légion étrangère, pour éradiquer ses mœurs barbares. Mais on ne met pas fin à un conflit en prenant position aussi ouvertement ? Comment peut-on rester dans les fourmis magnans pour enlever les fourmis magnans ? N’est-ce pas aussi au nom de la loi de sang selon laquelle un sans pur ne doit pas être contaminé, que leurs ressortissants ont été mis à l’abri au 43ième BIMA ? Mais un Spartacus a sonné la révolte des esclaves…

3ième REMARQUE

Une troisième remarque, la résolution 1975 ne dit rien du droit international, mais traduit une volonté de puissance européocentrée (France, Etats-Unis…), en ce sens que la guerre que nous fait l’ONUCI et la LICORNE est une guerre injuste. Cette guerre cache les mensonges de Choï, le représentant spécial de BAN-KI Moon et de toute la communauté internationale et de ses dirigeants, expose les méandres de leur hypocrisie et traduit l’hommage que le vice rend à la vertu. Aujourd’hui l’n ou l’autre camp politique compte ses morts. Mais seuls les morts peuvent être comptés. Peut-o, mesurer les valeurs de l’indépendance d’un pays par rapport à la valeur des pertes éventuelles en vies humaines nécessaires à sa défense ?

La France est intervenue directement en Côte d’ivoire mais elle doit savoir que les changements de régime dans un pays sont l’œuvre des individus qui vivent sous ses lois et qui sont également ceux qui supportent les coûts du changement et les risques d’échec. La non-intervention ne cède le pas à la proportionnalité que dans le cas de massacre ou de famine et d’épidémie provoquée à des fins politiques. Ce qui n’est pas encore le cas en Côte d’Ivoire. L »action se justifie alors, bien mieux, elle s’impose comme un devoir, sans considération pour l’idée de souveraineté.

Je parlais, tout ç l’heure de loi injuste, je vais être précis. Ici, les Français tombent bêtement dans le jeu des rapports de force. Là, pour reprendre un philosophe allemand, la vie est volonté de puissance ou essentiellement effort vers plus de puissance. Le droit est foulé aux pieds par la force. La Licorne (la Légion étrangère) ne veut pas respecter le Conseil Constitutionnel de la Côte d’Ivoire mais veut imposer de force un Président, lequel sera le tissu de forces complexes, rebaptisées forces républicaines de la Côte d’Ivoire, qui s’entrecroisent, de conflits multiples (IB contre Wattao), dont l’enjeu est le pouvoir et son accroissement.

Pour conclure : la résolution 1975 est une volonté d’éterniser l’équilibre de puissance présent à condition qu’on en soit satisfait. Cette résolution est un simple reflet de rapports de forces et comme appareil idéologique destiné à mystifier les dominés en dissimulant des relations historiques de puissances sous les apparences. En Côte d’Ivoire, la LICORNE et l’ONUCI réduisent le champ juridique international en champ de tir, une violence euphémisée par la résolution 1975. Cette résolution montre qu’elle n’est pas plus un état de paix que le résultat d’une guerre gagnée : elle est la guerre elle-même, et la stratégie de la guerre en acte. Mais Sun Tse dans l’art de Guerre, nous met en garde : « Toujours, vous cacherez à vos adversaires l’état dans lequel sont vos troupes : parfois, vous ferez répandre le bruit de votre faiblesse, ou vous feindrez la peur pour que l’ennemi cédant à la présomption et à l’orgueil, ou bien vous attaque imprudemment, ou bien, se relâchant de sa surveillance, se laisse lui-même surprendre. »