LES CONFESSIONS DE ST AUGUSTIN(Suite2)
St Augustin évoque les principaux événements de sa vie comme des conversions dans les Confessions. Au livre III, il raconte l'une de ses conversions en ces termes:" C'est en telle compagnie que, dans cet âge encore sans consistance, j'étudiais les manuels d'éloquence, désirant y exceller dans le dessein condamnable et frivole de goûter les joies de la vanité humaine. Or, en suivant le cycle normal des études, j'en étais arrivé au livre d'un certain Cicéron, dont on admire plus généralement la langue que le coeur."(1) Ce passage rappelle sa lecture de l'exhortation de Cicéron à la philosophie: l'Hortensius, à l'âge de 18 ans, au début de ses "études universitaires". Les commentateurs ont été surpris par la réaction extraordinaire de St Augustin, le jeune génie, à la lecture d'un ouvrage mineur d'un philosophe secondaire. Mais, à l'époque de St Augustin, il ne faut pas oublier que l'éducation se faisait essentiellement à partir de Cicéron. De plus, l'Hortensius apporte à St Augustin un avertissement, au sens technique du terme: l'exhortation de Cicéron sert d'occasion à l'introduction à la vie philosophique a été durable pour St Augustin.
L'Hortensius a été le livre de référence à Cassicianum: St Augustin a utilisé le livre qu'il l'avait tant marqué à l'âge de 18 ans comme un document pour enseigner aux étudiants du même âge l'expérience et la capacité de réflexion. Comme le livre est perdu, les ouvrages de St Augustin sont les principales sources pour retrouver des fragments ou des extraits de l'Hortensius et ils jouent un rôle majeur dans toute tentative pour reconstituer l'ouvrage. Les catégories de pensée de Cicéron, en particulier le fait que tous cherchent le bonheur et que la philosophie est un chemin de vie dans la recherche de la vérité, restent marquée dans l'esprit de St Augustin jusqu'à la fin de sa vie. La rencontre de l'Hortensius a amené St Augustin à lire la Bible, de la même manière que la rencontre des libri platonicorum, rapportée au livre VII des Confessions l'a amené à lire St Paul. Toutefois, à l'âge de 18 ans, il s'éloigna de la Bible, car il trouvait que son style ne correspondait pas aux canons de la rhétorique cicéronienne.
Un tel orgueil intellectuel a amené St Augustin au manichéisme, une religion orientale, fondée par Mani, qui disait qu'il était lui-même prophète et même l'Esprit Saint lui-même. Cette secte eut une grande influence sur les cercles aristocratiques du IVè siècle en Afrique du Nord. Si St Augustin adhère à la secte, où il resta comme auditeur pendant neuf à onze ans, c'était parce qu'elle prétendait lui donner une explication rationnelle du monde, indépendamment de la foi, ainsi qu'une théorie déterministe du monde, indépendamment de la foi, ainsi qu'une théorie déterminsite du mal. Quelque neuf ans plus tard, demeurant fidèle à ses principes, St Augustin rejeta le manichéisme, précisément parce qu'il ne pouvait pas lui donner les explications promises. A son époque, et même aujourd'hui, St Augustin est accusé de crypto-manichéisme, essentiellement parce qu'il opte de manière ambiguë pour le dualisme. En fait, il y avait des manichéens clandestins à l'intérieur de l'Eglise catholique, mais St Augustin n'en faisait pas partie. Il s'opposa, au contraire, à de telles accusations dans les Confessions et dans les autres ouvrages. Le manichéisme présente la mythologie philosophique, la méthodologie théologique et la pseudo-exégèse scripturaire que St Augustin s'est attaché à réfuter tout au long de sa carrière et en particulier dans les quinze années qui ont suivi sa conversion au christianisme. Jusqu'au XXè siècle, St Augustin était la principale source pour connaître le manichéisme. Aujourd'hui diverses sources confirment qu'il a donné une description juste, bien qu'incomplète, de la pensée manichéenne. Une telle description avait pour fonction chez St Augustin de réfuter le manichéisme, non d'en donner un exposé théologique.
A suivre
Dr AKE Patrice Jean
Maître-Assistant de Philosophie à l'UFR-SHS de l'Université de Cocody
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- AUGUSTIN(St).- Les Confessions III,4,7-9, (Paris, Belles Lettres 1926)
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