vendredi 25 janvier 2008

LIBERALISME ET HUMANITE

JOURNEE PHILOSOPHIQUE 23 JANVIER 2008 A L’UCAO-UUA

MOT DE FIN DU VICE-PRESIDENT DE L'UCAO-UUA

Monsieur le Doyen de la Faculté de Philosophie de l'UCAO-UUA

Monsieur Augustin Dibi Kouadio, Professeur Titulaire à l’Université de Cocody et à l’UCAO-UUA

Messieurs les Enseignants des Universités (Catholique de l'Afrique de l'Ouest Unité Universitaire d'Abidjan, de Cocody, de Bouaké),

Révérends Pères, Révérendes Sœurs et Frères,

Chers amis étudiants et étudiantes

Chers invités,

Clôturer une journée aussi riche en enseignements, n’est-ce pas mettre prématurément un terme à la philosophie ? Mais peut-on fermer la philosophie, quand nous la savons, comme la science, par principe, inachevée ? Les Grecs considéraient la recherche comme une activité en mouvement. Ce qui vient d’être livré toute cette journée, a le désir du savoir universel, la force explosive de la volonté de vérité, mais en même temps, il s’agit d’un effort de pensée qui n’a pas encore sa forme définitive, et qui a besoin d’être révisé en repartant des fondements.

Nous voulons une fois encore remercier l’UCAO-UUA et son Président, le Révérend Père TOSSOU Raphaël, qui a dégagé les moyens financiers conséquents pour l’organisation de cette journée (restauration, logistique…) ; remercier le Révérend Père Zacharie BERE, Doyen de cette Faculté et son Conseil, ainsi que tous les enseignants, les étudiants et les étudiantes.

La journée a été d’un très haut niveau intellectuel. D’abord, en allant aux sources du libéralisme, le Révérend Père BERE Zacharie a donné l’acte de naissance du libéralisme dans la Déclaration des droits de l’homme de 1789. En effet, selon le conférencier, 1789 fonde la première version libérale de la démocratie politique : la liberté politique, selon les textes, s’accorde avec l’égalité et la liberté des aptitudes juridiques. Puis le Père Doyen nous a appris qu’à l’origine, le libéralisme est une philosophie politique dont 1789 apparaît comme la consécration solennelle. Au milieu du XVIIè siècle, John Locke se faisait déjà l’argent défenseur des droits universels, droits dont il soulignait qu’ils plongent leurs racines dans la nature de l’homme, ce qui contraint du même coup les gouvernements à les reconnaître et à les protéger. Le père BERE n’a pas manqué de nous dire que la liste des pères fondateurs du libéralisme politique (Spinoza, Locke, Descartes, Milton) est assurément longue. Bien que leur inspiration philosophique diffère, tous s’accordent sur les traits caractéristiques de la société libérale.

Ensuite le conférencier a fait un clin d’œil au libéralisme économique et aux physiocrates Quesnay, puis Adam Smith qui ont fondé la doctrine économique libérale. Enfin il a parlé du libéralisme éthique. Cet exposé riche en informations et en profondeur a été suivi d’un deuxième, donné par le Révérend Père AFAN, sur les sources chrétiennes du libéralisme.

Après avoir relevé l’équivoque du mot libéralisme, le Père AFAN a montré sa préférence pour le libéralisme américain qui est, selon lui, pour le progrès social et la liberté des mœurs. Ce libéralisme s’impose au libéralisme européen. Mais sa problématique a été de savoir si les chrétiens étaient des anti-libéraux. Le Père AFAN a organisé sa démarche en trois étapes : la première s’attarde sur la liberté au sens traditionnel chrétien, la seconde sur le libéralisme des humanistes et la troisième sur le rapport entre libéralisme et christianisme. Selon le frère dominicain, malgré les circonstances conjoncturelles qui les opposent, christianisme et libéralisme poursuivent des buts parallèles, mais l’éthique biblique a révélé l’ontologie fondamentale au monde. Cette conférence brillante et passionnante clôturé la matinée.

L’après-midi s’est ouvert avec la conférence de M. OUATTARA Azoumana sur le thème « L’Afrique au défi du libéralisme ». Le conférencier a questionné les habitus communautaires des sociétés africaines qui ont trouvé place et justification dans le socialisme africain. Celui-ci a marqué l’histoire moderne de l’Afrique. Ce paradigme communautaire a écarté les valeurs liées par le libéralisme. La question qui se pose alors est de savoir si le NEPAD est une redécouverte du libéralisme ou un stratagème en direction des investisseurs. Cet exposé magistral et pertinent nous a ouverts les voies de l’universel par une quatrième conférence : « l’avenir du libéralisme dans la mondialisation ».

Ici, M. AKPOUE Clément s’est interrogé sur l’avenir du libéralisme, fondé sr la liberté individuelle dans un monde qui tend à s’unifier, voire à s’uniformiser. Il pense que cet avenir se dessine à travers le débat entre Mondialistes, anti-Mondialistes et alter-Mondialistes. Cette conférence dense et lumineuse a mis en dialogue ces trois courants et tiré la conclusion.

Faut-il conclure ? Les Anciens ne le faisaient pas sans risque. Ils craignaient la jalousie des dieux. A leur suite, posons-nous une simple question : dans quelle mesure les philosophes antiques ont-ils eu conscience que leurs jugements n’avaient qu’une valeur provisoire et qu’il fallait les dépasser, poursuivre leurs recherches en plus de profondeur pour étreindre davantage la réalité. Certains d’entre eux qui ont passé leur vie entière à philosopher et composé des œuvres philosophiques, ont eu l’impression que leurs œuvres de jeunesse étaient reprises par celles de leur vieillesse et les doctrines qu’ils ont expressément professées vers la fin de leur vie étaient celles qu’ils avaient soutenues autrefois.

La réflexion sur « Libéralisme et Humanité » doit se poursuivre, sur ce je ne déclare pas close la porte de la journée philosophique. Je préfère l'entrebâiller, je vous remercie.

Père AKE Patrice Jean, pakejean@hotmail.com

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