lundi 21 avril 2008

SEMINAIRE SUR JACQUES MARITAIN3

PHILOSOPHIE  CHRETIENNE DE L'HISTOIRE

          Les considérations sur le déterminisme et la liberté en histoire permettent en outre certaines prévisions chronologiques relatives à la réalisation de l'idéal historique d'une chrétienté nouvelle. L'effort de ceux qui travaillent à une nouvelle chrétienté ou bien permettra à la liquidation d'un monde trop chargé d'antinomies pour durer, de s'accomplir comme une crise de croissance sans faire passer les hommes par des expériences trop cruelles; ou bien fera, si la catastrophe doit venir, que la nuit sera du moins traversée de quelques rayons de la future aurore.

3. DES INFLUENCES SURNATURELLES A l'OEUVRE DANS L'HISTOIRE DE LA CULTURE

          Au-dessus des forces naturelles et culturelles, il y a des forces surnaturelles et transculturelles de la grâce qui les guident, les illuminent et les soutiennent. Dans le christianisme, elles atteignent leur maximum d'intensité et par conséquent leur plus haute possibilité de rayonnement sur l'histoire culturelle.

1. Le christianisme ou l'Eglise

          Le christianisme ou l'Eglise, Royaume qui n'est pas de ce monde, tend par surcroît à illuminer les formations culturelles et politiques et à Susciter ainsi des chrétientés.

"Ce mot chrétienté, tel que Jacques Maritain l'entend ici, désigne un certain régime commun temporel dont les structures portent, à des degrés et selon des modes fort variables du reste, l'empreinte de la conception chrétienne de la vie. Il n'y a qu'une vérité religieuse intégrale; il n'y a qu'une Eglise catholique; il peut y avoir des civilisations chrétiennes, des chrétientés diverses."(1)

          Le plus formidable bouleversement culturel qui se soit jamais produit, il n'est pas dû à un événement culturel, mais à un événement transculturel, à savoir le lever du christianisme au-dessus de l'horizon de l'histoire...Le problème de la place de l'homme dans l'univers, le problème des rapports de la grâce divine et de la liberté humaine, le problème enfin de l'attitude pratique de la créature devant sa destinée, comment le chrisianisme, en faisant passer de la pénombre dans la lumière ces trois problèmes qui caractérisent les civilisations, et en obligeant les hommes à se prononcer à leur propos, n'aurait-il pas influencé le cours de l'histoire humaine plus puissamment que n'importe quelle découverte géographique ou technique?

          Les principes du christianisme, appliqués sous un ciel historique donné, ont suscité la chrétienté médiévale; comme ensemble, elle est périmée et Olivier Lacombe refuse de "solidariser le christianisme avec une formation culturelle aujourd'hui finie"(2) De la même façon, il refuse "d'autre part toute formation culturelle hostile au christianisme."(3) Car il sait que "les mêmes principes du christianisme, dont la richesse est infinie, sont capables, sous un ciel historique nouveau, par une application transposée et analogique, de susciter une chrétienté nouvelle, elle aussi transposée et analogique"(4)

          Dans Humanisme Intégral, Jacques Maritain renchérit sur la chrétienté, en ces termes:

          "Aujourd'hui, dans l'ordre de la philosophie de la culture ou  de la civilisation, nous avons affaire, d'une part à des conceptions d'inertie univociste qui s'attachent à ce qu'il y a précisément de mort dans l'idéal temporel de la chrétienté médiévale, d'autre part à toute une idéologie de décomposition révolutionnaire qui s'élève contre l'idée même de chrétienté. Nous pensons qu'ici encore la vérité doit être cherchée comme un sommet entre deux erreurs opposées. C'est vers l'instauration d'une véritable et authentique chrétienté, fidèle aux principes immuables de tout ordre temporel vitalement chrétien, et pure de toute erreur provenant de l'idéologie antichrétienne et de ce que nous appelions à l'instant de dissolution dépensive, que nous devons nous orienter; mais vers une chrétienté, réalisant selon un type spécifiuement différent de celui du moyen âge les exigences immuables d'une vie temporelle chrétienne, qui sont des exigences analogiques et non pas uniqvoques. Pris dans son essence, l'idéal médiéval d'une société sacrale chrétienne n'est pas mauvais, puisqu'il a été bon. Mais existentiellement il correspond à quelque chose de fini. S'il nous est permis d'employer d'une façon paradoxale le langage de la métaphysique dans le registre de la philosophie de l'histoire, disons que cet idéal ou cette image prospective a été vraiment une essence, c'est-à-dire un complexe intelligible capable d'existence et appelant l'existence, mais qu'à présent et par rapport à l'existence concrète et datée de l'âge historique où nous entrons, ce n'est plus qu'un être de raison conçu ad instar entis, et capable d'exister." (5)

          Cela est clair. Trop clair même pour n'être pas incommode et ne pas se changer aux yeux de certains - partout la même sorte de gens - en idoisi veri. Voilà pourquoi il ajoute encore:

"Loin de nier ou de négliger aucun des principes éternels invoqués par l'Eglise, je me suis appliqué dans mes livres à la fois à justifier les modes de réalisation qu'une époque sacrale comme le moyen-âge a donnés à ces principes (là-dessus certains m'ont accusé de vouloir retourner au temps de Grégoire VII), et à montrer que notre époque demande d'autres modes de réalisation des mêmes principes; je ne dis pas (absit) l'abandon de ces mêmes principes, abandon qui est à la racine des erreurs du libéralisme! Je dis tout le contraire, car appliquer un principe est le contraire de l'abandonner! Là est toute la confusion que la calomnie met à l'oeuvre contre moi."(6)

2. Impulsion sécrète du christianisme dans la culture

          Ce n'est pas seulement son idéal historique concret qu'une culture reçoit du christianisme, c'est encore une impulsion secrète qui la jette hardiment en avant dans l'aventure de l'histoire. Oh, sans doute le chrétien ne sera jamais à la hauteur du christianisme. Selon, Jacques Maritain,

"Le chrétien aura toujours tendance à se reposer trop tôt, -comme s'il pouvait, le malheureux, se reposer ailleurs que là où son Dieu est cloué. La faiblesse humaine cherche à dormir; quand ce n'est pas le doute du vieux stoïque humaniste, ce sont les vérités éternelles qu'elle prend pour oreiller. S'il n'est pas tenu en éveil par une communion douloureuse avec tous les souffrants et les maudits de la vie terrestre, le chrétien risque de dormir sur l'amour même qu'il a reçu.

Mais enfin le christianisme est tout le contraire d'un tel sommeil. Le christianisme authentique a en horreur le pessimisme d'inertie; il est pessimiste et profondément pessimiste en ce sens qu'il sait que la créature est tirée du néant; mais son optimisme est incomparablement plus profond que son pessimisme parce qu'il sait que la créature vient de Dieu et que tout ce qui vient de Dieu tend à Dieu. Un humanisme réellement chrétien n'immobilise pas l'homme, pour le bien comme pour le mal, à aucun moment de son évolution; il sait que non seulement dans son être social, mais dans son être intérieur et spirituel, l'homme n'est encore qu'une ébauche nocturne de lui-même, et qu'avant d'atteindre à sa figure définitive - après le temps - il devra passer par bien des mues et des renouvellements. Car il y a une nature humaine immuable comme telle, mais c'est précisément une nature en mouvement, la nature d'un être de chair fait à l'image de Dieu, c'est-à-dire étonnamment progressif dans le bien et dans le mal. Et il y a des vérités éternelles immuables comme telles, mais qui précisément contraignent lhistoire à faire surgir sans cesse des climats nouveaux, pour qu'elles puissent réaliser sous des formes diverses leurs virtualités dans le temps et dans les choses du temps.

S'il est vrai que le mal et le malheur seront toujours aux prises avec l'homme, c'est sous des formes nouvelles et en révélant de nouvelles profondeurs; car la mort elle-même change de visage avec le temps. Et le bien et la joie révéleront aussi jusqu'à la fin ds profondeurs nouvelles. S'il est vrai que la loi du conflit créateur s'imposera toujours à l'homme, c'est pour passer à des formes supérieures de paix active et d'intégration transfiguratrice. S'il est vrai que le coeur de l'homme souffrira toujours de l'angoisse de la béatitude, ce n'est pas parce que l'homme serait condamné à stagner toujours ici-bas dans une vie étroite et misérable, c'est parce que la vie la plus large et la plus abondante sera toujours quelque chose de petit, comparée aux dimensions de son coeur."(7)

3. L'action exercée par le christianisme à partir du haut 

          Pour avoir une idée complète du rôle du christianisme à l'égard du progrès social et du mouvement contrasté de l'histoire, il faut considérer à la fois l'action exercée par lui à partir du haut, c'est-à-dire à partir des initiatives de l'Eglise enseignante; et l'action exercée par lui, à partir du bas, c'est-à-dire, à partir des initiatives chrétiennes au sein de la conscience profane; les croyants agissent alors non en tant que croyants et au nom de l'Eglise, mais en tant que membres de la cité terrestre, en tant que citoyens qui ont à lutter pour un idéal temporel et à s'engager, à leurs risques et périls individuels, dans le combat pour la justice sociale et le progrès de la civilisation. A propos de ces progrès sociaux, Maritain pense qu"

"(ils) s'accomplissent ainsi (et) supposent à la fois certaines possibilités techniques et une plus ou moins longue maturation morale. Il en a été ainsi pour l'abolition de l'esclavage antique. Cette abolition était conditionnée d'une part par certains progrès techniques...D'autre part, ce n'est pa en vertu d'une loi que l'Eglise aurait promulguée en matière sociale temporelle, c'est en vertu d'un lent développement vital que le christianisme a peu à peu évacué de la conscience morale, la nécessité de l'esclavage, et l'a finalement évacuée de l'existence."(8)

          En matière sociale, l'Eglise a produit des Encycliques mais celles-ci ne sont pas toujours bien acceptées. Pourtant malgré ces résistances, ce enseignement

"apparaît de fait comme la plus puissante dont soit capable au monde un enseignement désarmé, - désarmé et d'autant plus prestigieux"(9)

          L'historien est ainsi appelé à distinguer les trois zones de réalisation de cet enseignement.

  • La première : les tentatives opérées par certains chefs d'Etat catholiques pour faire des maximes des encycliques le programme immédiat d'une reconstruction politique ou nationale à effectuer par voie d'autorité. C'est celle qui comporte le plus grand risque de déception: Exemple l'Autriche devant l'Ansschluss.
  • La deuxième: l'influence exercée sur la législation des divers Etats, soit par des hommes qui s'inspirent directement des encycliques, soit par un effet indirect de celles-ci: Exemple M. Léon Blum utilisant les projets de lois des députés catholiques.
  • La troisième: l'action que les enseignements de l'Eglise exercent sur la masse des catholiques du monde entier. Zone de réalisation la plus vaste, la plus indéterminée, la plus féconde.

          Les actions du haut et du bas doivent se rejoindre, et agir en constant accord. Malheureument très souent il y a distance et dyschronie ou parfois opposition entre elles Et Olivier Colombe de dire son dépit:

"C'est là une inévitable rançon de la condition d'un monde dont la tension et le conflit sont une des lois, et où par surcroît règne la division religieuse, et où le mal a sa part. D'une façon générale, la fidélité rigoureuse à la plus pure vérité et l'efficience passionnée dans les combats du monde et les plus grandes conquêtes temporelles se rencontrent rarement dans les mêmes hommes et dans les mêmes régions de l'effort humain."(10)

 

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1) Humanisme Intégral, p. 144

2) LACOMBE(Olivier).- "Philosophie chrétienne de l'histoire" dans Jacques Maritain. Son Oeuvre Philosophique. Revue Thomiste, LVI è Année, Tome XLVIII, n° I-II (Paris, Desclée de Brouwer 1948), p. 43

3) LACOMBE(Olivier).- "Philosophie chrétienne de l'histoire" dans Jacques Maritain. Son Oeuvre Philosophique. Revue Thomiste, LVI è Année, Tome XLVIII, n° I-II (Paris, Desclée de Brouwer 1948), p. 43

4) LACOMBE(Olivier).- "Philosophie chrétienne de l'histoire" dans Jacques Maritain. Son Oeuvre Philosophique. Revue Thomiste, LVI è Année, Tome XLVIII, n° I-II (Paris, Desclée de Brouwer 1948), p. 43

5) Humanisme Intégral, , p. 223.

6) El Diaro Illustrado, Santiago, 6 Mai 1944, dans Raison et raisons, p. 260

7) Humanisme Intégral, pp. 65-66

8) L'Eglise et le progrès social dans Raisons et raisons, pp. 300-312.

9) LACOMBE(Olivier).- "Philosophie chrétienne de l'histoire" dans Jacques Maritain. Son Oeuvre Philosophique. Revue Thomiste, LVI è Année, Tome XLVIII, n° I-II (Paris, Desclée de Brouwer 1948), p. 45.

10) LACOMBE(Olivier).- "Philosophie chrétienne de l'histoire" dans Jacques Maritain. Son Oeuvre Philosophique. Revue Thomiste, LVI è Année, Tome XLVIII, n° I-II (Paris, Desclée de Brouwer 1948), p. 46.

LES CINQ PREUVES THOMISTES DE L'EXISTENCE DE DIEU1

Le Compendium theologiae

           Nous distinguons les dates des deux parties du Compendium: la première date des années 1265-1267 et la seconde du retour de Naples(1272). Ce livre est sans doute avec le Contra gentiles un des parallèles les plus proches de la prima via de la Summa.

Le commentaire des Physiques

          Avant dernière réplique de la prima via, la recherche de l'existence de Dieu dans le Commentaire des Physiques conforme une date proche de la prima pars de la Summa. L'usage de l'acte et de la puissance y est présent, calquant apparemment de près la prima via de la Summa, le tout avec un souci d'intégrer la pensée d'Aristote face aux données de la Révélation ou de la foi.

Le commentaire des métaphysiques

          En raison de sa longueur, ce commentaire est difficile à dater. Il reste assez proche de la prima via de la Summa. C'est un texte important car St Thomas semble y affirmer assez clairement la justification essentielle de la non-régression à l'infini: l'antériorité de l'acte sur la puissance. St Thomas fait ainsi aboutir la démonstartion d'Aristote au livre XII (Mét. A), en utilisant cette antériorité de l'acte sur la puissance ainsi que toutes les données de Physiques VIII. Sa reconnaissance des liens qui unissent acte et fin lui permet de mettre en valeur toute l'originalité d'Aristote. La méthodologie semble de ce point de vue très analogue à la prima via. Ce commentaire présente un intérêt historique important. Il est le dernier lieu des oeuvres d'enseignement universitaire de St Thomas. Or, dans cette dernière recherche rigoureuse, tout l'effort de l'intelligence de l'existence de Dieu est axé sur l'antériorité de l'acte sur la puissance.

Le commentaire de l'évangile de st Jean

          Ce commentaire qui a été écrit pendant la période de maturité vers 1270-1272, expose dans son prologue quatre voies, dont la première est appelée la plus efficace. Mais alors que Stéphane-Marie Barbellion s'attend "à une reprise de la prima via de la Summa, (il retrouve) l'argument de la finalité dans les êtres qui appelle l'existence d'une intelligence."(1). Les qutres raisonnements, quant à eux, sont utilisés plutôt pour établir les manières d'être de Dieu comme l'éternité, la conjonction de l'esse et de l'essence, la vérité ou l'infinité. Il est donc intéressant de voir la cinquième voie de la Summa proclamée "la plus efficace" dans la dernière partie de la vie du Doctor communis. L'optique est-elle ici davantage pastorale? Ou l'explicitation des notions d'acte et de puissance est-elle à l'origine de ce nouvel ordre dans la conception de St Thomas?

          Trois autres arguments sont encore données, fondés respectivement sur le plus et le moins dans la mutabilité (la voie du mouvement est donc reléguée en deuxième position et mêlée à la méthodologie de la quarta via de la Summa);puis la participation et enfin la vérité qui est toujours plus large que ce que le particulier peut atteindre. Le quatrième argument est très intéressant pour relire la quarta via de la Summa, car il est original par rapport à tout ce que Barbellion a rencontré chez l'Aquinate. Et voilà pourquoi il se pose cette question en définitive: "Existe-t-il une voie pour le vrai"?(2)

Le commentaire de l'épître aux Romains

          Ce commentaire a été écrit de la main même de St Thomas, lors de sa deuxième période parisienne entre 1272-1273. Il résume les trois voies classiques. Dabord la via causalitatem, c'est-à-dire la voie de causalité, est présentée comme étant celle qui s'enracine sur notre défectibilité et qui conduit à un principe indéfectible. Puis la voie d'éminence (appelée ici via excellentiae) qui profite de la voie causale pour essayer de contempler Dieu. De même pour la troisième voie (negationis). Ce passage aura aussi une grande importance pour saisir ce qui importe le plus en fin de carrière chez l'Aquinate. La voie causale est la seule qui atteigne l'existence de Dieu. Les autres voies ne font que pousser la voie causale dans ses conséquences. Notons aussi que cette interprétation est déjà présente dans la Summa. Enfin, l'un des derniers regards de l'Aquinate sur l'expérience de base est celle de notre limite.

Le commentaire sur le Symbole des Apôtres ou Credo

          Ce commentaire qui date du carême 1273, est d'un style à portée plus pastorale. Il aura donc moins d'intérêt pour nous. L'Aquinate propose d'abord de laisser les arguments subtils pour prendre un exemple populaire où revient l'argument de l'ordre (une maison rangée qui implique une cause) et celui du plus et du moins dans la beauté et la noblesse. Les quatrième et cinquième voies de la Summa ont donc pris encore plus d'importance. Est-ce parce qu'elles sont plus connaturelles à l'esprit humain, lequel est intelligence et volonté, et est donc finalisé par le vrai et le bien? A ce titre, ce commentaire s'accorde bien avec l'argumentation des deux commentaires précédents.

Le commentaire sur les psaumes, XIII,1

          Ce commentaire qui est rattaché à la période terminale de l'Aquinate est considéré comme inachevé en raison de la maladie et de la mort de son auteur. Son intérêt réside dans la référence à St Anselme ou à St Jean Damascène pour expliquer en quoi est insensé celui qui dit: "Dieu n'existe pas" Pour Barbellion, "il nous semble que nous sommes en face d'une tentative d'assomption de la démonstration anselmienne: il est effectivement impossible de penser Dieu comme n'existant pas, s'il s'agit de Dieu en lui-même."(3). En ce qui concerne la connaissance de Dieu par rapport à nous, l'Aquinate est plus réservé: cette connaissance est naturelle mais il ne va pas jusqu'à dire qu'elle est évidente. Il convient donc d'assumer l'analyse d'Anselme dans un sens précis Barebellion pense qu' "on ne peut nier l'existence de Dieu secundum se, c'est-à-dire dans la mesure où l'on a pu atteindre sa réalité, et atteindre  cette réalité ne peut se faire que dans la vision béatifique où nous verrons Dieu tel qu'il est."(4) Telle est en tout cas la raison que donne l'Aquinate dans le texte parallèle du commentaire du De trinitate de Boèce.

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1) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les Preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de St Thomas d'Aquin (Paris, Cerf 1999), p.  233

2) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les Preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de St Thomas d'Aquin (Paris, Cerf 1999), p.  235

3) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les Preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de St Thomas d'Aquin (Paris, Cerf 1999), p.  239

4) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les Preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de St Thomas d'Aquin (Paris, Cerf 1999), p.  240.

samedi 19 avril 2008

STATUTS DE L'UNIVERSITE CATHOLIQUE DE L'AFRIQUE DE L'OUEST(UCAO)/UNITE UNIVERSITAIRE D'ABIDJAN(UUA)

UCAOUUA8UCAOUUA7 PREAMBULE

          L'Unité Universitaire d'Abidjan-Cocody (UUA, ex ICAO) dont l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest(UCAO) est "extension et un approfondissement de l'expérience issue de sa création"(Préambule des Statuts de l'UCAO), conforméments aux Articles 42 et 43 de l'UCAO se donne les statuts suivants:

1. NAISSANCE DE L'I.S.C.R.

          L'Institut Catholique de l'Afrique de l'Ouest(ICAO) était, au départ dénommé Institut Supérieur de Culture Religieuse (I.S.C.R.). Il avait été créé pour répondre à un besoin de formation ressenti à la suite de plusieurs sessions organisées en divers pays de l'Afrique de l'Ouest. L'heure des indépendances avait sonné: un tournant décisif de l'histoire du Continent Africain était en train de s'opérer. L'Eglise africaine se devait d'être présente à ce rendez-vous.

          Conçu en 1965, le projet fut adopté en 1967. L'Assemblée plénière de la Conférence Episcopale Régionale de l'Afrique de l'Ouest(CERAO) en traça le canevas avec le concours de l'Abbé J. Orchampt, alors Directeur Adjoint de l'Institut Supérieur de Pastorale et de Catéchèse(ISPC) de Paris. Dès septembre 1968, l'ISCR ayant à sa tête le même Abbé Orchampt, accueillait ses premiers étudiants, au nombre de 24 (9 prêtres, 11 religieuses, 1 grand-séminariste, 1 frère, 2 enseignants laïcs). L'Institut, avec la présence des missionnaires, prenait dès les premiers instants de son existence son caractère d'internationalité qu'il maintiendra dans sa suite.

          Inauguré officiellement le 7 Mars 1969, en présence de son Excellence Mgr Benelli, Substitut à la Secrétairie d'Etat et envoyé spécial de Sa Sainteté le Pape Paul VI, de plusieurs Cardinaux, Archevêques, Evêques et Prêtres de divers pays, ainsi que des personnalités gouvernementales du pays, l'ISCR avait alors pour objectif la formation spécifiquement catéchétique des étudiants.

          En 1971, l'Abbé de Souza du Diocèse de Cotonou (Bénin) succède comme Directeur à l'Abbé J. Orchampt, nommé Evêque Auxiliaire de Montpellier en France.

2. LE POIDS DES EVENEMENTS SUR L'EVOLUTION DE L'I.S.C.R

          Mais, à l'image même de l'évolution accélérée du Continent, l'Institut sembla rapidement ne plus répondre entièrement aux besoins des Eglises confrontées au phénomène du réveil des cultures africianes. Ce sursaut de l'homme noir, remarqué surtout parmi l'élite, constituera une des motivations les plus profondes qui, à partir de 1970, amèneront la CERAO à la décision de transformer l'I.S.C.R de manière à en faire un organe ployvalent capable d'assurer aux étudiants une formation diversifiée de qualité.

          Cinq années d'études, laborieuses mais soutenues, furent nécessaires pour permettre au nouveau projet d'entrer dans sa phase de réalisation.

3. NAISSANCE DE L'I.C.A.O.

          Ainsi, à partir d'Octobre 1975, l'I.S.C.R. devint-il un complexe de trois U.E.R. (Unité d'Etude et de Recherche): une Faculté de Théologie, un Institut de Pastorale et de Catéchèse et une Ecole Normale de Catéchistes.

          Ce Complexe fut inauguré les 14 et 15 Février 1976, en présence de Mgr Benelli, Substitut à la Secrétairie d'Etat, de Mgr Lourdusamy, Secrétaire de la Congrégation pour l'Evangélisation des peuples, de plusieurs Cardinaux, Archevêques, Evêques et Prêtres, de Représentations des organismes d'aide, ainsi que des personnalitésgouvernementales du pays.

4. LA CREATION DE L'U.C.A.O.

          La création de l'U.C.A.O. est une initiative des Evêques de la CERAO répondant aux attentes des populations. Elle correspond aux nouvelles dimensions de la mission éducative de l'Eglise en Afrique au niveau universitaire.

          Elle constitue:

  • Une base d'évangélisation des intelligences en Afrique,
  • Une extension et un approffondissement de l'expérience issue de la création de l'Institut Catholique de l'Afrique de l'Ouest (ICAO) par la même Conférence,
  • Une institution académique tutelle pour l'ensemble des structures et filières de formation de niveau universitaire existantes, ou à créer, relevant de l'Enseignement Privé Catholique de l'ensemble de la CERAO,
  • Un réseau universitaire délivrant des diplômes de valeur internationale sur la base d'activités d'enseignement et de recherche axées sur les réalités locales sans omission de l'environnement international.

          Par sa nature de réseau d'unités universitaires installées dans différents pays, selon des options spécifiques, l'UCAO a pour vocation de couvrir le champ le plus large possible des sciences et de la technologie avec le plus grand souci d'efficience et de fidélité au dialogue entre la raison et la foi.

          L'UCAO délivre tous ses diplômes, sous son propre sceau, aussi bien pour les unités universitaires constituantes que pour les structures de niveau universitaire qui lui sont affiliées.

          La perspective de création d'une Université Catholique, à l'échelle des territoires de la CERAO, a été exprimée au cours de la réunion du Conseil Permanent de la CERAO de février 1995. Une étude du projet a été décidée par le Conseil et confiée notamment à une Commission Consultative, en étroite collaboration avec es experts de la Conférence Episcopale Italienne (C.E.I)

          Le principe de création de l'UCAO a alors été adopté par la CERAO au cours de l'Assemblée Plénière de la Confrénce tenue à Dakar, du 4 au 9 février 1997.

          En son Assemblée Plénière de Conakry, tenue entre le 1er et 6 février 2000, la Conférence Episcopale crée l'Université Catholique de l'Afrique de l'Ouest (UCAO) comme Unité de Droit Pontifical sans limitation de durée, à l'échelle des pays de la CERAO.

          Compte tenu des exigences de l'esprit collégial de la conduite pastorale de l'UCAO, la CERAO invite les Présidents et Membres des Conférences Episcopales, ainsi que tous ceux qui se réclament de l'Université Catholique, à orienter leurs initiatives dans le sens de la mise en commun des ressources de tous genres.

A suivre...

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LA PROTECTION DES DROITS DE LA FEMME NON COMBATTANTE EN PERIODE DE CONFLITS ARMES

LE CAS DE LA COTE D'IVOIRE

          Il s'agit d'un Mémoire de Maîtrise en Droit Public(Option carrière administrative) soutenu par Mlle OSNOU-YOBOUET  Youw Cynthia-Michèle L.), sous la direction du Dr DASSE Francine. Le Jury était présidé par le Rév. Père AKE Patrice et avait pour examinateur Dr SORO. Par cette étude, l'impétrante part du constat que dans les conflits armés africains, les femmes sont plus exposées que les hommes, aux tortures, aux viols, du fait de leur fragilité naturelle. or cette partie de la population a des droits qui relèvent du droit humanitaire qu'il lui faut connaître (cela suppose une bonne information, et une bonne sensibilisation). Ces droits exercent ainsi une protection de la couche sensible de la poulation, mais dans la pratique, la femme est toujours lésée. Tel est le bilan que ce travail observe en définitive. La Côte d'Ivoire est partie aux Conventions de Génève de 1949 ainsi quà leurs protocoles additionnels de 1977, à la Convention de 1993 sur les armes chimiques et au traité d'Ottawa de 1977, ratifié en Juin 2000. Ce pays n'a pas encore ratifié le protocole à la charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples relatif aux Droits de la Femme. de Juillet 2003.

1. LE CADRE JURIDIQUE DE LA PROTECTION DES DROITS DE LA FEMME EN PERIODE DE CONFLIT ARME

LA PROTECTION INTERNATIONALE

          Le droit International Humanitaire vise la protection des droits de l'homme, spécifiquement, les droits de conflit armé. En cas de circonstances exceptionnelles telles que les dangers publics exceptionnels menaçant l'existence de la nation (Pactes internationaux de l'ONU de 1966 art. 4) ou encore (Convention européenne des droits de l'homme de 1950 art. 15), ce droit est applicable. Les règles de son application sont aussi simples, détaillées et spécifiques: il n'y a pas de distinction entre les différents types de protections. En ce qui concerne la femme, la protection est essentiellement l' oeuvre des convention de Genève (Convention IV relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre du 12 Août 1949) et de ses deux protocoles additionnels du 8 Juin 1977. Au niveau général, cette protection repose sur des principes comme la non-discrimination(1), le droit à la vie(2), le traitement humain(3),  le droit de n'être tenu ni en esclavage, ni en servitude(4) et le droit à la légalité des délits et des peines et des garanties judiciaires(5)

LA PROTECTION SPECIFIQUE

          En plus de la protection générale, la femme bénéficie d'une protection spécifique. Ainsi, "la femme est spécialement protégée contre toute atteinte à son honneur, et notamment contre le viol, la contrainte à la prostitution, et tout attentat à la pudeur"(6). En temps de guerre, le régime de faveur accordé aux femmes enceintes et aux mères d'enfants de moins de 7 ans doit être respecté. Elles "doivent bénéficier de tout traitement préférentiel qui est accordé aux catégories correspondantes"(7). En plus "les femmes internées ne doivent être fouillées que par des femmes"(8).

AU NIVEAU REGIONAL
LA CHARTE AFRICAINE DES DROITS DE L'HOMME ET DES PEUPLES

          Cette charte a été adoptée à la XVIIIè Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement en Juin 1981 à Nairobi au Kenya. Elle contient les principes de base de la protection(9). Elle énonce en outre que "toute personne a droit à la vie et à l'intégrité physique et morale de sa personne"(10). L'interdiction de la torture, des peines et des traitelments cruels, inhumains ou dégradants figure dans cette charte.(11)

LA PROTECTION SPECIALE ACCORDEE AUX PERSONNES NON COMBATTANTES

          Au niveau de la protection spécifique accordée aux femmes en Afrique nous avons le Protocole de la Charte des Droits de l'Homme et des Peuples relatif aux Droits de la Femme en Afrique de Juillet 2003. Ici aussi, "toute femme a droit au respect de la dignité inhérente à l'être humain, à la reconnaissance et à la protection de ses droits humains et légaux"(12). En outre, "les femmes ont droit à une existence paisible et le droit de participer à la promotion et au maintien de la paix"(13).

LA PROTECTION INTERNE

          Le Préambule de la Constitutution Ivoirienne du 1er Août 2000 dit son adhésion à la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et à la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples. Le corps de la Constitution fait mention des droits inaliénables et intagibles comme le droit à la vie(14), au libre et égal accès à la justice(15). D'autres textes de lois et de décrets sont utiles pour notre thème.

La première loi est le N° 98757 su 23 Décembre 1998 portant répression de certaines formes de violence à l'égard des femmes. Elle vise aussi à protéger les femmes contre les mutilations génitales.

La Loi N° 2004-403 du 3 Mai 2004 portant création de la Commission Nationale des Droits de l'Homme de Côte d'Ivoire.

          Les textes réglementaires sont plus abondants que les textes de lois:

Le Décret N° 91-887 du 27 Décembre 1991 portant adhésion de la Côte d'Ivoire à la Charte Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples.

Le Décret N° 91-888 du 27 Décembre 1991 portant publication de la Charte Africaine des Droits de l'Homme

Le Décret N° 2003-199 du 3 Juillet 2003 portant sur l'organisation du Ministère des Droits de l'Homme en Côte d'Ivoire.

2. LA MISE EN OEUVRE INSUFFISANTE DE LA PROTECTION DES DROITS DE LA FEMME EN PERIODE DE CONFLIT ARME

          Mlle OSNOU  constate avec beaucoup de regret que malgré les textes, la protection aurait dû être plus efficace, mais elle est en pratique insuffisante car ces textes ne sont pas appliqués pendant les conflits. Elle révèle "qu'un contingent marocain de casques Bleus de l'ONCI a été suspendu le Vendredi 20 Juillet 2007 pour présomption d'abus sexuel et d'exploitation sexuel à l'encontre des femmes y compris de mineurs à Bouaké"(16) Cette décision est conforme à la politique de tolérance zéro des Nations Unies en matière d'exploitation et d'abus sexuels. Toutefois, comme le souligne le rapport de la Ligue Ivoirienne des Droits de l'Homme (LIDHO), "ces actes, récurrents, dans le Système des Nations Unies sont associables à la liberté et à l'aisance illimitées dont jouissent les composantes civiles et militaires des Nations Unies en zones de conflit" (17).

Un tableau récapitulatif vient nous éclairer sur la situation des droits de la femme (Enquête sur les personnes déplacées internes (PDis) dans la zone gouvernementale) effetcuée par le Ministère de la Solidarité et des Victimes de guerre) (MSVG)

Tableau B1: Importance relative des violences commises sur les femmes déplacées selon les lieux des délits (%)

Lieux de délits A domicile Dans la rue Au cours d'un déplacement En détention Autre
Viols 78,9 0,0 36,7 34,4 0,0
Violences Physiques 51,5 19,7 40,0 11,4 1,2
Menaces verbales 63,8 17,9 41,0 14,1 1,5
Vols/Pillages 85,3 8,9 17,7 10,0 0,4
Autres 23,7 33,3 70,9 0,3 0,4
          LES SOLUTIONS ENVISAGEABLES

          Devant le caractère limité de la répression tant au niveau des mécanismes au niveau international, qu 'au niveau national, notre impétrante propose des solutions suivantes:

  • La prévention des conflits
  • La prévention de la dégradation du conflit
  • La valorisation de l'apport des organisations non gouvernementales
  • La prévention post-conflit
LA BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES GENERAUX

DAVID (Eric), TULKENS Françoise, VANDERMEERSCH Damien.- Code de Droit International Humanitaire: Textes Réunis au 1 er Mars 2002 (Bruxelles 2002), 750p.

CICR.- Le Droit International Humanitaire, CICR (2001) 32p.

OUVRAGES SPECIFIQUES

KAUDJHIS (Offoumou Françoise).- Droits de la Femme en Côte d'Ivoire (Abidjan, S.D. ) 291p.

KRILL (Françoise).- La protection des droits de la femme dans le Droit International Humanitaire (Genève CICR 1985), 30p.

LALANE (Françoise).- Droits des femmes (Paris, First 1994), 190p.

LYNDSAY (Charlotte).- Les femmes face à la guerre: étude du CICR sur l'impact des conflits armés sur les femmes (Genève CICR 2002), 304p.

SCIOTTI( Lam Claudia).- Droit de l'application des traités internationaux relatifs aux droits de l'Homme (Bruxelles, Institut René Cassin 2004), 704 p.

ARTICLES

ASSI (Rose de Lima).-  "L'adoption du protocole à la charte africaine des droits de l'homme et des peuples relatif aux droits des femmes: un pas important dans la lutte contre la discrimination à l'égard des femmes en Afrique dans La lettre de l'IDDH de (janvier 2005), pp. 6-7.

BOUET-DEVRIERE(Sabine).- "La protection des droits de la femme: vers une efficacité accrue du droit positif international dans Revue trimestrielle des droits de l'homme n° 43 (juillet 2000,) pp. 453-477

CHABAUD(Corinne).- " Droits de l'homme: les femmes et les enfants d'abord, dans Croissance n° 362 (Août 1993), pp. 16-17

KAMARA(Moctar).- "La protection des droits fondamentaux dans le cadre de la charte africaine des droits de l'homme et des peuples et au protocole additionnel de juin 1998 dans Revue Trimestrielle des droits de l'homme n° 63( juillet 2005), pp. 709-727

LAMBERT(Pierre).- "La protection des droits intangibles dans les situations de conflits armés dans Revue trimestrielle des droits de l'homme n° 42 (avril 2000)

NGUEMA(Isaac).- "La naissance de la Cour africaine des droits de l'homme et des peuples, dans Développement et corporation n°1 (Janvier 1999)

REHN (Elisabeth) et SIRLEAF(Hélène Johnson).- "Les femmes, la guerre et la paix: une évaluation indépendante" pp. 14-34

SOLY(Bald).- " Côte d'Ivoire: situation institutionnelle" CEAN Université Montesquieu Bordeaux IV

 

         

___________________________________

1) Art. 12 des 1ère et 2è conventions de Genève, 16 de la 3è convention, 27 de la IVè convention; art. 75 du protocole 1 et art. 4 du protocole 2. Ces articles prévoient un traitement sans aucune distinction de caractère défavorable, en particulier pour les raisons de sexe. En outre, les personnes protégées seront toutes traitées par la partie du conflit, au pouvoir de laquelle elles se trouvent, avec les mêmes égards, sans aucune distinction défavorable, notamment de race, de religion.

2) Premier droit de l'homme, ce droit est consacré par les art. 3  des conventions de Génève, aux art. 75 et 12 des protocoles 1 et 2. Les protocoles interdisent d'utiliser contre les civils la famine en tant que méthode de guerre.

3) Les belligérants doivent traiter les personnes avec humanité. Art. 3 commun aux 4 conventions et protocole 2. La convention contre la torture du 10 décembre 1984 condamne: "tout acte par lequel une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, sont intentionnellement infligées à une personne aux fins notamment d'obtenir d'elle ou d'une tierce personne des renseignements ou des aveux, de la punir d'un acte qu'elle ou une tierce personne a commis ou est soupçonné d'avoir commis, de l'intimider ou de faire pression sur elle (...) ou pour tout autre motif fondé sur une forme de discrimination quelle qu'elle soit (...)." Le recours à la torture constitue un crime de guerre selon le statut  de Rome, de la Cour Pénale Internationale, du 17 juillet 1998.

4) Art. 4 de la Déclaration Universelle des droits de l'homme; art. 8 du Pacte de l'ONU.

5) Art. 99, 66,67 des Conventions III et IV de Genève et Art. 75, 6 des Protocoles additionnels 1 et 2.

6) Art. 27 al. 2 de la Convention IV de Genève; art 75 et 76 du Protocole 1.

7) Art. 38 de la Convention 4.

8) Art. 97 al. 4 de la Convention 4.

9) Art. 3. Toutes les personnes ont droit à une égale protection. Le principe de non discrimination est énoncé à l'Art. 2.

10) Art. 4.

11) Art. 5 et Résolution 3452 de la XXXè Assemblée Générale des Nations Unies.

12) Art. 3

13) Art. 10

14) Art. 2

15) Art. 20

16) Mémoire cité, p. 35

17) Ibidem, p. 36

lundi 14 avril 2008

LES TROIS PORTES DE LA SAGESSE

          Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la Vie , il l'envoya auprès d'un Vieux Sage. "Eclaire-moi sur le Sentier de la Vie ", demanda le Prince.  "Mes paroles s'évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable, répondit le Sage. Cependant je veux bien te donner quelques indications. Sur ta route, tu trouveras 3 portes. Lis les préceptes indiqués sur chacune d'entre elles. Un besoin irrésistible te poussera à les suivre. Ne cherche pas à t'en détourner, car tu serais condamné à revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t'en dire plus. Tu dois éprouver tout cela dans ton coeur et dans ta chair. Va, maintenant. Suis cette route, droit devant toi."

          Le Vieux Sage disparut et le Prince s'engagea sur le Chemin de la Vie. Il se trouva bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire "CHANGE LE MONDE". "C'était bien là mon intention, pensa le Prince, car si certaines choses me plaisent dans ce monde, d'autres ne me conviennent pas." Et il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l'ivresse du conquérant, mais pas l'apaisement du coeur. Il réussit à changer certaines choses mais beaucoup d'autres lui résistèrent. Bien des années passèrent.

            Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande : "Qu'as-tu appris sur le chemin ?" "J'ai appris, répondit le Prince, à discerner ce qui est en mon pouvoir et ce qui m'échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n'en dépend pas". "C'est bien, dit le Vieil Homme. Utilise tes forces pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton emprise." Et il disparut.

            Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire "CHANGE LES AUTRES". "C'était bien là mon intention, pensa-t-il. Les autres sont source de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur, d'amertume et de frustration." Et il s'insurgea contre tout ce qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son deuxième combat. Bien des années passèrent.

            Un jour, alors qu'il méditait sur l'utilité de ses tentatives de changer les autres, il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : "Qu'as-tu appris sur le chemin ?" "J'ai appris, répondit le Prince, que les autres ne sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes satisfactions et de mes déboires. Ils n'en sont que le révélateur ou l'occasion. C'est en moi que prennent racine toutes ces choses." "Tu as raison, dit le Sage. Par ce qu'ils réveillent en toi, les autres te révèlent à toi-même. Soit reconnaissant envers ceux qui font vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie t'enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore parcourir." Et le Vieil Homme disparut.

          Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots "CHANGE-TOI TOI-MEME". "Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c'est bien ce qui me reste à faire," se dit-il. Et il entama son 3ème combat. Il chercha à infléchir son caractère, à combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son idéal. Après bien des années de ce combat où il connut quelque succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le Sage qui lui demanda :  Qu'as-tu appris sur le chemin ?"   "J'ai appris, répondit le Prince, qu'il y a en nous des choses qu'on peut améliorer, d'autres qui nous résistent et qu'on n'arrive pas à briser." "C'est bien," dit le Sage.   "Oui, poursuivit le Prince, mais je commence à être las de ma battre contre tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand trouverai-je le repos ? J'ai envie de cesser le combat, de renoncer, de tout abandonner, de lâcher prise." "C'est justement ton prochain apprentissage, dit le Vieux Sage. Mais avant d'aller plus loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru." Et il disparut.

            Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la 3ème porte et s'aperçut qu'elle portait sur sa face arrière une inscription qui disait "ACCEPTE-TOI OI-MEME." Le Prince s'étonna de ne point avoir vu cette inscription lorsqu'il avait franchi la porte la première fois, dans l'autre sens. "Quand on combat on devient aveugle, se dit-il." Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui, tout ce qu'il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors à les reconnaître, à les accepter, à les aimer.

          Il apprit à s'aimer lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer.Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda : "Qu'as-tu appris sur le chemin ?"   "J'ai appris, répondit le Prince, que détester ou refuser une partie de moi, c'est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même. J'ai appris à m'accepter moi-même, totalement, inconditionnellement."   "C'est bien, dit le Vieil Homme, c'est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la 3ème porte."

            A peine arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut "ACCEPTE LES AUTRES". Tout autour de lui il reconnut les personnes qu'il avait côtoyées dans sa vie ; celles qu'il avait aimées comme celles qu'il avait détestées. Celles qu'il avait soutenues et celles qu'il avait combattues. Mais à sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l'avait tellement gêné et contre quoi il s'était battu.

            Il rencontra à nouveau le Vieux Sage. "Qu'as-tu appris sur le chemin ?" demanda ce dernier. J'ai appris, répondit le Prince, qu'en étant en accord avec moi-même, je n'avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à craindre d'eux. J'ai appris à accepter et à aimer les autres totalement, inconditionnellement." "C'est bien," dit le Vieux Sage. C'est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte.  Arrivé de l'autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut "ACCEPTE LE MONDE".

            Curieux, se dit-il, que je n'aie pas vu cette inscription la première fois. Il regarda autour de lui et reconnut ce monde qu'il avait cherché à conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l'éclat et la beauté de toute chose. Par leur perfection. C'était pourtant le même monde qu'autrefois. Etait-ce le monde qui avait changé ou son regard ? Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda.   "Qu'as-tu appris sur le chemin ?"   "J'ai appris, dit le Prince, que le monde est le miroir de mon âme. Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n'est ni triste ni gai. Il est là ; il existe ; c'est tout. Ce n'était pas le monde qui me troublait, mais l'idée que je m'en faisais. J'ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement."

              C'est la 3ème Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde." Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l'habita. "Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence".

            Et le Vieil Homme disparut. pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le monde lui semble triste. Le monde, lui, n'est ni triste ni gai. Il est là ; il existe ; c'est tout. Ce n'était pas le monde qui me troublait, mais l'idée que je m'en faisais. J'ai appris à accepter sans le juger, totalement, inconditionnellement."   C'est la 3ème Sagesse, dit le Vieil Homme. Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde." Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l'habita. "Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil, dit le Vieux Sage, celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du Silence".

             Et le Vieil Homme disparut.

L'HOMME DANS LE ZARATHOUSTRA DE NIETZSCHE1

            Dans ce Mémoire de Maîtrise en Philosophie( travail effectué sous la direction du Dr AKE Patrice Jean, Maître-assistant en Philosophie), Mr. SANOGO Assane pense que la question de l'homme est un thème majeur dans Ainsi Parlait Zarathoustra, puisque l'auteur emploie 413 fois le mot homme dans cet ouvrage de 308 pages dans la traduction de Marthe Robert et une dizaine de fois il écrit le bout de phrase "l'homme est quelque chose qui doit être surmonté". Pour notre impétrant, l'humanisme nietzschéen peut être considéré comme un anthropocentrisme réfléchi, qui, partant de la connaissance de l'homme, a pour objet la mise en valeur de l'homme, exclusion faite de tout ce qui l'aliène de lui-même, soit en l'assujetissant à des puissances supra-humaines, soit en le défigurant, en le dévaluant par quelque utilisation infra-humaine.

          Selon Mr SANOGO, pour Nietzsche, l'homme doit être fondamentalement et véritablement libre, ce qui doit être la condition nécessaire à son épanouissement. C'est donc l'injonction faite à l'homme de redescendre du ciel sur la terre, comme au centre, d'où procède toute vérité morale, et de rechercher ses certitudes pratiques dans la connaissance de soi. La réflexion sur lui-même lui découvre sa véritable nature et l'invite à l'accomplir. mais pour que lui doit possible le plein accomplissement de son humanité, il faut que d'abord, il parvienne à se libérer de toute oppression politique, spirituelle ou religieuse. Ce que Nietzsche refuse et interdit, c'est la violence faite aux corps ou aux esprits, le fait que l'homme s'assujetisse à des institutions, en abdiquant l'indépendance de sa raison et l'autonomie de sa volonté.

          Pour notre impétrant, la mission propre de l'humanisme nitezschéen, ainsi conçu est de recenser et de rassembler les valeurs morales, par lesquelles peut être tenue, maintenue et promue, une civilisation vraiment humaine. Par ailleurs, la philosophie nietzschéenne n'est pas monologique, mais se veut plutôt dialogique et pluraliste d'où le terme de "perspectivisme" qu'il exalte vivement.

LA CRITIQUE NIETZSCHENNE DE L'HOMME

          Pour Mr SANOGO, Nietzsche s'est inspiré de Darwin et de sa théorie de l'évolutionnisme pour expliquer sa critique de l'homme. C'est ce qui explique ce détour par Darwin dans son travail. La partie des trois métamorphes de l'esprit n'est pas bien articulé avec le reste du texte.

LES CINQ PREUVES THOMISTES DE L'EXISTENCE DE DIEU POUR UNE RELECTURE DES CINQ VOIES DE SAINT THOMAS D'AQUIN

INTRODUCTION

          Le premier problème, en ce qui concerne la philosophie médiévale est de savoir quand elle commence. Pour Jeauneau Edouard, "les limites que l'hsitoire générale assigne au Moyen Age (395/476 - 1453/1492 ne sont pas celles que retiennent d'ordinaire les historiens de la philosophie médiévale"(1). S'appuyant sur Etienne Gilson, notre auteur pense que "les origines du mouvement philosophique médiéval sont liées à l'effort de Charlemagne pour améliorer l'état intellectuel et moral des peuples qu'il gouvernait."(2). Ainsi, pour notre auteur, l'histoire de la philosophie médiévale commence au IXè siècle pour s'achever à l'aube du XVè siècle et elle se limite au monde occidental, chrétien et latin.

          Quant à Maurice de Wulf, il soulève un autre problème qui est le suivant: le terme de Moyen-âge veut dire "âge moyen ou intermédiaire entre l'antiquité et l'humanisme du XVè siècle...(c')estune dénomination de pauvreté, à laquelle s'attache un sens péjoratif"(3). On déprécie également cette philosophie en disant qu'elle est "une philosophie enseignée en mauvais latin, abusant du syllogisme, perdue dans des subtilités ou des niaiseries...une philosophie asservie à Aristote, mais sans le comprendre." (4) Or cette philosophie est très importante, car du point de vue de la philosophie, "des systèmes nmbreux et puissants surgissent du IXè au XVè siècles" et "la philosophie médiévale sort de la philosophie grecque, comme elle prépare la philosophie moderne."(5). Pour notre auteur comme pour nous aussi, celui qui va nous intéresser particulièrement est celui de St Thomas d'Aquin.

          Enfin nous signalerons l'introduction à la philosophie médiévale de Kurt Flash. Cet auteur s'attache à montrer le rôle que "la philosophie a joué dans une situation historique donnée."(6) Il s'agit d'une nouvelle façon de faire de la philosophie dans un contexte polémique, à l'état de dispute et de contradiction. Cette approche nous aidera à risquer une contradiction avec la philosophie thomiste.

PREMIER CHAPITRE: LA VIE ET L'OEUVRE DE ST THOMAS D'AQUIN

   ST THOMAS D'AQUIN (1225-1274)  

          Philosophe et théologien le plus célèbre du XIIè siècle, St Thomas est né vers 1225 à Roccasecca, près de Naples. Confié vers 1230-1231 à l'abbaye du Mont-Cassin, il y est formé aux arts libéraux jusque vers 1239 sans doute. Il est alors envoyé étudier à l'Université de Naples où l'ouverture aux nouvelles oeuvres d'Aristote est encouragée par Frédéric II. Il y découvre l'Ordre des Prêcheurs et, en 1243-1244, décide d'y entrer, en dépit de la résistance de sa famille qu'animent des ambitions tout autres. En 1245 son ordre l'envoie à l'Université de Paris. Promoteur principal pour l'adoption des nouvelles philosophies grecques et arabes, Albert le Grand y est son maître, qu'il accompagne en 1248 pour Cologne. De retour à Paris (1252), St Thomas y enseigne la Bible (1252-1254), les Sentences de Pierres Lombard(1254-1256), puis est maître régent de l'école des Prêcheurs (1256-1259). Il passe alors en Italie pour enseigner dans plusieurs villes, et reprend en 1268 sa chaire à Paris. En 1272, il retourne à Naples pour y enseigner la théologie et sur le chemin du Concile de Lyon, il décède le 7 Mars 1274.

          Exprimée de diverses façons et de multiples ouvrages (commentaires, Traités, Questions disputées), la philosophie de St Thomas est celle d'un théologien spécialement sensible aux exigences de la raison. Elle n'est guère explicable sans celle d'Alabert le Grand et ses efforts puissants pour l'intégration des nouvelles philosophies. Cependant, sans formuler de critique à l'endroit de son maître, St Thomas s'en distingue souvent et toujours en faveur d'une épistémologie et d'une noétique plus décantées et encore plus critiques. Ce dernier partage sans réserve l'estime pour le réalisme aristotélicien qui toutefois ne suffit nullement à caractériser sa philosophie. D'autres oeuvres, en effet, l'alimentent: St Augustin, Denys le pseudo-Aéropagite (l'important Commentaire d'Albert sur les Noms divins, méconnu durant sept siècles, a été rédigé à Cologne par St Thomas), le Livre des Causes, et Avicenne(déjà fort prisé d'Albert).

          La réduction simpliste de la pensée de St Albert à l'aristotélisme est un phénomène d'académisme, polémique au début et par suite naïvement apologétique, elle relève de cet académisme "thomiste qui tout au moins - dans le domaine théologique appelle d'autres considérations - comporte, entraînés par l'usage d'apocryphes tels que l'ockhamiste Summa totius logicae, et par les options discutables des interprêtes, des guachissements voire des mutilations que la méthode historique rend maintenant manifestes.

Quelques oeuvres de St Thomas:

Le Commentaire des Sentences

          Ecrit entre les années 1252 et 1256, cet ouvrage donne trois types d'arguments:

          Un argument per causalitatem, qui consiste à faire remarquer que, si nous avons été faits, cela ne peut être que par une cause extrinsèque. cet argument est très nettement d'origine théologique puisqu'il présuppose la notion de création ex nihilo.

          Un argument per remotionem manifeste que l'imparfait ne peut être sans le parfait. Mais l'établissement de ce principe est pour ainsi dire inexistant.

          Un argument per eminentiam annonce la quatrième voie de la Somme théologique: le bien et le meilleur se disent toujours par comparaison à un optimum; il faut donc un souverain Bien d'où procède la bonté.

          St Thomas assume les trois voies comme trois types de voies. St Thomas assume le raisonnement suivant: Dieu est ce dont on ne peut rien penser de plus grand. Mais ce dont on ne peut pas penser pas penser qu'il n'existe pas est plus grand que ce dont on peut penser qu'il n'existe pas. Donc on ne peut pas penser que Dieu n'existe pas. St Thomas précise bien qu'il s'agit ici d'un raisonnement qui part d'une supposition. Ce point sera jusqu'à la fin de sa vie une des marques de détermination de l'argument.

De l'Etre et de l'Essence,

          Il s'agit d'une d'un ouvrage de jeunesse. Au chapitre IV, St Thomas fait une approche complexe dans laquelle on notera d'abord une remarquable maîtrise des notions métaphysiques d'être et d'essence ou d'acte et de puissance. L'Aquinate commence par affirmer que tout être est nécessairement distinct de l'essence à moins "qu'il n'existe une réalité dont la quiddité soit son propre être. Or la forme ne peut causer l'esse comme une cause efficiente, car une réalité ne peut être cause d'elle-même; ce qui revient à "toute réalité qui n'est pas esse seulement a une cause de son esse." Cet esse ne peut donc être causé que par un autre. Et comme on ne peut aller à l'infini, "il est donc manifeste que l'intelligence est forme et esse et qu'elle tient l'esse de l'Ens premier qui est esse seulement; et telle est la Cause première qui est Dieu".

          Plus loin, l'Aquinate ajoute encore: "Il faut donc que la quiddité elle-même ou forme qui est l'intelligence soit en puissance à l'égard de l'esse qu'elle reçoit de Dieu, et cet esse est reçu par mode d'acte." Ce passage surprend par sa conclusion. On pensait que Thomas d'Aquin avait pour but la démonstartion de l'existence de Dieu: or, il ne s'arrête pas à cela, il va jusqu'à son vrai but, la composition d'acte et de puissance dans l'intelligence.

Questions disputées sur la vérité,

          Datée entre 1256 et 1259, la question disputée De Veritate fournit un premier essai d'argument par la cause finale. St Thomas affirme que toute cause finale implique une intelligence.  Or les animaux ont une cause finale mais pas d'intelligence. Il faut donc une intelligence extrinsèque.

          Le De Veritate donne surtout un mélange d'arguments issus de la théologie ou de la philosophie sans vraiment d'essai de distinction.

Le De Trinitate

          Dans cet ouvrage l'auteur reprend la question de Dieu avec un regard critique. Il s'agit d'une réflexion critique sur la possibilité d'une connaissance de l'existence divine. A l'article 3 de la première question, on assiste à une première remise en cause de l'évidentialisme et donc de l'argument ontologique. Le premier connu n'est pas Dieu mais le singulier. Cette oeuvre est une oeuvre de maturité malgré son inachèvement, car la plupart des outils sont en place. Notons enfin que la pensée évidentialiste est une dernière fois analysée avec faveur. St Thomas écrit: "Par le moyen de principes qui sont innés en nous, nous pouvons facilement percevoir que Dieu existe."(8). Le facilement indique encore une certaine admission de l'évidentialisme de l'existence de Dieu. Mais cela s'accompagne d'un bon environnement critique.

Somme contre les gentils

          La Summa contra gentiles que l'on peut dater en 1259 et 1264, a été écrite à Paris pour le début, et à Rome pour la suite, si l'on en croit les changements de parchemin et d'encre. Ici, St Thomas semble insister plus nettement sur la cognoscibilité de Dieu. Au livre premier, au chapitre dixième puis au chapitre onzième, cinq réponses aux objections manifestent un net dépassement des arguments anselmiens. Le chapitre treizième fait en revanche une très grande place à Aristote. Peut-on parler dune rédecouverte pour l'Aquinate? En outre, nous ne trouvons plus une argumentation courte et soucieuse d'évidence: les quatre longs arguments qui sont donnés reflètent un renouvellement de la recherche.

          Les quatre premiers arguments s'inspirent directement d'Aristote. Après nous avoir situés dans un type de démonstration a posteriori, le premier argument fait appel au principe de causalité physique "tout ce qui est mû est mû par un autre".(Il s'agit d'un argument aristotélicien). La deuxième voie montre que tout moteur n'est pas mû. Cela est vrai "par accident ou par essence", ce que l'Aquinate établit par l'absurde. La démonstration aboutit à un moteur non mû. La troisième voie utilise l'ordre des causes efficientes, et Aristote est de nouveau abondamment utilisé. S'il n'y a pas de cause première dans une série, il n'y a plus de cause dans les intermédiaires; plus rien ne peut donc être causé. La quatrième voie utilise le maxime verum. La cinquième voie réfère à St Jean Damascène à partir de l'ordre du monde. Nous sommes dans le Contra gentiles dans la préparation immédiate de la Summa. ici plusieurs voies sont établies par plusieurs arguments. Chaque voie est un type de raisonnements où des prémisses spécifiques conduisent au même résultat, au même objet.

          D'autres arguments intéressants sont en outre utilisés, mais ils n'ont pas pour but d'établir directement l'existence de Dieu. On y montre la nécessité et l'éternité de Dieu, la parfaite pureté de son être en acte, sa nature intelligente

La question disputée "De potentia Dei"

          Cet écrit date de 1265 ou encore de 1266-1267. Il a été écrit à Rome. Cet manuscrit est le prédécesseur immédiat de la première partie de la Summa. Il semble que St Thomas y continue sa recherche d'arguments divers et variés. Il essaie de les puiser entre autres chez Platon et chez Avicenne, tout en maintenant un argument curieusement attribué à Aristote. Ces trois recherches figurent à l'article 5 de la question 3.

          En ce qui concerne le premier argument, il part du fait que notre être est participé puisque nous avons des déterminations en commun avec d'autres êtres; il faut donc un êre-source transcendant les êtres participés. Cet argument est attribué à Platon qui, notons-le, n'en a jamais fait une démonstration de l'exisence de Dieu. Le deuxième argument va référer à Aristote dans son deuxième livre des Métaphysiques, où l'on constate que ce type de démarche n'est pas non plus une démonstration de l'existence divine. Cet argument est en outre fortement imprégné de néoplatonisme: il préfigure la quarta via de la Summa. Il ne s'agit pas en fait d'une démonstration, et l'on aboutit seulement par confiance dans les conclusions d'Aristote. Cela aura de l'importance pour éclairer la quarta via de la summa.

          Un troisième argument enfin réfère à Avicenne tout en manifestant la structure aristotélicienne du résultat, par l'intermédiare de l'acte pur.

          Le De Potentia représente un essai de recherche sur des philosophies traditionnelles mais assez isolées sur ce type de sujet. St Thomas prépare une synthèse, et semble faire une topique historique.

Somme théologique

          Etant donné la place que nous allons donner à l'étude des cinq voies de St Thomas, nous donnerons ici que quelques remarques sur la place et l'intention de la Summa theologiae.

          La datation de la Summa theologiae quant à la prima pars(qui seule nous intéressera) ne pose pas un réel problème de fond: "il semble assuré que, durant le temps où il resta à Rome (jusqu'en septembre 1268), Thomas rédigea la prima pars en entier et qu'elle fut en circulation en Italie avant même son retour à Paris."(8). La question qui nous intéresse surtout (début de l'ouvrage) date aussi de cette période: 1266-1268.

          La Summa theologiae selon son auteur est d'abord un traité pratique à l'usage du débutant (l'incipiens). Il y a synergie entre le souci méthodologique de la Summa et une certaine maturité systématique en ce qui concerne les voies d'accès à Dieu: on ne peut donc s'attendre à une sorte de "sommet" de réflexion. La structure de la Summa a été longtemps discutée. Les trois parties sont trois modes d'un même ordo ad Deum en raison des trois présences de Dieu: présence créatrice, présence de grâce et présence personnelle par l'Incarnation.(9). La Summa est étymologiquement la science De Dieu et elle doit commencer par regarder si Dieu existe et qui il est, le plus fondamentalement et le plus complètement. cette exigence fondamentale explique le point de départ plus physikos qu'on a maladroitement appelé le De Deo uno et que St Thomas semble désigner plutôt en employant des expressions comme Ea quae ad essentiam Dei pertinent(et pour la deuxième partie Ea quae ad operationem Dei pertinent). L'exigence ultime correspondra au regard issu de la Révélation et c'est ce qu'on a appelé le De Deo trino.

          Notre prima pars est au point de départ d'un traité didactique de théologie, qui va analser en premier lieu l'exigence et la présence causale de Dieu. Les articles des deux premières questions présentent toute l'intention de la Summa. Avant de traiter de manière spécifique la question 2, remarquons dans la question 1, cette distinction très fondamentale entre la théologie qui est une part de la philosophie et qui concerne le connaissable par la lumière naturelle de la raison et la théologie dite doctrina sacra qui concerne le connaissable par la lumière divine révélée.(10). La première que certains ont appelée théologie naturelle est indentifiable à la métaphysique, elle est la science de la raison naturelle, à comprendre ici comme la science qui n'utilise que la lumière de la raison naturelle. Or, comme la grâce ne détruit pas la nature, mais la perfectionne, la raison en sa lumière naturelle peut se mettre au service de la foi. Et même comme la foi présuppose la connaissance naturelle, la recherche de l'existence de Dieu constitue un préambule aux articles de la foi. Elle ne fait donc pas partie comme telle des articles de la foi.

          L'ensemble du traité des questions 2 à 26 de la prima pars fait donc appel à un effort de la raison en sa lumière naturelle au service de la théologie et de la foi, spécialement dans son rôle d'introduction et de conduction à l'objet de la théologie. Il est nécessaire que la raison naturelle serve ainsi la foi.

          Est-il possible d'établir l'existence de Dieu? Telle est la question qui semble motiver les premiers articles de la question 2: effort très spécifique à la théologie fondamentale de critique préthéologique. D'abord St Thomas s'ataque très clarement à l'évidentialisme. L'ad 2 de l'article 1 semble viser l'argument de St Anselme. Il s'agit d'une critique très précise de l'argument de la saise du Nom de Dieu. L'objection consiste à montrer que dès que l'intelligence a saisi le nom de Dieu, Dieu est dans l'intelligence, il s'ensuit qu'il est aussi dans la réalité. Il est donc immédiatement connu que Dieu existe. la réponse contient une pertinente analyse des deux failles de l'argument oontologique dans le sens le plus large.

          Si le singulier, par le sensible, est seul ce qui est connu en premier, et si Dieu est immatériel, il n'est donc pas évident, immédiatement, qu'il existe. Mais maintenant comment démontrer qu'il existe? A l'article 2 de la même question, l'Aquinate reprend une autre distinction très importante entre deux types de demonstratio: la demonstratio quia (la démonstration a posteriori) va de l'effet pour remonter à la cause; ma demonstratio propter quid, (démonstratio a priori) (ou déduction) va de la cause pour aller à l'effet. Or, pour Stéphane-Marie Barbellion, " Dieu n'est pas évident pour nous: il ne peut donc pas être préent comme prémisse, en tant que cause, dans un raisonnement. Il reste donc que l'on peut démontrer son existence, ce ne pourra se faire que par une démonstration a posteriori"(11).

          Notre auteur fait deux remarques à cette réflexion. D'abord il affirme qu'on "peut admirer la rigueur du langage qui s'adresse sans choquer à l'incroyant: c'est bien une démonstration que l'incroyant attend du croyant."(12) C'est en effet une démonstration que l'incroyant attend du croyant. Mais ajoute-t-l aussitôt, que "l'incroyant de culture scientifique sait aussi que l'existence de Dieu n'est pas une conclusion syllogistique, mathématique ou déductive; sinon tous les scientifiques modernes seraient théistes"!(13)

          Il appert donc que sil existe une démonstration de l'existence de Dieu, elle ne peut être de type syllogistique ou  déductive, mais d'un autre genre. Or dans la théologie médiévale, les mots prouver et démontrer sont équivalents. Prouver est synonyme de démonstration a priori, de déduction ou de syllogisme. Aujourd'hui, il vaudrait mieux parler d'une démarche a posteriori de l'intelligence, ou des voies d'accès, plutôt que d'une démonstration ou d'une preuve.

          Le mal ou la liberté sont-ils un obstacle moral aux cinq voies? Les cinq voies de la Somme Théologique sont présentées comme un juste milieu entre l'évidentialisme et l'abdicationisme(fidéisme, scepticime ou athéisme). L'évidentialisme a été attaqué dès l'article 1 de la question 2. L'abdicationisme semble visé dans les réponses aux objections 3, face aux grandes - et très actuelles - objections de la liberté, du mal et de l'explication scientifique du monde. La nature a ses principes, la liberté humaine a la raison pour pôle d'autonomie, et si Dieu existait, il n'y aurait pas de mal (q.2, a.3, ad. 1 et 2). Barbellion trouve là une synthèse tripartite remarquable des arguments qu'emploieront les athées quelques siècles plus tard. De fait, poursuit-il, " la réponses à ces objections pourrait bien être donnée avant d'établir l'existence même de Dieu à un simple niveau de critique".(14)

A suivre...

          

Dr AKE Patrice pakejean@hotmail.com

 

 

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1) JEAUNEAU(Edouard).- La philosophie médiévale (Paris, PUF, 1963), p. 3

2) JEAUNEAU(Edouard).- La philosophie médiévale (Paris, PUF, 1963), p. 4

3) WULFF(de, Maurice).- Histoire de la philosophie médiévale. Tome 1er. Des origines jusqu'à la fin du XIIè siècle (Paris, 1934), p. 9

4) WULFF(de, Maurice).- Histoire de la philosophie médiévale. Tome 1er. Des origines jusqu'à la fin du XIIè siècle (Paris, 1934), p. 10

5) WULFF(de, Maurice).- Histoire de la philosophie médiévale. Tome 1er. Des origines jusqu'à la fin du XIIè siècle (Paris, 1934), p. 12

6) FLASCH (Kurt).- Introduction à la philosophie médiévale (Suisse, Fribourg 1992), p. VI

7) St Thomas d'AQUIN.- In de Trin., q. 1, a. 3, ad 6

8) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de saint Thomas d'Aquin (Paris, Cerf, 1999), p. 217

9) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de saint Thomas d'Aquin (Paris, Cerf, 1999), p. 218

10) ST, Ia, q. 1, a. 1, ad. 2

11) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de saint Thomas d'Aquin (Paris, Cerf, 1999), p. 223

12) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de saint Thomas d'Aquin (Paris, Cerf, 1999), p. 223

13) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de saint Thomas d'Aquin (Paris, Cerf, 1999), p. 223

14) BARBELLION(Stéphane-Marie).- Les preuves de l'existence de Dieu. Pour une relecture des cinq voies de saint Thomas d'Aquin (Paris, Cerf, 1999), p. 225

samedi 12 avril 2008

La protection du transporteur de marchandises par route dans l'espace OHADA

          Ce mémoire de Maîtrise en droit des affaires de Monsieur BALIMA Romuald (rombal1@yahoo.fr) a porté sur le thème "La protection du transporteur de marchandises par route dans l'espace OHADA(1)". Ce mémoire a été dirigé par Maître COULIBALY Climanlo Jérôme, Maître de Conférences, le Président de Jury était le Prof. Roch David GNAHOUI, Maître de Conférences et l'examinatuer Le Dr Serge Roland BONI, Maître-assistant. Cette protection a été envisagée sur deux grands axes: le premier est celui de l'insolvabilité du débiteur du prix du transport et le second est celui de la responsabilité du transporteur. Pour éviter que le transporteur ne soit confronté à une situation dans laquelle le débiteur du prix du transport devienne insolvable, le législateur africain prévient l'insolvabilité en proposant l'utilisation des garanties: celles connues du droit commun et celle liées à la spécificité même du contrat de transport de marchandises. Pour ce qui est de la responsabilité du transporteur, le législateur tente de le moduler en édictant des mesures dont les unes ont pour effet de limiter et les autres d'effacer la responsabilité du transporteur.

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1)OHADA est un acronyme qui signifie "Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires". Elle a été créée par un Traité signé à Port Louis, le 17 octobre 1993. C'est une organisation d'intégration régionale qui regroupe ajourd'hui 17 Etats francophones de l'Afrique de l'Ouest et du Centre et qui a pour but de créer un cadre juridique propice au développement des affaires en élaborant et en adoptant des règles communes simples, modernes et adaptées à la situation des économies des Etats membres et de promouvoir l'arbitrage comme mode de règlement des différends contracuels, d'améliorer le climat d'investissement, de soutenir l'intégration économique africaine, de favoriser l'institution d'une communauté économique africaine, en vue d'accomplir de nouveaux progrès sur la voie de l'unité africaine. La notion d'espace OHADA représente, sur le plan spatial, l'ensemble des territoires des Etats membres, mais aussi, sur le plan matériel, l'ensemble des règles émises par l'organisation OHADA. De ce fait, la protection du transporteur de marchandises routier est ici étudiée au egard seuleent du droit OHADA.

jeudi 10 avril 2008

LES ACTIVITES CARITATIVES DE L'EGLISE CATHOLIQUE DURANT LE CONFLIT ARME IVOIRIEN A LA LUMIERE DU DROIT INTERNATIONAL HUMANITAIRE

          Ce projet de thèse de Doctorat en Culture de la Paix et Action Humanitaire, spécialité (Droit International et Action Humanitaire) est l'oeuvre du Père TOGNAN Siméon, Maître en Sciences Juridiques et a été conduit par le Prof. LEZOU Dago Gérard, Professeur Titualire de la Chaire Unesco pour la culture de la Paix. Le titre est le suivant : Les Activités caritatives de l'Eglise Catholique durant le conflit armé ivoirien à la lumière du droit international humanitaire.

          Son auteur a rassemblé une abondante bibliographie:

A. OUVRAGES GENERAUX

ARON(R.).- La lutte des classes, (Paris, Gallimard, "idées", 1972).

ATALI(J.).- Histoire du temps, (Paris, Fayard, 1982).

BADIE(B.).- Un monde sans souveraineté (Paris, Fayard, 1999)

BAILEY(F.G.).- Les règles du jeu politique (Paris, Fayard 1999)

BAYADA(B.) et al..- Conflit, mettre hors jeu la violence, (Lyon, Chronique sociale, 2000)

BERTRAND(M.).- La fin de l'ordre militaire, (Paris, Presse de Sciences Politiques, 1996)

BOUTHOUL(G.).- Traité de polémologie (Paris, Seuil, 1952)

BOURQUE(R.) et al.. -Sociologie de la négociation (Paris, La découverte 2002)

CHABERT(Y.) et PHILIBERT (R.).- Vivre le pardon (Paris, Les Editions de l'Atelier/Editions ouvrières, 1995)

CREVECOEUR(J.).- Relation et jeu de pouvoir (Paris, Edition Jouvence, 2000)

DANON(P.).- La prééminence constitutionnelle du Président de la République en Côte d'Ivoire (Paris, l'Harmattan 2004)

DUCROT(O.).- Dire et ne pas dire, Principes de sémantique linguistique, (Paris, Hermann, 1972)

DUSSEY(R.).- Pour une paix durable en Afrique: plaidoyer pour une conscience africaines des conflits armés, (Abidjan, Bognini 2002)

FISHER(S.) et al. .- Comment réussir une négociation (Paris, Nouveaux Horizons, Seuil, 1982)

FREUND(J.).- Sociologie du conflit, (Paris, PUF, 1983)

GUERIN(V.).- A quoi sert l'autorité? (Paris, Chronique sociale, 2001)

GUITTON(J.).- La pensée et la guerre, (Paris, Desclée de Brouwer), 1964)

INSTITUT LUMKO.- Pour vivre la réconciliation, Delmenville, Lumko, 2001)

LELLOUCHE(P.).- Le nouveau monde: de l'ordre de Yalta au désordre des nations, (Paris, Grasset, 1992)

MALBERG(R.C.de).- Contribution à la théorie générale de l'Etat, (Paris, Sirey 1920)

N'GUYEN(Q.D.) et al. .- Droit international public (Paris, LGDJ 2002)

POUJOL (J.) et C..- Les conflits: origines, évolutions, dépassements (Paris, Editions Empreinte, 1989)

RECYCLER(L.) et PFAFFENHOLZ.- Construire la paix sur le terrain, (Brussels, Grip et Edition Complexe, 2000)

REYNAUD(J.D.).- Les règles du jeu, (Paris, Armand Colin, 1993)

RYFMAN(P.).- La question humanitaire, histoire, problématique, acteurs et enjeux de l'aide humanitaire internationale, (Paris, Ellipses, 1999)

TOFFLER(A.) et HEIDI.- Guerre et contre-guerre (Paris, Fayard 1994)

TOURAINE(A.).- Sociologie de l'action, (Paris, Seuil, 1965)

URY (W).- Comment négocier la paix, (Paris, Nouveaux Horizons/Seuil 2001).

URY(W.).- Comment négocier avec les gens difficiles: de l'affrontement à la coopération, (Paris, Nouveaux Horizons/Seuil 1982)

WEBER(M.).- IL lavoro intellectuale come professione (Torinno, Einaudi, 1966)

B. OUVRAGES SPECIFIQUES

BOUQUET(C.).- Géopolitique de la Côte d'Ivoire (Paris, Armand Colin, 2005)

DJEREKE(J.C.).- L'engagement politique du clergé catholique en Afrique noire(Paris, Karthala, 2001)

GAZOA(G.).- Les conflits en Afrique noire: Quelles solutions? Le Cas Ivoirien: approches spirituelles et anthropologiques, (Abidjan, Fraternité Matin Edition 2006)

LOUKOU(J.N.).- Histoire de la Côte d'Ivoire. La formation des peuples, (Abidjan, CEDA 1984)

N'SAME(M.).- Choc des civilisations ou recomposition des peuples? Réflexion sur les différences, les différends et le développement des communautés, (Chennevièvres-sur-Marne, Edition Dianoïa, 2004)

KÄ (M.).- Christ d'Afrique, Enjeux éthiques de la foi chrétienne en Jésus-Christ, (Paris, Karthala, 1994)

RAULIN (H.).- Problèmes fonciers dans les régions de Gagnoa et de Daloa, (Paris, Orstom, 1957)

SCHWARTZ(A.).- Le conflit foncier entre Krou et Burkinabé à la lumière de l'institution kroumen, (Abidjan, Orstom, 2000)

THUAL(F.).- Les conflits identitaires (Paris, Iris-Ellipses, 1995)

VERGES(J.).- Crimes contre l'humanité: Massacres en Côte d'Ivoire (Paris, Phanos, 2006)

SIMON (H.).- Eglise et Politique (Paris, Québec, Centurion/Editions Paulines, 1990)

ZORGBIBE(C.).- Le droit d'ingérence, (Paris, PUF 1994), Que Sais-je? N° 2916

C. PERIODIQUES, REVUES et ARTICLES DE PRESSE

BAMBA (K.) et YAOVI(F.).- "A la recherche de la paix en Côte d'Ivoire: des signes fragiles de déblocage politique" in Débats, Courrier de l'Afrique de l'Ouest, n° 24, Avril 2005, pp. 9-20

BASSIR (A.).- "O.N.U. les défenseurs de la souveraineté contre les partisans de l'ingérence humanitaire" in Le Monde du 22 Septembre 1999, p. 3

BETTATI(M.).- "Un droit d'ingérence?", in Revue générale du Droit International Public, 1991, pp. 639-670.

BLONDEL(J.L.).- "Signification du mot 'humanitaire' au vu des principes fondamentaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge" in Revue Internationale de la Croix-Rouge n° 780, 11/1989

BOKOUAMANGA(H.).- "La non ingérence dans les Affaires intérieurs des Etats" in Afrique d'espérance n° 1, Octobre-Janvier 2002.

CHEMILLIER-GENDREAU(M.).- "Ingérence, Charité et Droit International" in Le Monde Diplomatique, vol. 4, 1993, pp. 506-533.

CHEMILLIER-GENDREAU(M.).- "L'autorisation de recourir à la force à des fins humanitaires: droit d'ingérence ou retour aux sources?" in Journal européen du droit international, vol. 4, 1993, pp. 506-533

DE SCHUTTER(R.).- "L'ingérence et conditionalité démocratique: l'état de la question" in Gresea avril 1993, p. 28

DJIDJE(M. A.).- "Cardinal Agré Bernard: la Côte d'Ivoire est victime d'un complot international" in Fraternité Matin n° 11492, 28 Février 2003, p. 4

GORE BI H. et KONE S..- "Le Ministre d'Etat Bohoun Bouabré s'est prononcé sur les grandes questions du développement de la Côte d'Ivoire"  in Fraternité Matin n° 12931, des 18 et 19 décembre 2007, pp. 2-4

KOUCHNER(B.).- "Souveraineté et assistance humanitaire" in La nouvelle revue des deux mondes, mars 1990, pp. 10-18

MAYOLA (M.L.).- "Tradition, spiritualité et développement" in Recherche philosophique 'Actes de la XIIIè Semaine Philosophique de Kinshasa du 5-11 avril 1992, Kinshasa, 22, (1993), p.75

MOUSSAVOU-MOUSSAVOU (J.B).- "Du devoir d'ingérence humanitaire au droit d'ingérence humanitaire" in Afrique 2000, Bruxelles, n° 15, avril-mai-juin 1993, pp. 9-14

MVENG(E.).- "Essai d'anthropologie négro-africaine: la personne humaine" in Savanes-Forêts ICAO (Actes du colloque international d'Abidjan du 16-20 septembre 1980), Abidjan 1982, pp. 257-269.

PEILLET(A.).- "Droit d'ingérence ou devooir d'assistance humanitaire? La documentation française" in Problèmes politiques et sociaux: Dossiers d'actualité mondiale n° 758/759, Paris, la documentation française, 1-12 décembre 1995.

PEPE(M.).- "Belli Bello dénonce le droit d'ingérence" in Fraternité Matin N° 12441, du 26Avril 2006, p. 12

POULIGNY(B.).- "Construire la paix après les massacres", in Revue du Tiers Monde, Volume 154, numéro, 174, p. 417-438

SANDOZ(Y.).- "Droit d'ingérence, droit à l'assistance: de quoi parle-t-on?" in Revue internationale de la Croix-Rouge, n° 795, p. 225-237

SOEDE(N.Y.).- "Nature et gestion des crises africaines: de la tradition aux pratiques actuelles" in Rucao 2003, n°18, pp. 47-65.

TAMBEDOU(V. M.).- "Droit international humanitaire, droit d'ingérence humanitaire et souveraineté des Etats" in Afrique 2000 Revue africaine de politique internationale n° 27/28 avril-octobre 1997, pp. 71-88.

D. OUVRAGES THEORIQUES ET METHODOLOGIQUES

BEAUFF(S.W.).- Guide de l'enquête de terrain, (Paris, La découverte, 1998)

BEAUFFRE(A.).- La stratégie de l'action, (Paris, Edition de l'Aube, 1977)

BLANCHET(A.) et GOTMAN(A.).- L'enquête et les méthodes: l'entretien, (Paris, Nathan 1992)

BOUDON(R.), CHAZEL(F.), LAZARSFELD).- L'analyse des processus sociaux? (Paris, La Haye/Mouton 1970°

BOURDIEU(P.) et al. .- Le métier de sociologue, (Paris, Mouton 1971)

COMOE(K.B.).- Comment faire un mémoire? (Abidjan Cahier n°2, 1985)

CROZIER et FRIEDBERG.- L'acteur et son système, (Paris, Seuil 1977)

DURKHEIM(E.).- Les règles de la méthodologie sociologique (Paris, PUF 1981), 21 è édition

MAISONNEUVE(E. de la).- Invitation à la réflexion stratégique, (Paris, Economia 1998)

GODET(M.).- Manuel de prospective stratégique (Paris, Dunod 1977), tome 1et 2

NDA(P.).- Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats (Abidjan, EDUCI, 2006), 3è édition

QUIVRY(R.) et CAMPENHOUDT(L.).- Manuel de recherche en Sciences Sociales, (Paris, Dunod, 1995), 2è édition

ROUVERAIN (J.-C).- Mémoire et thèses, l'art et les méthodes (Paris, Maisonneuve et la Rose, 1989)

TOURAINE(A.).- La production de la société, (Paris, Seuil 1993)

          Pour le Père Tognan, il s'agit de qualifier l'ensemble des activités de l'Eglise Catholique, pendant le conflit armé ivoirien de Septembre 2002 à 2006, à la lumière du Droit Humanitaire. C'est un sujet très audacieux en ce qui concerne l'objet d'étude. Pour l'impétrant toute activité caritative inspirant la bonté, rien que la bonté est rarement remise en question. L'Eglise a l'art de s'en tenir à sa neutralité. Mais en quoi consiste l'activité caritative de l'Eglise? Comment qualifier cela au regard du droit humanitaire? C'est à cela que le présent travail nous invite.

          Le Professeur LEZOU DAGO Gérard, Professeur Titulaire de la Chaire UNESCO qui a encadré le candidat, a souligné que l'impétrant a maîtrisé la méthode de recherche et le plan est équilibré. Il s'est enthousiasmé pour la qualité matériel du travail: un mémoire d'une belle facture. pour lui il s'agit d'un savant dosage réussi entre les méthodes des sciences sociales et les sciences juridiques. Le texte est divisé en sections, chapitres et paragraphes. le champ d'enquête est défini clairement. Le Prof. LEZOU a relevé quelques imperfections: par exemple sur les noms des peuples quand ils sont utilisés comme adjectifs. Il a fait remarqué aussi que les hypothèses de recherche sont très longues, alors qu'elles doivent être courtes.

          L'Examinateur principal, le Dr AKE Patrice Jean, Maître-Assistant de Philosophie a insisté sur la charité qui pour lui semble l'objet d'étude: comment cerner cet objet aussi confus s'est-il interrogé car sur le plan de la sémantique et de l'étymologie, ce mot est ambigu. En effet, pour exprimer l'idée d'aimer, les Hébreux n'avaient que le verbe heb et le substantif dérivé ahabah. Ce mot signifiait amour sacré, amour profane, amour chaste et amour impur, la tendresse familiale et la simple amitié. Pur la Bible aimer veut signifier à la fois amour de Dieu pour l'homme ou encore l'amour de l'homme pour Dieu. Quant aux Grecs, le mot amour se dit en quatre termes: agapein: préférence de choix ou d'estime qui dépend de la volonté plutôt que du coeur,

                                                          philein: sentiment qu'inspirent les liens de parenté ou les relations amicales

                                                          eros: déshonoré par une association d'idées impures

                                                          stergein: affection des parents pour leurs enfants.

          Charité vient de carus qui signifie cher, au sens propre et au sens figuré; De caritas, nous avons cherté, par dérivation populaire et charité, par dérivation savante. Nous disons au sens propre cherté des vivres, comme en latin caritas annonae; mais c'est le sens figuré qui nous occupe. Caritas n'est pas tout à fait synonyme de amor. " Quand nous parlons des dieux, dit Cicéron, ou des parents, de la patrie des hommes éminents, nous employons le mot caritas; s'il s'agit des époux, des enfants, des frères et de nos familiers, c'et amor qui convient le mieux" (Partitiones orat. 88). La distinction n'était pas rigoureuse mais en général, sauf chez les auteurs comiques, caritas  avait un sens plus noble et n'aurait pas désigné un amour sensuel. La confusion en français est pire que le latin. Le mot charité, ayant pris un sens restreint ne peut traduire le plus souvent ni caritas ni delectio et doit être remplacé par le mot amour. Pour exprimer soit notre amour pour Dieu, soit l'amour de Dieu pour nous. Nous dirions moins facilement aujourd'hui la charité de Dieu. Quant à la dilection de Dieu, elle est abandonnée par les orateurs sacrés depuis le dix-septième siècle, et elle ne serait tolerée aujourd'hui que chez les mystiques.

          N'est-ce pas cette confusion dans le mot qui a engendré ce malaise de la notion de l'humanitaire, quand on parle d'ingérence lorsqu'il s'agit d'aimer et de faire de la charité? Et puis de quel homme parle-t-on? Peut-on parler de droits de l'homme sans l'humain? Si l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu est absent de tout, de quel humanitaire parle-t-on? Le coeur qui s'émeut d'Ingrid BETANCOURT emprisonnée par les FARC et organise des marches de soutien pour sa libération doit-il ignorer tous les autres prisonniers de la Guérila colombienne? La vie des enfants du Tchad, des mineurs de Tanzanie ou du jeune malien qui s'est jeté dans la Marne pour échapper à un contrôle de police, n'a-t-elle aucun pris pour les militants des droits de l'homme, ou qui peuvent risquer leurs vies pour des moines Tibétains et non pour du sang africain? Quelle est cette charité qui fait deux poids, deux mesures? Pour l'examinateur, au nom de la charité, au nom de Dieu, il faut sauver la vie: parler d'ingérence est un non sens quand la vie est menacée.

          Pour Dr DIASSE Orphée, Docteur en Droit, le candidat n'a pas assez creusé les fondements juridiques des activités caritatives. Elle a demandé à l'impétrant si le droit humanitaire ne prévoit pas des règles. Est-ce sur la base du droit humanitaire? ou du droit canonique? De quel droit humanitaire s'agit-il? S'agit -il du droit des conflits armés internationaux? Pour l'examinateur, nrmalement c'est l'Etat qui doit porter secours à la population. Le fait que l'Eglise le fasse n'est-ce pas une sorte d'ingérence? D'autres questions ont suivi comme celles-ce: existe-t-il une presse neutre? Dans quel rubrique classer le conflit ivoirien? Conflit atypique? Conflit artificiel? Conflit qui a des mutations multiples?

          Quand au Président de Jury, le Prof. ASSALE AKA BWASSI, Maître de Conférences en Philosophie il a montré le rapport du droit à la théorie de la connaissance. Pour lui , la science implique une phénoménologie de l'évidence. Tout dépend de la causalité. Ainsi le doit utilise la causalité déductive. Il faut, selon lui distinguer les sciences normatives et les sciences nomologiques. Les lois sont un rapport nécessaire entre les choses. Si l'on prend en compte tout cela, une loi injuste est-elle recevable?

           Après délibération, le jury a l'unanimité a donné la Mention Très Bien à l'impétrant pour le travail accompli.